PETITE FLEUR / JURASSIC WORLD : LE MONDE D'APRÈS / MEN
PETITE FLEUR de Santiago Mitre ***
Avec Melvil Poupaud, Daniel Hendler, Vimala Pons, Sergi Lopez
Petite Fleur est le titre du tube de Sidney Bechet à la clarinette (vous l'avez ?). Jean-Claude peut écouter en boucle ce morceau indépassable (selon lui) ainsi que les presque deux mille autres vinyles de jazz en sa possession. Jean-Claude, en plus d'être un mélomane averti, aime le vin mais il s'ennuie. Heureusement, son voisin José va venir briser cette solitude et ensemble ils vont apprendre et expérimenter les joies de la routine comme nouvelle recette du bonheur. José vient juste de s'installer avec sa femme Lucie et leur nouveau-né (dit-on nouvelle née ?) dans une ville terne du Massif Central. C'est pour son travail qu'il a effectué cette migration, travail qu'il perd presque instantanément. C'est donc au tour de Lucie de travailler pendant que José s'occupe avec beaucoup de réussite du bébé. Il rend visite chaque jeudi à Jean-Claude avec qui il devient ami et pourtant chaque jeudi, il l'assassine.
Vous l'avez compris, tout cela n'a rien de sérieux et c'est justement ce qui est follement réjouissant. Ajoutons au côté déjanté de l'affaire l'inversion des rôles. A l'homme la charge (mentale) du foyer et du pouponnage, à la femme le stress des responsabilités sociales. Et puis José est argentin (en vrai, l'acteur Daniel Hendler est urugayen mais c'est moins commode à prononcer) et n'a jusque là pas fait le moindre effort pour apprendre le français. Il a eu tort car son accent est délicieusement sexy. La première dispute des deux tourtereaux qui se traitent de nazis est un régal. Pour tenter de remédier à leurs problèmes conjugaux, ils vont faire appel à un gourou adepte de la thérapie de groupe et aux méthodes radicales pour venir en aide aux participants.
Je me suis beaucoup amusée devant cette farce burlesque et invraisemblable. Il faut dire que le trio d'acteurs est savoureux. On connaît la folie douce de Vimala Pons. Autour d'elle, deux jolis garçons. Daniel Hendler qui semble indolent, un peu absent, très doux jusqu'à ce qu'il laisse exploser sa folie meurtrière. Quant à Melvil Poupaud, en dandy parfaitement indifférent au sort funeste qui lui est réservé chaque jeudi, il est parfait.
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JURASSIC WORLD: LE MONDE D'APRÈS de Colin Trevorrow **(*)
Avec : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Laura Dern, Sam Neil, Jeff Goldblum, Isabella Sermon
Souvenez-vous, c'était il y a quatre ans, le parc d'attractions dédié aux dinosaures avait été détruit et les dinosaures se retrouvaient éparpillés dans la nature. Oui, parmi les humains ! Quatre années plus tard, les humains tentent de cohabiter avec les bestioles qui sont toujours aussi féroces, belliqueuses et ont de plus en plus de dents.
Je ne vais pas cracher dans la soupe : j'ai passé un bon moment même si avec mes ciseaux j'aurais amputé l'affaire d'au moins une demi-heure, sans anesthésie. Trop de bruit et de fureur. Trop de combats entre reptiles géants et l'apparition d'une nuée de sauterelles tueuses comme nouvelle plaie qui menace la planète. Après réflexion, je me dis qu'enchaîner les épisodes, créer des trilogies qui succèdent aux trilogies... ça commence à être lassant et à tourner en rond. Dommage que le réalisateur abandonne le côté freak de la petite Maisie dont on découvrait à la fin de l'épisode précédent qu'elle était, comme les dinos, génétiquement modifiée, clonée (rayez les mentions inutiles). Elle est ici une ado casse-bonbons qui s'est trouvé de nouveaux parents (Bryce et Chris) qui font le max pour la protéger. Mais vous savez comment sont les ados. Ils en savent plus que nous qui n'avons jamais été ados.
