GOODNIGHT SOLDIER
de Hiner Saalem ***
Avec Dilin Doger, Galyar Nerway, Alend Hazim
Malgré la haine réciproque éprouvée par leurs familles respectives Ziné et Avdal souhaitent se marier. Ils résistent à l'hostilité inexpliquée de leurs parents et parviennent à leurs fins. Mais Avdal, peshmerga (combattant kurde en Irak), a été blessé lors d'un combat et ne peut remplir son... "devoir conjugal".
L'histoire se déroule dans un village du Kurdistan irakien où les peshmergas continuent de se battre contre Daesch pendant que les habitants mènent une vie la plus normale possible et dans une certaine modernité. Les deux familles vivent dans de très belles maisons. Les femmes ne sont pas voilées, ont leur mot à dire même si elles doivent encore lutter contre le machisme ambiant. Ziné doit affronter son père et ses frères qui essaient de lui dicter sa conduite et les femmes donnent encore des conseils hors d'âge à leurs filles ("si ton mari te frappe, serre les dents") mais on sent nettement une volonté et une réalité d'émancipation.
Ziné est donc une résistante qui ne porte pas d'étendard et se bat pour elle seule. Et c'est très beau, très légitime et courageux. Pourquoi renoncerait-elle à son amour parce que la norme a tranché : un couple se marie pour procréer ? Difficile avec un mari impuissant. Pourquoi passerait-elle ses journées à attendre son soldat de mari sans travailler ? L'entretien d'embauche est un régal qui ferait bondir la moins féministe des candidates. Devant les questions de plus en plus intrusives Ziné calmement déclare : "je suis obligée de répondre à ça ?" Ziné est un modèle de calme, de douceur et d'obstination. Et c'est une grande amoureuse, très entreprenante et qui n'hésite pas à manifester un désir volcanique vis-à-vis de son défaillant époux. Le pauvre, très amoureux, doit également lutter, contre les moqueries (un homme sans descendance n'est pas un homme), son désir qu'il ne peut concrétiser et aussi contre le patriarcat car sa rebelle et fougueuse épouse le place dans des situations délicates face aux autres hommes puisqu'il est évident qu'il ne la contrôle pas.
Tout comme dans le formidable Si tu meurs je te tue, le réalisateur choisit l'humour et la fantaisie pour évoquer des problèmes graves. La première partie est plus drôle car la haine des familles, sans raison profonde, donne lieu à des dialogues cocasses. La scène la plus subtilement drôle est celle où un chef de guerre respecté par les deux familles intervient pour tenter de faire revenir un peu de souplesse dans les relations entre les deux familles. Sa méthode pour y parvenir est réellement cocasse et très habile. La seconde partie se fait plus tendue car nos Roméo et Juliette au Kurdistan ont beaucoup de problèmes à résoudre et d'obstacles à franchir.
Pour nous montrer son pays Hiner Saalem a pu tourner au Kurdistan irakien, dans la ville de Duhok, puis à une vingtaine de kilomètres à la campagne. "Et, enfin, dans les ruines d’Alkush, une petite ville chrétienne dans la plaine de Ninive dont Daech avait fait le siège de l’Etat islamique avant d’être libérée par les combattants kurdes".
Dès les premières images écrasées de soleil et illustrées par la très belle musique de Pascal Lafa on est conquis par le pays, par l'ambiance, par les personnages et notamment l'interprétation fougueuse de Dilin Doger. Tout cela combiné ne peut que séduire d'autant que le film véhicule avant tout l'espoir.
Commentaires
Avais envie de le voir mais hélas derrière diffusion ce mardi soir... Je suis passé à côté !
Ah dommage. Nous serons peu à l'avoir vu.
J'attends maintenant avec impatience la réouverture de mes cinémas, tout beaux, tout neufs. Début août j'espère.
Ça approche. Ça a déjà été reculé car il me semble que tu avais parlé de juillet.
Oui, la presse avait dit 19 juillet ! La direction du cinéma, plus prudente, parlait de début août. J'ai hâte, j'ai hâte ... je passe devant régulièrement, on voit que c'est le chantier est tout proche de la fin.
Ah oui ça se précipite vers la fin.
J'espère que la programmation sera intéressante.