LE PHARAON, LE SAUVAGE ET LA PRINCESSE
de Michel Ocelot ***
3 contes, 3 époques, 3 univers.
Le 1er raconte l'histoire d'un jeune homme amoureux d'une fille de Pharaon qui ne va pouvoir l'épouser que s'il devient lui-même Pharaon. Il quitte sa belle Nasalsa pour conquérir l'Egypte haute dont il parviendra à devenir Pharaon de manière pacifique, en évitant la guerre et reviendra avec les honneurs. Pour ce conte les personnages sont représentés au début comme sur les fresques de l'Egypte antique, visage de profil et corps de face. Petit à petit les personnages sont de face. Cette histoire est la plus classique, la plus courte et celle que je place en dernier de mes préférences même si le règlement pacifiste est une surprise. Et puis la délicatesse des personnages et des décors en font un beau spectacle.
La deuxième histoire est celle d'un petit garçon qui s'ennuie beaucoup dans son château en Auvergne au Moyen-Âge. Son père le roi est un despote qui tyrannise aussi son fils. L'enfant sympathise avec un prisonnier enchaîné qu'il va réussir à faire échapper. La sentence du père est disproportionnée et l'enfant va grâce à la bienveillance de ses bourreaux échapper à la sanction prévue et vivre dans la forêt, devenir le Beau sauvage. Cette histoire place tous les personnages en ombres chinoises dans des décors (château, forêt) très soignés, c'est très beau. Et le conte célèbre des valeurs telles que la solidarité et la lutte contre la tyrannie.
Le 3ème conte est celui d'un Prince déchu qui devient vendeur de beignets sur un marché d'Istanbul. Les beignets savoureux arrivent aux papilles du Grand Vizir puis de la belle princesse cloîtrée dans son palais dans l'attente du mari qu'on veut évidemment lui imposer. Les deux jeunes gens vont se rencontrer secrètement de façon follement rocambolesque et chercher à braver les imprévus et revers du destin. On assiste ici à une explosion de couleurs luxueuse. Le réalisateur en a abusé pour se rapprocher de la richesse des palais orientaux de l'époque.
Je me garderai bien de critiquer le fait que dans ces trois contes les personnages principaux ont pour objectif de se marier, de vivre heureux et d'avoir beaucoup d'enfants comme si l'on ne pouvait toujours pas déroger à ces règles. Je constate que les enfants d'aujourd'hui ont toujours, et relativement tôt, cette envie d'aimer et d'être aimé, de former un couple. On peut également reprocher (c'est dans l'air du temps) que les trois histoires soient hétéronormées mais le Doudou de 9 ans qui m'accompagnait les a beaucoup appréciées. Il a trouvé les personnages courageux d'avoir toujours à lutter contre des injustices ou des normes qu'on veut leur imposer selon des valeurs d'un autre âge et il a été particulièrement choqué par la dureté et l'injustice des parents.
A noter également la subtilité, la richesse et la beauté des dialogues.
Je vous recommande ce film d'une grande beauté.