de Guillaume Renusson ***

Avec Denis Ménochet, Zar Amir Fhrahimi

Samuel subit de lourdes séances de rééducation chez le kiné suite à un accident dans lequel sa femme a trouvé la mort.

Il est seul avec sa petite fille et éprouve des difficultés à communiquer avec elle et surtout à partager ou entendre son chagrin. Il la confie à son frère pour le week-end et se rend dans son chalet au coeur des Alpes italiennes où il avait l'habitude de rendre en famille. 

Chehreh quant à elle a fui son pays, l'Afghanistan. Elle a été séparée de son mari en Grèce et pense pouvoir le rejoindre à Besançon. Elle parvient à échapper à une rafle de la police italienne et se réfugie dans le chalet isolé qu'elle croit vide.

Après de légères réticences, Samuel accepte d'aider la jeune femme à passer de l'autre côté de la frontière. Pour cela et pour éviter d'être vu, il faut franchir un col. L'épreuve s'annonce délicate mais ils ne s'attendaient pas à être également aux prises avec un étrange trio de "chasseurs", deux français dont une femme et un italien, sans parler du chien aux crocs affûtés. Le réalisateur précise que ces chasseurs sont à la fois inspirés par l’actualité de la frontière alpine et par les milices de la frontière américano-mexicaine : "Le monde se polarise, se radicalise, on le sait. La frontière, c’est une sorte de thermomètre de l’état social d’un pays." Et la sauvagerie de ces miliciens haineux est terrifiante.

Samuel et Chehreh sont donc confrontés à la rudesse de la météo, c'est l'hiver, la neige est épaisse, chaque pas est une épreuve, aux difficultés à franchir le col et à la détermination de leurs poursuivants, de vrais sauvages, bien décidés à ne pas les laisser leur échapper. En avant pour plus d'une heure de fuite en mode commando par deux individus vraiment pas formés à ça. Le scenario est donc très minimaliste et s'apparente à un survivaliste en milieu hostile avec des moments de violence extrême assez surprenants et aussi de beaux moments d'entraide physique et psychologique (chacun aura à "supporter" l'autre tour à tour) et de solidarité souvent muets entre deux êtres que la vie a pas mal malmenés.

Pour un premier film, plutôt réussi, Guillaume Renusson s'en tire vraiment bien en mélangeant des thèmes (les migrants, les racistes) dans un genre qui oscille entre le western montagnard et le survival. On est accroché au fauteuil, on tremble de froid et de peur avec les deux acteurs Denis Ménochet (ses yeux bleus, sa voix douce, son physique d'ogre, (décidément après Peter Von Kant et As Bestas, l'acteur français de l'année !)) et Zar Amir Fhrahimi (Prix d'interprétation à Cannes pour Les Nuits de Mashhad) parfaits ; on s'y attache fort.