Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

LE TIGRE ET LE PRÉSIDENT

de Jean-Marc Peyrefite **

0299117.jpg-r_1920_1080-f_jpg-q_x-xxyxx.jpg

avec Jacques Gamblin, André Dussolier, Christian Hecq, Anna Mouglalis, Patrick d'Assumçao

Comment a-t-on pu élire un homme qui voulait abolir la peine de mort, donner le droit de vote aux femmes et leur indépendance aux colonies ?” s’interroge Georges Clemenceau, qui, contre toute attente, vient de perdre l’élection présidentielle face à un inconnu, un certain Paul Deschanel.

Ce ne sont pas les seules extravagances qui trottaient dans la tête du Président. Il voulait également développer une amitié franco-allemande (en 1920 !), annuler le Traité de Versailles qu'il trouvait humiliant pour les allemands. La suite a sans doute prouvé qu'il aurait eu raison... Mais le roublard et cynique Clémenceau du haut de ses 80 ans et de son titre de Père la victoire qu'il entretenait consciencieusement, ne l'entendait pas de cette oreille.

La plus grande qualité du film est de remettre en mémoire le nom et l'histoire du Président sans doute le plus oublié de la République. Et pour cause, son "règne" aura été de courte durée puisqu'il s'est vu contraint de démissionner au bout de six mois pour raison de santé. Bien qu'il ait déjà derrière lui une longue carrière politique, Paul Deschanel et ses nombreuses idées progressistes qui ne verront finalement le jour que plusieurs décennies plus tard, était sans doute trop naïf, fragile et idéaliste pour affronter la dureté du monde politique. Il prend sa fonction très au sérieux et pourtant réalise rapidement, comme l'en a averti Poincaré, que son rôle consistera surtout à choisir la couleur des chrysanthèmes pour des inaugurations les plus diverses. Mais il entend pourtant bien changer la France et rendre la vie meilleure aux français. Au début il est plutôt populaire. Mais rapidement la tâche et la fatigue le terrassent et le confrontent à des angoisses de plus en plus envahissantes.

Lorsque le film débute, il erre sur une voix ferrée en pyjama car il est purement et simplement tombé du train au milieu de nulle part. Recueilli par une famille de "braves gens", on découvre que dans la campagne profonde le nom et encore moins le physique du Président n'est connu.

Le film est un long flash-back qui nous raconte comment le Président Deschanel s'est retrouvé dans cette situation. Et le tort du réalisateur est je trouve d'avoir choisi d'en faire une farce. Je trouve que la profonde dépression dont souffre Deschanel n'a rien de drôle et que tous les hommes politiques de l'histoire sont ridiculisés. Clémenceau ne vit que par sa gloire passée et entend bien que son aura ne faiblisse jamais, Poincaré est particulièrement médiocre, Millerand (qui se souvient de lui ?) qui succèdera à Deschanel vil et mesquin. Bref, tout ce petit monde ne fait pas rire et s'acharne encore davantage sur ce pauvre Président que la postérité garde comme le Président tombé du train... Rien de politique ici mais une confrontation d'egos qui s'écharpent à coups de petites phrases mesquines (des punchlines dirait-on aujourd'hui).

Dommage car l'histoire mérite qu'on s'y attarde et les deux acteurs semblent se régaler en total mode cabotinage.

Commentaires

  • La présentation est alléchante... mais terriblement mensongère. Deschanel n'était pas un inconnu : il présidait la Chambre des députés (notre Assemblée nationale) depuis huit ans (et il l'avait déjà présidée quelques années auparavant). C'était l'un des hommes politiques les plus influents de la IIIe République. Quant au traité de Versailles, s'il le méprisait, ce n'est pas parce qu'il l'estimait trop dur avec l'Allemagne... mais parce qu'il ne le trouvait pas assez favorable à la France !

    Du coup, même si c'était un authentique républicain, plutôt progressiste, une (grande ?) partie de ce qui nous est montré dans ce film est affabulatoire. C'est dommage, parce que Gamblin est bien dans le rôle de Deschanel. De son côté, Dussolier en fait des caisses en Clemenceau fourbe et vieillissant. Le Tigre méritait mieux... les spectateurs aussi.

  • Tu parles de MA présentation ?
    Je dis bien qu'il avait une longue carrière derrière lui et que dans la campagne profonde il n'était pas connu. ça me semble assez réaliste.
    Quant à ma façon de parler du Traité. Je commente ce qui est dit dans le film. Je n'ai pas étudié le "cas" Deschanel de façon approfondie.
    J'ai été vraiment gênée par le fait que tout ce petit monde soit montré comme mesquin et ridicule.

  • Je ne parle pas de ta présentation, mais de celle qui est faite du film par les producteurs/distributeurs. C'est mensonger et, sur le plan historique, souvent faux. Si ce n'étaient que quelques erreurs de détails, cela pourrait passer pour de la "licence poétique", la liberté de chaque créateur. Mais, là, il y a clairement une intention qui n'est pas artistique : rabaisser Clemenceau et dresser une statue à Deschanel, qui n'en mérite pas tant (même s'il a été injustement ridiculisé en son temps).

    Sur le fond, je suis d'accord avec toi : c'est méprisant pour la vie politique, limite poujadiste. Comme, en plus, la partie comique n'est pas des plus réussies, je trouve que c'est un film qui pue des pieds.

  • Ah ok. Ce n'était pas clair. Moi je ne fais que donner mon avis par rapport à ce que je vois. Je n'ai pas lu la bio de Deschanel :-)
    Clémenceau n'est pas le seul à être ridiculisé et Deschanel est pathétique en plus. Je ne trouve pas qu'une statue lui soit érigée. Il est présenté comme une victime des vilains. C'est con.
    Et effectivement ce n'est jamais drôle.
    La scène de la fontaine avec les papiers qui s'envolent fait pitié mais la pire de toutes est celle de l'espèce de chorégraphie où tout le monde tourne autour de Deschanel. Ça m'a mise mal à l'aise.

  • Historiquement parlant un peu léger, mais la parie fantaisie est savoureuse avec un duo d'acteurs épatants

  • Et bien, toi si critique d'habitude, je te trouve bien indulgent.

  • Effectivement, surtout que je suis passionné d'Histoire... Mais j'ai passé un très bon moment malgré tout ;)

Écrire un commentaire

Optionnel