La bonne idée et la réussite est que par contre il parvient (le réal) à faire le lien entre toutes les aventures précédentes et à relier les personnages. Là, chapeau.
L'excellente, la meilleure idée parmi toutes est d'avoir passé un coup de fil à Laura je t'aime d'amour, Sam idem et Jeff pas mieux qui ont répondu présents et viennent donner le coup de boost, de charme et d'humour qui manque cruellement à leurs petits camarades.
Bref, le meilleur de tous c'est le Spielberg suivi par celui-ci. Les autres...bof ! Mais le fait que Maisie ait une quinzaine d'années laisse supposer qu'on va continuer à bouffer du jurassic pendant quelques décennies, si et SEULEMENT SI elle parvient à hisser son capital sympathie au niveau de celui d'Alan Grant, Ellie Sattler et Ian Malcolm... c'est pas gagné.
Les plus sexys ne sont pas les plus jeunes.
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MEN d'Alex Garland **
Avec Jessie Buckley, Rory Kinnear, Rory Kinnear, Rory Kinnear, Rory Kinnear, Rory Kinnear
Pour tenter de se remettre d'un drame personnel traumatisant, Harper décide de s'isoler pendant deux semaines. Elle choisit un air bnb de luxe toute beauté perdu dans la campagne anglaise du Gloucesteshire et plus précisément dans un des villages médiévaux des Cotswolds. A mesure qu'elle s'approche de sa destination, elle semble se détendre et esquisse même un sourire tant les paysages qu'elle traverse sont apaisants et splendides.
De sa rencontre avec le propriétaire aussi souriant qu'inquiétant elle n'aura qu'un commentaire un peu méprisant auprès de sa meilleure amie qui l'appelle régulièrement par visio : c'est un bouseux. De sa première promenade dans la forêt, elle ne peut que revenir inquiète puisqu'elle a rencontré un homme totalement nu qui semble l'observer et même finalement la suivre. Elle est contrainte d'avertir la police locale qui prend note de sa déclaration. Le même jour l'homme est arrêté sans résistance mais relâché dans la foulée.
L'inquiétude d'Harper s'amplifie à juste titre et plus encore la nôtre puisque contrairement à elle, le spectateur découvre que tous les hommes qu'elle rencontre : le curé, le patron et les clients du bar, le propriétaire, un enfant ont tous un seul et même visage à des âges différents.
Et nous voilà face à un film qui veut définitivement condamner la toxicité des hommes. Ils sont tous des prédateurs, la femme une proie, une victime et le réalisateur n'y va pas de main morte. Dès son arrivée dans ce lieu de toutes les angoisses, Harper croque une pomme du jardin qui ne lui appartient. Il n'en faut pas moins, ou plutôt pas plus pour que la misogynie masculine s'abatte sur la jeune femme. A commencer par son défunt mari qui aurait aimé la vouer à une culpabilité éternelle.
Si la première partie est assez subtile et laisse sourdre l'angoisse de façon intelligente, le virage amorcé dans la toute dernière partie devient patapoufesque. Ecrasé de symboles, de métaphores (des trous, des fentes qui font spouintch et slurpsss..) le spectacle vire au gore bien dégueu, au grand-guignol et accouche d'un dernier quart d'heure qu'on peut qualifier de bien ridicule et totalement abscons.
Dommage.
Commentaires
Il y a celle qui va prendre le frais dans une salle obscure pour voir une petite fleur, et il y a la vieille bête à poil qui prend un verre de vin, un bouquin pour lire cette petite fleur.
Le point commun, cet air à la clarinette, et le côté déjanté du roman qui semble réussir à mettre de bonne humeur ses lecteurs/visionneurs/auditeurs.
Ce n'est pas un très grand roman argentin, donc ce n'est probablement un très grand film, mais c'est un bon roman argentin et c'est déjà pas si mal, non ?
Le bon point, c'est que moi, je reste an Argentine, même si je n'ai rien contre le Massif Central, mais la pampa et la Quilmes me font plus rêver...
https://memoiresdebison.blogspot.com/2022/06/sur-un-air-de-sidney-bechet.html
Un pas très grand roman et un pas très grand film mais un bon roman et un bon film quand même, c'est déjà pas mal voire suffisant.
