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SEULE LA TERRE EST ÉTERNELLE

de François Busnel et Adrien Soland ***(*)

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Jim Harrison (11 décembre 1937 - 26 mars 2016) fut écrivain. François Busnel lui consacre ce documentaire que j'ai trouvé magnifique et passionnant.

François Busnel est journaliste, critique littéraire et présentateur de l'émission La Grande Librairie. En 2011 il écrit et produit 7 documentaires Les carnets de route de François Busnel au cours desquels il rencontre de grands écrivains américains qui témoignent de leur carrière mais aussi de la vision qu'ils ont de leur pays. Jim Harrison fut un des personnages de ces films et je trouve très intéressant d'avoir pu voir sur grand écran ce que l'écrivain avait dans la tête : de grands espaces, la nature, des indiens et des bisons.

Je suis contente de ne pas avoir encore lu Jim Harrison parce que j'ai tant à découvrir. Je suis actuellement en train de lire Dalva à propos duquel son ami Jack Nicholson aurait dit : "il t'est poussé des nichons quand tu as écrit ça" tant l'écrivain parvient à se mettre à la place d'une narratrice. C'est très beau.

Jim Harrison se livre totalement lors de cet entretien où l'on entend que sa voix. On entendra juste le réalisateur une fois rire mais jamais il n'apparaîtra à l'écran. Voir et entendre Jim Harrison est une expérience insolite. Borgne, le visage parcheminé comme un vieil indien, boiteux, partiellement édenté, les mains tremblantes, la voix lézardée comme au bord de la rupture, le souffle court, le discours parfois interrompu par une quinte de toux, la cigarette précédente allumant la suivante, il semble avoir 100 ans. Il n'en a pourtant que 78 ans et ne pourra terminer le film puisqu'il meurt quinze jours avant la reprise du tournage.

seule la terre est eternelle de françois busnel et adrien soland,jim harrisson,cinéma

Au volant de son énorme 4X4 Jim Harrison nous fait traverser les Etats qu'il affectionne particulièrement, le Michigan, le Montana, l'Arizona et il se raconte. Il a parfois vécu dans une cabane puis dans une ferme avec ses 4 frères et soeurs, sa mère peu affectueuse d'origine suédoise et son père. La mort prématurée de ce dernier ainsi qu'une de ses soeurs dans un accident de voiture fut un événement traumatisant. Tout comme ce jour où alors qu'il était enfant, une petite fille s'est énervée contre lui et lui a crevé un oeil. Il assure que c'est de ce jour que lui est venu son désir d'abandonner la civilisation. Il n'a pas compris ce déchaînement de violence à son encontre.

Plus tard il fuira la tristesse du monde pour se rapprocher de la nature qui ne lui a jamais fait aucun mal. C'est très beau ce qu'il dit, touchant souvent, drôle parfois, intelligent et profond  toujours.

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J'ai adoré ce road movie commenté par le principal protagoniste et traverser ce pays magnifique. On se demande en parcourant les régions que l'on découvre, où est la pollution, la surpopulation, la frénésie, la misère ? Jim Harrison n'est pas dupe, et si on n'a plus qu'à se taire devant un arbre où un paysage grandiose à l'horizon lointain, il n'élude pas le massacre des indiens, la bêtise des hommes qui colonisent, s'approprient ce qui ne leur appartient pas.

Et puis il n'avait pas peur de la mort. Il savait qu'il ne ferait plus de vieux os, ça ne le terrorisait pas car ça arrive à tout le monde. On le sent un peu au bout du chemin dans le film. Contrairement à ceux qui disent que le documentaire aurait pu ou dû être plus court, j'ai trouvé moi qu'il n'avait pas une minute de trop. J'aurais bien poursuivi le voyage à travers ces paysages et ces décors de westerns en écoutant ce vieux sage un peu désolé de la tristesse du monde.

La musique est un régal, entre standards de country et musique originale composée par notre Mathias Malzieux qui s'est parfaitement adapté aux grands espaces.

Je laisse la place à François Busnel qui dit : "il a influencé toute une génération d’écologistes (à commencer par Edward Abbey) mais aussi de féministes. Il a connu la gloire et la détresse, les cimes et la dépression. Il a exploré l’histoire du génocide des Indiens d’Amérique comme peu d’autres avant lui, a célébré le monde sauvage et la gourmandise tout en écrivant des histoires d’une extrême délicatesse sur les blessures intimes… Mais si Jim Harrison est un immense écrivain, il est aussi un être humain intense, démesuré."

