LES MIENS
de Roschdy Zem ***
Avec Sami Bouajila, Roschdy Zem, Maïwenn, Meryem Serbah, Rachid Bouchareb
Dans cette famille aimante et chaleureuse Moussa est le plus doux, le plus calme, le plus gentil, le plus discret, le plus tolérant, le plus...
Il éprouve une grande admiration pour son grand frère Ryad, la star de la famille puisqu'il est présentateur vedette d'une émission sportive à la télé. Ce dernier reçoit beaucoup de reproches lors des repas familiaux. On lui tient rigueur, mais de façon affectueuse d'être égoïste et ne pas s'intéresser suffisamment aux autres membres de la famille.
Lorsque Moussa fait une chute, il se cogne violemment la tête et souffre d'un traumatisme crânien. Il devient un autre. Cet accident perturbe la famille et remet plus ou moins en cause la place de chacun.
Totalement désinhibé, Moussa dit clairement son fait à tout le monde, mais il est aussi devenu impatient, colérique et agressif. La franchise sans filtres peut paraître drôle, c'est surtout une grande souffrance. Ecrasé de fatigue et de tristesse (5 sur une échelle de 0 à 6), Moussa dort beaucoup et s'éloigne du monde et "des siens". Les rendez-vous chez le neurologue font état d'un nouveau traitement que Moussa va suivre mais surtout d'un chemin très long vers une éventuelle guérison.
On le sait, cette histoire est totalement biographique et Roschdy Zem a attendu que tout aille mieux pour nous la raconter, s'appuyant sur le livre que son frère Mustapha, véritablement miraculé d'après la faculté, a écrit, Les pas perdus. Et le réalisateur met toute la tendresse qu'il est possible d'exprimer pour parler des membres de sa famille et les incarner au mieux à l'écran. Quitte à se donner le mauvais rôle de celui sur qui personne ne peut compter. Et l'accident de Moussa va justement faire prendre conscience à Ryad de l'importance "des siens" et de prouver l'amour qu'on ressent à défaut de l'exprimer par des mots.
Ce portrait de famille doux et douloureux ne révolutionnera pas le 7ème art et je reproche une fois de plus à la bande-annonce d'être trop explicite. Néanmoins on passe un délicieux moment en compagnie de cette famille bouleversée. L'apport de Maïwenn est évident, experte en réalisation de scènes familiales où chacun s'exprime, et pas toujours avec la plus grande délicatesse, elle doit également apporter au film des dialogues d'un grand réalisme. Tous les personnages sont attachants et on peut aisément s'identifier ou reconnaître des caractères connus.
Roschdy Zem, l'un des acteurs le plus charismatique de ces dernières décennies, est fidèle à sa famille mais aussi à sa famille de cinéma en offrant un rôle à Rachid Bouchareb. Ce dernier n'est pas un acteur de folie mais a quand même une scène où il m'a fait mourir de rire lorsqu'il doit aller récupérer les vêtements de la femme dont Moussa a divorcé et qui ont été distribués chez lez voisins. Mais il donne surtout un rôle de premier ordre à son frère par cinéma interposé : le bouleversant Sami Bouajila. Ce rôle important, il le porte avec une composition étourdissante (un César paraît évident). Qu'il soit seul à l'écran ou silencieux au milieu du groupe, sa présence a quelque chose de magnétique. Le moment du divorce qu'il qualifiera plus tard de violent, et il l'est, est sidérant de justesse et poignant alors qu'il ne prononce pas un mot. Que des chiffres... Les scènes où les deux acteurs sont réunis, sont les plus belles, les plus touchantes. Notamment celle où Roschdy/Ryad demande à Sami/Moussa comateux de résoudre de tête une multiplication à 5 chiffres. Il paraît que dans la vraie vie le "vrai" Moussa a ce côté Rainman. Dans un demi sommeil, Moussa donne la réponse exacte. Le soulagement qui se lit sur le visage rassuré de Ryad est la démonstration de tout l'amour du monde, pour un frère, pour un ami. C'est très beau.
P.S. : mention spéciale à la formidable Meryem Serbah, la grande soeur qui couve son petit frère, son "Doudou".
Commentaires
Moi aussi j'ai aimé suivre cette famille à laquelle on s'attache facilement. Oui le film est assez court alors la bande annonce en dévoile trop.
Les bandes annonce qui en disent trop et celles qui sont TROP alléchantes et conduisent à un flop, c'est pénible.
Cette famille parfois agitée est vraiment touchante.
Même impressions que toi. Je n'avais pas regardé la bande-annonce, du coup j'ai tout découvert au fur et à mesure. Je ne savais pas que c'était en partie autobiographique. (J'ai vu "she said" hier et j'ai énormément aimé)
La chance de ne pas avoir vu la BA . Il n'y manque que le divorce et la scène de dispute TRÈS réussie d'ailleurs. J'ai quand même apprécié avec l'impression que les scènes de la BA s'étalaient et s'enchainaient.
Mais Roschdy et Sami, quels acteurs !
Tout à fait d'accord, les meilleures scènes sont celles avec les deux frères Zem/Bouajila, mention pour la soeur aussi, a contrario j'ai trouvé que le couple Zem/Maïwenn sonnait faux... Mais ça reste un jolie chronique familiale...
Maiwenn est là pour accabler Roschdy, c'est dommage du coup oui, ça fonctionne pas.
Mais qu'elle est aimable cette famille.
Mais je ne savais pas du tout que c'était autobiographique ! Mince alors, j'aurais surement reçu le film autrement. Car j'ai bien aimé, j'ai trouvé les comédiens très justes mais j'en attendais plus en matière de cinéma.
Oui ce n'est pas du GRAND cinéma mais on est bien en leur compagnie.