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MOONAGE DAYDREAM

de Brett Morgen ***(*)

MOONAGE DAYDREAM de Brett Morgen, cinéma, David Bowie

Avec David Bowie

Est-ce une femme ? Est-ce un homme, un extra-terrestre, un robot ?

La question est posée et David Bowie a aimé s'amuser à entretenir l'ambiguïté notamment au début de sa carrière. Pendant des années, les interviewers semblaient plutôt s'intéresser à l'étrangeté de ses costumes. Et à la question stupide : "ce sont des chaussures bissexuelles que vous portez ?" Il répondait malicieux : "ce sont des chaussures". Et ce qu'il fait subir à ses cheveux relève du pénal.

il reconnaît avoir dissimulé David Bowie derrière Ziggy, le Major Tom mais aussi en disparaissant sous des couches insensées de maquillage et des costumes plus excentriques les uns que les autres. Après quelques années où il a affolé les foules, filles et garçons, parcouru le monde il est devenu David Bowie. Plusieurs époques, une évolution dingue mais toujours la voix tellement puissante pour un physique si gracile (malgré des cuisses très musclées je trouve), la création musicale texte et paroles et l'allure toujours classieuse, le charisme foudroyant.

Ce film n'est ni un biopic ni un documentaire exhaustif. Le réalisateur s'est appuyé sur une somme d'archives phénoménales avec l'accord et la complicité de la famille et a donné la vision qu'il avait de ce personnage, cette personnalité, cette créature, cet artiste hors du commun. Côté vie privée, peu de choses. Si le grand demi frère schizophrène et suicidé à 47 ans à qui il doit une partie de son initiation musicale est évoqué, rien sur le premier mariage et les deux enfants de la star. Par contre Iman, sa seconde épouse, est celle qui a fait entrer du rose dans sa vie.  Rien non plus sur la drogue, le Velvet Underground, les musiciens qui l'ont accompagné. Seul Brian Eno est évoqué. Peu importe. Le réalisateur choisit de mettre en avant et sublimer David Bowie son demi Dieu comme un fan ordinaire.

Bowie pouvait être bouddhiste le mardi et nietzschien le vendredi. Et son passage dans le Berlin des années soixante-dix le montre plus aryen que jamais. C'est ensuite qu'il est devenu l'icône qu'on connaît avec l'apogée de Let's dance, mais Ashes to ashes, Space Oddity, Rock n roll suicide et tant d'autres sont des sommets.

Il a hurlé : "you're not alone" mais le réalisateur le montre dans son film plus seul que jamais, tout le temps. C'est très frappant. Il évoque en quelques images ses passages les plus remarqués au cinéma, L'homme qui venait d'ailleurs, Furyo, Les prédateurs, ou au théâtre dans le rôle écrasant d'Elephant Man (sans le moindre maquillage...). Mais insiste surtout et c'est sans doute l'une des bonnes idées du film sur les autres aspects de la créativité de Bowie qui était peintre (ses tableaux m'ont paru TRES intéressants), sculpteur et créateurs de vidéos. Incapable de passer un jour sans créer, il voulait qu'aucune journée ne soit inutile et savourait le moment présent.

L'autre excellente idée est l'absence totale de commentaires. Seule la voix de Bowie est présente, ses déclarations enflammées pas toujours limpides mais toujours passionnantes.

Mais le film est frustrant car les nombreuses captations scéniques centrées sur la seule personne de Bowie sont néanmoins insuffisantes. Et en voulant sans doute singer imiter son idole dont les clips vidéos étaient de purs objets arty flashy incompréhensibles... a parfois eu tendance à saturer son film de sons et d'images qui le rendent parfois un peu trop psychédélique.

Mais David reste grand, fascinant et beau oui comme Bowie.
Comment résister à cette voix, cette mèche qui s'envole ?

Commentaires

  • Boum !

  • Quelle homme ! Quelle mèche !
    Il y a des hommes, des chanteurs, qui comptent dans des vies. David en fait partie... De Space Oddity à Blackstar... Un monument.
    Et le couple Kitano/Bowie, une expérience inoubliable...

    Rien à voir, ou presque, il y a pas très longtemps, -quelques mois, peut-être y est-il encore sur l'application-, j'ai vu sur Arte le Bowie à Berlin où il joue son propre rôle, un concert filmé, dans Moi, Christiane F. 13 ans, dro... pro...
    A voir ! Mais j'imagine que tu l'as déjà vu.

  • Bowie à Berlin est sans doute la partie la plus réussie du film de Brett Morgen, avec l'utilisation d'animations inspirées de l'expressionnisme allemand des années 20. Une des périodes les plus fertiles de Bowie sans doute, avec sa renaissance des années 90.

  • Comment une mèche peut être aussi sexy ??? Seul Bowie a la réponse !
    Comme je l'ai dit au Prince, Bowie est entré dans nos vies et s'y est installé.
    Kitano Bowie c'est une chose mais Bowie Sakamoto en est une autre.
    Il s'évanouit après les deux baisers de Bowie et avait compris le pouvoir de sa mèche puisqu'il en coupe une.
    P..... que c'est beau !
    https://www.cinechronicle.com/wp-content/uploads/2015/03/David-Bowie-et-Ry%C5%ABichi-Sakamoto-dans-Furyo-de-Nagisa-Oshima.jpg

    Oui j'ai vu Christiane (et revu sur Arte lorsqu'il est passé et j'avais lu le livre)... et le concert :-)

  • No love, you're not alone. Moi aussi je suis totalement fasciné par "cette personnalité, cette créature, cet artiste hors du commun". Par contre, la veuve Bowie s'appelle Iman (et pas Imam, ça c'est une autre étoile). Rien sur les enfants en effet. Disons que ces plans lunaires évoquent le (très bon) premier film du fiston. Par contre, Morgen a la bonne idée de faire un portrait mosaïque d'un artiste protéiforme, aborde évidemment la scène mais aussi les tenues de scène, puis la peinture (autre grande passion de l'artiste), puis l'acteur. Un artiste prédateur, dont on a dit qu'il vampirisait tous ceux qu'il a approchés avant de passer à autre chose (Marc, Iggy, Lou, Mick, Reeves Gabrels, ...). C'était surtout un artiste insatiable, qui se noyait dans la création pour éviter de sombrer dans la folie héréditaire. Le film se veut souvent aussi hermétique et arty que son sujet. Belle ambition qui lui joue parfois des tours. Pourtant l'œuvre de Bowie en sort étincelante.
    Je reste très impressionné par le boulot de montage accompli par le réalisateur. Et le travail sur le son opéré par Visconti vaut amplement de voir le film en salle.

  • Si même Visconti s'en est mêlé :-) !!! Mais je pense que Luchino aurait stabilisé la caméra :-)))
    Mais oui le montage a dû être un casse-tête. Morgen aurait dû quand même un peu être moins furieux...
    Je comprends qu'il ait vampirisé tout le monde Bowie. Ce devait être difficile de lui résister.
    Le Moon du fiston est un film magnifique et génial je trouve.
    Tu peux écrire une thèse sur Bowie.
    Et comme tu sais tout, pourquoi Bowie ? Cette explication est décevante : "Dans une lettre écrite à son premier fan américain en 1967, il répond : “Je n’ai pas à vous dire pourquoi j’ai changé de nom.” Le mystère reste donc total pendant ses premières années de succès, mais il finira par avouer que “Bowie” vient du “couteau Bowie” : un type de scalpel très populaire aux Etats-Unis au XIXème siècle."

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