Seule la terre est éternelle | 2022

Commentaires

  • J'espérais bien aller le voir mais il est passé en un éclair chez moi ... (et moi je suis lente) François Busnel est à son meilleur quand il va voir les auteurs américains.

  • Ah vraiment dommage.

  • Fan de Big Jim, totalement.
    Certains de ses romans passent dans ma catégorie chef d'œuvre où des étoiles s'alignent, entre INDISPENSABLE et VERTIGINEUX.
    Je l'avais vu aussi un peu dans les carnets de routes, adoré aussi cette série sur les écrivains américains que Busnel sait si bien faire parler.
    Il était touchant, je trouve, ce vieux monsieur de la littérature, ce bon-vivant du vin et des grands espaces.

    J'imagine que tu as lu légendes d'automne mais...
    As-tu lu Un Bon Jour pour Mourir ?
    As-tu lu Nord-Michigan ?
    As-tu lu Retour en Terre ?
    As-tu lu

    Tiens, ça fait longtemps que je n'ai pas sorti un Jim de ma bibliothèque, il m'en reste encore à lire...

  • Fais pas semblant de pas savoir :-) j'ai RIEN lu.
    Je suis avec Dalva.
    Je n'ai pas trouvé les Jim au ranch.
    J'ai oublié de parler de la musique : du caviar.

  • Haa... rien trouvé... Ca veut dire que ça fait plus de 5 ans que je n'en ai pas lu. Je vais remédier à cela cette année, j'ai le livre qu'il me faut, du Jim et de la grande bouffe.

    Dalva, pas encore lu, il fait pourtant partie de mes étagères...
    (Heu pourquoi j'aurai du savoir que tu n'avais RIEN lu, y'a un truc qui m'a échappé ?!)

    et désolé, temporairement, je boycotte le caviar :-)) (mais pas encore la vodka...)

  • Tu aurais dû le savoir parce que j'en parle au 3ème paragraphe et je l'ai dit au ranch mais tu ne lis que des livres, pas les commentaires :-))))
    Ah oui, j'ai pas fait gaffe pour le caviar mais il faudrait boycotter la vodka... y'a moyen de faire sans.
    ça veut dire que ton blog n'a que 5 ans ? Un bébé.

  • au temps pour moi... j'ai lu trop rapidement, quand j'ai vu "Je suis contente de ne pas avoir encore lu Jim Harrison", j'ai assimilé au fait que tu n'avais pas lu ce qui avait été dit sur ce film documentaire....
    parce qu'il me semblait impensable que tu n'ais pas encore lu Jim...

    En fait 6 ans pour celui-là... Avant j'en avait un autre, les prequel au bison, l'origine du ranch, http://leranchsansnom.free.fr/,... puis encore un autre...

    Et pour la vodka, ces derniers temps, je suis sur de la suédoise ou de la polonaise, alors j'ai la conscience tranquille :)

  • Ya pas d'embrouille :-) et oui j'ai des grosses lacunes mais je me soigne.
    J'irai faire un tour au ranch.
    Tant que tu n'es pas sur de la russe, caracho.
    Moi je reste au rouge sans mélange.

  • Le ranch n'a plus beaucoup d'intérêt
    vu qu'il est mort et enterré.
    Par contre, j'ai regardé,
    j'y ai parlé d'un ou deux Jim.

    Au moins, tu as vu légendes d'automne, c'était déjà un premier pas vers Jim... J'attends ton rapport sur Dalva...

  • J'ai revu Légendes d'automne récemment... hum comment dire ? Quel film patapouf !
    Je lis comme une tortue mais tu peux y aller, c'est magnifique.

  • Ton billet exprime mot pour mot ce que j’ai ressenti
    J’ai adoré
    Une merveille ce Jim Un poète quand il parle de la rivière des oiseaux
    Et il est tellement touché par le massacre des indiens
    C’est un être que l’on aurait voulu avoir comme ami
    Il aime manger chaque jour différent
    Tout est touchant chez lui
    Absolument tout
    Il m’a conquise et oui j’ai envie de lire ces livres

  • Et bien c'est une bonne chose, je n'ai rien à ajouter :-)
    Un grand bonhomme très touchant et tellement proche de la nature.

  • C'est un superbe documentaire. J'ai toutefois regretté que les paysages ne soient pas plus présents. Mais le réalisateur a visiblement tenu à montrer le physique concassé de l'écrivain sous toutes les coutures.

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