de Michaela Pavlatova ***(*)

Herra jeune étudiante tchèque à Prague trouve les garçons de son pays moches et bêtes. Lorsque Nazir entre dans l'amphi, elle tombe immédiatement amoureuse. Le coup de foudre est réciproque. Comme sa mère ne s'intéresse guère à elle, elle suit Nazir en Afghanistan son pays d'origine et l'épouse. Elle épouse également sans la moindre difficulté toute la famille avec qui le couple vit, ainsi que les coutumes du pays. Les différences culturelles sont colossales mais Herra s'adapte. Malgré tous leurs efforts (ils remettent mille fois l'ouvrage sur le métier...) Herra et Nazir ne parviennent pas à avoir d'enfant. On leur propose alors de s'occuper de Maad un petit orphelin malmené par la vie.

Petit à petit Herra va devoir lutter contre les lois et coutumes qui tendent à priver les femmes, surtout les femmes, toujours les femmes de liberté. La réalisatrice n'oppose pas les bons et les méchants, même si l'hypocrisie des hommes est souvent pointée du doigt. Le personnage de Nazir, amoureux, tolérant doit également se battre pour garder la face devant sa famille très traditionnaliste. Elle nous offre aussi le personnage du grand-père particulièrement ouvert et progressiste qui lie des liens profonds avec Herra.

Mais nous sommes en 2001, les Twin Towers s'effondrent puis Ben Laden est éliminé, les ombres des talibans envahissent les rues et les marchés de Kaboul. Malgré le désespoir parfois, l'injustice toujours, l'intrusion des imams dans la vie familiale et la décision incroyable de séparer une mère de ses enfants, le film ose des plages d'humour, un adultère et multiplie les rebondissements.

Les couleurs pastel sont douces, les personnages très attachants et l'histoire instructive. Ce n'est pas un beau film d'animation, c'est simplement un grand film.

HIT THE ROAD de Panah Panahi ***

Avec Hassan Madjooni, Pantea Panahiha, Rayan Sarlak 

A quelques 2 000 kms de Kaboul rendons-nous à Téhéran où une famille fait route pour une destination que nous découvrirons tardivement ainsi que les raisons (pas claires) du déplacement. La mère est à l'avant, le père à l'arrière immobilisé par une jambe dans le plâtre, le fils aîné conduit et reste muet la plupart du temps, le plus petit est turbulent, chante, danse, gigote continuellement et l'état de santé du chien inquiète tout le monde.

J'ai lu une fois qu'enfermer les personnages dans une voiture était pratiquement ce qu'il y a de plus difficile à filmer. Panah Panahi (fils de) ne s'embarrasse pas de cette contrainte et pour son premier film reste une partie du temps à l'intérieur de l'habitacle. Les haltes régulières se font dans des paysages à couper le souffle où le jeune réalisateur fait montre d'un sens inné du cadre où l'essentiel de "l'action" ne se déroule pas forcément au premier plan.

Au crédit du film, je mettrais la réalisation, la beauté exceptionnelle des sites choisis, un sens évident du suspense et une belle direction d'acteurs. Le père et la mère sont particulièrement excellents. La mère est d'une grande beauté et capable de passer du rire aux larmes, de chanter en pleurant, de rire et pleurer en même temps, c'est incroyable.

Au passif, je note que les dialogues sont parfois étranges. Les personnages s'insultent quelquefois et on se demande si la traduction correspond bien à ce qu'ils échangent. Et le petit garçon, tête à claques INSUPPORTABLE (voir affiche) qu'on a bien envie de calmer, de faire taire. D'ailleurs à un moment la mère l'attache à un arbre...