de George Miller ***

Avec Tilda Swinton, Idris Elba

Alithea dit à qui veut l'entendre qu'elle est heureuse, que sa vie et sa solitude lui conviennent. Il faut dire qu'elle a un métier singulier qui la passionne : narratologue.

Elle est donc experte en décryptage de contes, mythes et légendes et porte d'ailleurs un prénom d'héroïne de la mythologie. Elle a aussi une imagination débordante et ne craint aucune créature mystérieuse même si elle surgit dans sa salle de bains. Lors d'une conférence à Istanbul elle "voit" des esprits qui commencent à la perturber et dans un des grands bazars de la ville, elle se fait offrir par un collègue un petit flacon qui l'attire irrésistiblement. De retour dans sa chambre, elle nettoie la petite fiole et un génie apparaît. Celui-ci est un djinn, et comme tout génie, il lui propose d'exaucer trois voeux en échange de sa liberté. Mais l'érudite Alithea sait que cette formule magique tourne souvent mal pour celui qui émet les voeux.

L'aventure peut commencer.

Pour tenter de convaincre Alithea, le djinn va lui raconter ses trois mille ans de solitude et comment il a été par trois fois enfermé dans une lampe magique.

C'est le titre qui m'a attirée mais ce qui m'attire encore plus au cinéma c'est le fait qu'on me raconte des histoires. J'ai été comblée ici par la manière dont George Miller réinvente les mille et une nuits. Pour convaincre la femme réticente, le djinn nous embarque dans des aventures qui nous maintiennent en haleine. Les retours à la vie contemporaine vont peut à peu aboutir à une romance tout à fait touchante. Ce qui constitue un réel tour de force compte tenu du contraste entre les univers.

L'esthétique des contes m'a paru un tantinet surchargé parfois mais j'ai quand même été emportée par la féerie qui se dégage des décors, des créatures et de leurs histoires tourmentées. L'histoire d'amour contemporaine n'en est pas moins magique car évidemment Alithea va finalement émettre un voeu surprenant, puis deux autres encore plus déconcertants, audacieux, courageux plein d'intelligence et d'abnégation. Je n'ai pas tout suivi de la conversation hautement philosophique voire ésotérique des deux personnages qui évoque surtout le désir des femmes humains mais devant nos yeux ébahis évoluent deux créatures magiques quasi surnaturelles qui comblent les attentes : Tilda Swinton et Idris Elba. Etrange idée toutefois de les avoir laissés tous les deux en robe de chambre d'hôtel pendant une bonne partie du film (budget costume abandonné aux effets spéciaux), elle parce qu'elle sort de la douche, lui parce qu'il lui apparaît pile à ce moment et qu'on ne sait plus où poser les yeux...

Mais je dirais qu'ici il est avant tout question de ce sentiment universel qu'est l'élan amoureux à travers des âges improbables, de sa magie, de son mystère, de son pouvoir, onirique parfois. Mais aussi de ceux qui l'éprouvent, le ressentent, s'en éloignent ou, hélas pour eux, ne savent le décrypter. 

C'est beau comme un roman d'amour, triste comme un chagrin d'amour.

Je veux qu'un djinn apparaisse dans mon salon. (voeu numéro 1).