LICORICE PIZZA - BLU-RAY
de Paul Thomas Anderson ***
Avec Alana Haim, Cooper Hoffman, Bradley Cooper, Sean Penn
C'est avec grand plaisir que j'ai pu revoir ce film grâce à Cinétrafic et Universal Pictures France.
Je suis d'autant plus ravie que je suis beaucoup plus enthousiaste que lorsque je l'avais vu lors de sa sortie en salle où le film m'avait un peu déconcertée.
Il est disponible en Blu-Ray, DVD depuis le 1er juin ainsi qu'en VOD et Achat digital. Voici le site Internet de l'Editeur, ses pages Facebook et Twitter.
Gary garçon de 15 ans qui en paraît 20 et Alana fille de 25 qui en paraît 17 se rencontrent. Il est en seconde, elle est l'assistante du photographe le jour de la fameuse photo de classe.
Cela se passe en 1973 dans la banlieue de Los Angeles. Gary n'a pas froid aux yeux, il aborde Alana et lui assure qu'elle est la femme de sa vie et qu'il l'épousera. Elle commence par repousser vertement le garçon qu'elle considère comme un bébé mais amusée puis intriguée par son aplomb accepte de le revoir. Gary se vante de son expérience en tant qu'acteur et Alana accepte de lui servir de chaperon pour l'accompagner à New York pour participer à une émission de télévision.
Voilà, cela paraît foutraque et désordonné et ça l'est et le restera tout au long des deux heures quinze. Fan des films de Paul Thomas Anderson précipitez-vous sur celui-ci. On peut sortir groggy d'avoir énormément d'informations à ingurgiter comme lors d'un Once upon a time in San Fernando survitaminé, mais nul doute que ce film peu ordinaire marque l'esprit.
Dans le rôle principal de Gary, PTA a choisi Cooper Hoffman, un parfait inconnu dont c'est le premier film et qui est une révélation enthousiasmante. En creusant un peu, on découvre que le garçon n'est autre que le fils du très regretté Philip Seymour Hoffman ex acteur fétiche du réalisateur. Si le jeune homme a la lourde charge de succéder à un père acteur exceptionnel, je pense que ce dernier serait bien fier de son rejeton tant il illumine ce film de son enthousiasme, son sourire et sa présence charismatique. Et pourtant ce n'était pas gagné. Grassouillet, roux, peau plus qu'imparfaite, affublé d'une coupe de cheveux (gras) et du look seventies pas très valorisant Gary/Cooper (lol) a aussi eu comme sa partenaire la consigne d'apparaître à l'écran sans le moindre maquillage. De ma vie je crois que je n'ai vu autant de boutons sur des visages dans un film (mais on les voit beaucoup moins à la télé). Ce choix du naturel n'enlève rien au charme XXL du garçon et à son jeu incroyable pour un premier rôle écrasant qu'il partage avec Alana Haim chanteuse californienne dont c'est également la première apparition au cinéma et dont la prestation fait couler beaucoup d'encre.
A noter que toute la famille de la jeune femme joue ici son propre rôle (ses parents et ses soeurs). On aperçoit également le père de Leonardo DiCaprio et des personnages qui existent vraiment comme Jon Peters (petit ami de Barbra Streisand de l'époque (attention à la prononciation)) interprété par Bradley Cooper en surchauffe. Il nous gratifie d'une partition hilarante, délirante qui aurait pu être coupée au montage tant elle n'apporte rien à l'histoire mais ce film est ainsi fait, de tas de "choses" qui ne servent à rien pour l'intrigue mais sont réjouissantes. Comme le moment Sean Penn, agréable, un peu drôle mais moins que celui de Bradley mais parfaitement inutile. Sauf à faire courir le couple de tourtereaux. A noter également une scène ahurissante où Alana conduit un camion en panne d'essence, donc moteur éteint, en marche arrière et dans des rues en descente. Accrochez-vous au fauteuil, c'est très TRES stressant !
Alana et Gary courent énormément dans ce film. L'un vers l'autre et dans des directions opposées aussi parfois pour finir par se retrouver car tel est leur destin on n'en doute pas. Mais tout ce tintouin parfois fatigant et pas toujours limpide surprend et finalement est parfaitement jubilatoire.
Au passif du film je citerai les tentatives entreprenariales (vente de waterbeds puis de flippers) de Gary (à 15 ans rappelons-le). Elles ne sont guère intéressantes et alourdissent l'histoire sans qu'on sache jamais sur quelle durée elle nous est contée. Alana a de son côté deux liaisons décevantes et participe à la campagne pour l'élection d'un candidat sénateur qui ne peut affirmer son homosexualité, avant de retrouver Gary.
Alors, teen-movie, rom-com, aperçu ou nostalgie du milieu hollywoodien et de la société américaine des années 70 ? On ne sait pas quel sens réellement donner à ce chaos désorganisé mais peu importe. Et voir les deux tourtereaux courir à toute berzingue l'un vers l'autre, se percuter, tomber littéralement dans les bras l'un de l'autre : c'est vraiment beau. Tout comme leurs nombreux échanges de regards énamourés, comme étonnés à chaque fois d'avoir devant soi l'élu(e) de son coeur.
A noter, seventies obligent, une bande originale à tomber de bonheur jusqu'au générique inclus.