Orlando Duc d'Oxford promet à sa femme mourante lors de la guerre des Boers qu'il protègera leur fils Conrad des horreurs de toute guerre à venir.

Nous sommes en 1903 et à l'approche de 1914 la promesse est de plus en plus difficile à tenir, d'autant que l'enfant est devenu un jeune homme obsédé par l'idée de "servir son pays", concept obscur qui parfois anime les garçons à qui on ne demandait rien. Orlando et quelques fidèles vont créer l'agence d'espionnage britannique Kingsman dans une pièce secrète d'un tailleur de Londres. Ils adopteront les pseudos des Chevaliers de la Table Ronde bien que la leur soit rectangulaire, et c'est la classe. Mais avant d'en arriver là, les péripéties seront nombreuses.

Cette première mission, et non des moindres (tenter d'éviter la première guerre mondiale) est donc un préquel aux deux précédents épisodes, King's Man : Services secrets et King's Man : Le cercle d'or qui étaient déjà fort réjouissants. Celui-ci l'est encore davantage il me semble.

On peut d'abord croire que le réalisateur se livre à une uchronie, se servant de la grande histoire et de personnages ayant réellement existé pour en écrire une petite. Même s'il revisite l'Histoire à sa façon, on assiste bien à la confrontation et à la mésentente entre les consanguins George V roi d'Angleterre, Guillaume II Empereur allemand et Roi de Prusse et Nicolas II Tsar de toutes les Russies (tous trois incroyablement interprétés par Tom Hollander). On croise également Raspoutine (génialement incarné par Rhys Ifans), Lénine, Hitler, Mata Hari... Les historiens puristes crieront peut-être au scandale, moi j'ai trouvé ça vraiment très réjouissant et interprété avec beaucoup d'énergie et tout le second degré british nécessaire.

Imaginez donc que tous ces méchants qui veulent organiser la grande cata mondiale se réunissent dans un hangar en haut d'une falaise entourés de chèvres aux cornes bizarres et commandés par un super vilain psychopathe qui reste dans l'ombre et n'apparaîtra dans la lumière qu'à la fin. Soit on crie au secours et on se sauve à toutes jambes, soit on saute de joie et on applaudit. J'ai choisi la seconde option et malgré deux ou trois séquences émotion (la mort d'un personnage, les tranchées de 1917) j'ai beaucoup apprécié et trouvé l'ensemble délirant. Il faut noter néanmoins que c'est parfois très violent mais il y a quelques scènes d'anthologie vraiment jouissives qui mériteraient à elles seules de visionner le film. La lutte sans merci et très chorégraphiée entre Orlando et Raspoutine et la scène où Orlando rate son atterrissage en haut de la falaise et utilise la technique des chèvres pour s'en sortir. C'est d'une drôlerie et ça donne un sacré vertige !

Ralph Fiennes, très en forme est entouré de sa gouvernante Poly, sorte de sniper Mary Poppins (Gemma Arterton épatante) et son fidèle Shola (Djimon Hounsou, mieux qu'en forme et dans un rôle formidable).

Un film drôle, rythmé, sans temps mort, franchement ce serait dommage de bouder une telle occasion de se détendre.