d'Olivier Dahan *

Avec Elsa Zylberstein, Rebecca Marder, Elodie Bouchez, Judith Chemla, Olivier Gourmet, Mathieu Spinosi, Sylvie Testud, Philippe Torreton

«Bientôt s’éteindra cette génération qui ne devait pas survivre». Et Simone Veil se retournerait peut-être dans sa tombe au Panthéon si elle voyait ce film et si elle constatait à quel point ses combats féministes et humanistes sont aujourd'hui remis en cause.

La vie de Simone Veil ne fut qu'une succession de combats et de tragédies. De combats surtout. Elle était forte, autoritaire, engagée. Contrairement à sa mère que son père avait obligée à abandonner ses études de chimiste, Simone souhaite envers et contre touS devenir magistrate. C'est aussi cet homme très inspiré qui a envoyé sa famille au recensement des juifs alors qu'elle était non pratiquante et fondamentalement laïque...

Rapidement Simone se marie, a un enfant, puis deux, puis trois. Mais rien ne l'arrête... Et le film reprend de manière complètement anarchique, sans la moindre chronologie tout ce qui a fait le parcours et l'évolution de cette femme hors du commun. Comme un égrenage de Martine

Olivier Dahan a secoué un shaker dans lequel il a placé les moments clés de la vie de Simone Veil :

- Simone a son bac,
- Simone se marie,
- Simone membre du Syndicat de la magistrature,
- Simone Ministre de la Santé,
- Simone ne confond pas nazis et allemands et est pro-européenne,
- Simone lutte pour le droit à l'avortement etc, etc...

Rien ne manque ou presque et c'est en partie ce qui rend le film imbuvable car on ne peut parcourir la vie de cette femme devenue icône en seulement 2 h 20. Alors, tout est survolé sans la moindre inspiration comme pour ne rien oublier. Mais survoler en quelques instants ce qui a abouti à la Loi Veil n'est pas raisonnable. On saute du coq à l'âne d'un combat à l'autre comme si cette femme passait d'un dossier à l'autre en cochant les bonnes cases. Et on voit Simone s'émouvoir devant le sort des détenus, le sort des femmes qui avortent, le sort des victimes torturées en Algérie, le sort des malades du SIDA (liste non exhaustive).

J'en profite pour faire un petit aparté à l'adresse des nombreux réalisateurs qui me lisent :

PAR PITIE, CESSEZ DE FAIRE PLEURNICHER LES ACTRICES !!! Ici encore, Simone a régulièrement la larme à l'oeil qui coule sur la joue ou pas... c'est selon. PENIBLE !!!

Mais là où Oliver Dahan s'attarde beaucoup c'est sur le camp de concentration d'Auschwitz où Simone, sa mère et ses soeurs ont "séjouné" d'avril 44 à mai 45. Il semble évident que cet évènement traumatique soit grandement responsable de ce que fut la personnalité, l'engagement et la vie de Simone Veil. Mais le réalisateur y revient sans cesse, filme longuement l'horreur des trains, l'arrivée de nuit sous les hurlements des allemands, les aboiements des chiens  ou l'inverse et la lumière aveuglante des spots. Il ne nous épargne ni le tri des effets personnels, ni la douche, ni la tonte brutale des cheveux, ni le tatouage, ni la fumée noire qui sort de la cheminée, puis la marche de la mort... Chaque "épisode" de la vie de Simone est entrecoupé par des scènes beaucoup plus longues de ces visions d'horreur. Olivier Dahan semble fasciné par la souffrance comme si on avait besoin de ces images (à lui) pour se faire une idée de la monstruosité, de l'inhumanité qui a sévi dans cet endroit. L'agonie de la mère de Simone (présentée comme une sainte) occupe de longues minutes insupportables. Par contre quand les choses se font plus "douces" (relativement), lorsque Simone est envoyé au camp de Bobrek surnommé le sanatorium par les déportés eux-mêmes tant le régime était différent, rien ! Dahan préfère tellement montrer la souffrance que ça en devient gênant, presqu'indigne.

Que dire du défilé d'acteurs ? Rien, ils sont venus, ils sont tous là. Mais saluons l'interprétation et le bel engagement des deux Simone. Rebecca Marder et Elsa Zylberstein me semblent irréprochables. Elsa Zylberstein m'a vraiment émue et impressionnée lorsqu'elle lance aux partisans de Le Pen en 1979 le fameux "vous ne me faites pas peur, vous ne me faites pas peur du tout, j'ai survécu à pire que vous. Vous n'êtes que des SS aux petits pieds".

Mais Elsa Zylberstein n'a-t-elle ni agent ni amis ? N'a-t-elle pas vu ce que Dahan avait déjà fait d'Edith Piaf et de Marion Cotillard dans La Môme ? Une fois encore la lente agonie de la chanteuse était un supplice injustifié. Elsa Zylberstein n'a-t-elle véritablement aucun ami ? Ou ne serait-ce qu'un miroir ? Parlons du maquillage !!! L'équipe de maquilleurs devraient être présentés devant un tribunal. Il est certain que Simone Veil avait un visage très carré avec des pommettes très hautes et rondes. Mais la pauvre actrice disparaît sous des tonnes de latex, des bajoues faisant ressembler ce maquillage à une chirurgie esthétique ratée. Immonde.

Par contre, lors du dernier quart d'heure du film, la voix off d'Elsa Zylberstein lit un texte écrit par Simone Veil et c'est vibrant et intense. Des phrases courtes et efficaces complètement à l'opposé du film. Si quelqu'un sait de quel ouvrage de Simone Veil il s'agit... Merci.