Je ne connais ni le massif central ni la Pampa, aucun des deux ne me font vraiment rêver. Je préfèrerai toujours la mer à la montagne.
Hélas j'ai pas été cueilli par cette petite fleur.. Bien aimé le côté déjanté de ce serial killer qui en fait n'a qu'une seule victime. Mais les séances psy ne m'ont pas emballé. Mais assez bon moment déjanté malgré tout !
Un serial killer avec une seule victime, je dirais que c'est presque salutaire pour les autres :-)
Oui, les séances psy auraient largement pu être coupées au montage. Mais j'ai aimé retrouvé Sergi Lopez.
Mais l'ensemble était bien plaisant et l'interprétation canon.
Le meilleur après le Spielberg... Mais lequel ? Dans mon souvenir il y en a eu deux. J'imagine que tu laisses "le monde perdu" aux oubliettes avec le film de Joe Johnston. Perso, je me suis arrêté à ces trois là, pas très fan de ces grosses bébêtes.
Pas plus emballé d'ailleurs par le Garland ni par cette tuerie sur un air de Bechet. Je me réserve l'article sur Dupieux pour l'après séance.
Sinon, une pensée pour notre Jean-Louis. Je n'aurai sans doute pas le temps de lui offrir un bel hommage et je sais que les tiens plus émouvants.
Oui après le premier. J'ai oublié les autres.
Ah pourtant le Garland pourrait entrer dans ta catégorie chouchou de films gores.
Le serial killer était un bon moment.
Et pour le Dudu, oui, il est important je trouve d'en savoir le moins possible.
J'avais anticipé ton conseil... mais maintenant je sais. Je sais pourquoi ce conduit, madame, monsieur, peut radicalement changer notre vie...
L'abus de conduit nuit gravement à la santé.
Et pour Jean-Louis, pour l'instant je pleurniche dans mon coin.
Petite Fleur = petite perle.
Vive les salles obscures, surtout quand elles sont climatisées !
Oui c'est bien cool.
Dans mon ciné art et essai ils sont champion de la clim.
A l'Ugc, c'est une glacière : très pénible
Comme tu le dis, on ne va pas cracher dans le gaspacho (question température, j'évite la soupe ce week-end) : j'ai passé aussi un bon moment avec Dino sans Shirley. Le point plus, c'est effectivement d'avoir réussi à rassembler l'équipe de Jurassic Parc avec celle de Jurassic World. Après sur le plan du spectacle, je préfère les précédents World... Sur celui-là, j'avais plus l'impression d'être dans un film d'aventure façon Indiana Jones... Mais bon, le thermomètre était monté à 51° dans la voiture (oui, comme le pastaga , ça devait être un signe) alors j'étais bien mieux dans une salle de ciné...
Tiens, puisque tu parles de Dino et Shirley, que deviennent-ils ? dévorés par un T-Rex ?
De façon générale, ne crachons pas, on est pas des sauvages.
Oui question scénar, ça ne vole pas haut mais l'équipe de la 1ère heure m'a mise en joie et les septuagénaires passent bien les ères.
Dino sans Shirley, c'est comme T.Rex sans Marc Bolan...
Ou Roux sans Combaluzier.
Je vous laisse faire des recherches sur le sort de Shirley et Dino les garçons. On s'en passe bien non ?
"Petite Fleur" sympathique mais un peu déçu la folie manque d'audace, un peu trop sage, heureusement il y a les scènes avec Melvil Poupaud ;)
"Jurassic..." très déçu, rien ne va, scénario bidon, copiés-collés issus des opus précédents et des effets spéciaux honteux pour un tel budget, le pire de la saga malgré le plaisir de revoir certains personnages.
"Men" beaucoup aimé au départ, Jessie Buckley émouvante, et surtout décors superbes et climax anxiogène à souhait. Par contre effectivement la fin est un peu too much, surtout trop tiré en longueur dommage...