UN BEAU MATIN
de Mia Hansen Love ***
Avec Léa Seydoux, Pascal Greggory, Melvil Poupaud
Sandra est une jeune veuve, interprète, elle élève sa fille d'environ 10 ans et s'occupe quasi quotidiennement de son père Georg atteint d'une maladie dégénérative qui le rend progressivement de plus en plus dépendant.
Autour de George gravitent également son autre fille Esther et son ex femme Françoise (mère des deux filles). Mais c'est Sandra, fusionnelle avec son père qui semble le plus impliquée et bouleversée par l'état de santé déclinant de ce dernier. Il était prof de philosophie, la pensée et les livres étaient au coeur de sa vie. Cette abondante bibliothèque d'ailleurs est au centre des préoccupations de Sandra qui ne veut en aucun cas la voir disparaître quand la mère serait d'accord pour s'en débarrasser. Les appartements parisiens de chacun ne peuvent accueillir tant d'ouvrages.
Parallèlement à ce drame annoncé, le "placement" du père dans un établissement médicalisé puis sa mort, Sandra croise par hasard la route de Clément, un ami de son défunt mari qu'elle avait perdu de vue depuis des années. Il est marié, père de deux enfants et exerce la fonction énigmatique de cosmochimiste. Sandra et Clément vont entamer une relation amoureuse faite de sensualité et de connivence.
Comme il arrive parfois dans la vie, celle de Sandra tente de s'équilibrer entre la possibilité d'un bonheur à venir et l'imminence d'un chagrin inconsolable. Entre les visites dans les Ehpad parisiens tous plus sinistres les uns que les autres, le fait de vider l'appartement du père, trouver des acquéreurs pour les livres, soutenir Georg de plus en plus absent mentalement, Sandra toujours vaillante, sac au dos telle une adolescente, fonce et agit, démontre une compassion sans faille et s'investit de tout son être dans sa relation avec Clément.
Dans ce milieu bourgeois, tout est feutré et délicat, intelligent et doux, le chagrin silencieux. Aucune hystérie, jamais. Néanmoins, le thème et la partition sont poignants sans tomber jamais dans le pathos. Les larmes affleurent aux paupières de la spectatrice et se figent.
Ce film sensible et déchirant est dominé par un trio d'acteurs formidables et chics. Nicole Garcia énergique, solide, lumineuse, Léa Seydoux vacille sans flancher, souffre, a peur sans exubérance, aime avec passion. Mais surtout Pascal Greggory et sa belle voix grave, maigre, faible, voûté, désarmant de douceur, impressionnant de solitude angoissée est bouleversant.
Je ne suis pas prête d'oublier son "Schubert c'est devenu trop lourd pour moi" et surtout son : "j'ai froid dans la tête"...
Commentaires
Ben, et Melvil, alors ? Rien sur mon Melvil ?
Un mec indécis qui dit des énormités... disons que c'est pas le rôle le mieux écrit.
Pourquoi pas, si j'ai l'occasion.
La partie maladie Ehpad est assez éprouvante mais Pascal Greggory est magnifique.
100% d'accord avec toi, des phrases simples qui en disent long, de l'émotion sensible et sobre sans excès ni démonstration... Un très joli film
Triste, doux et beau.
Bien envie de revoir Pascal Greggory dans ce rôle, mais je vais attendre un peu. Le film n'est-il pas centré sur le personnage de Léa Seydoux ?
Si c'est Léa le moteur, mais ses petits camarades existent bien et les scènes avec Pascal Greggory sont très fortes. On est content de le savoir en bonne santé car le personnage est bluffant.