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NOSTALGIA

de Mario Martone ***

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Avec Pierfrancesco Favino, Francesco Di Leva

Felice revient à Naples après une absence de 40 ans.

Pendant son long exil à Beyrouth puis au Caire, il s'est marié, s'est converti à l'Islam. Il ne parle plus très bien l'italien ou le napolitain et semble surpris de redécouvrir sa ville natale. Il retrouve sa mère, mal en point et mal logée dans un appartement sans fenêtre. Il se rapproche du curé de la paroisse et entend parler de son ancien ami Oreste devenu un ponte craint de la mafia locale.

A l'image de la somptueuse affiche, Felice déambule d'abord dans les rues et les ruelles de Naples comme pour reprendre racine dans la ville de son enfance et de son adolescence, et étrangement ce sont pratiquement les moments du film que j'ai préférés. Puisque j'ai aimé ces balades, je n'irai pas jusqu'à dire comme Josuè Morel de Critikat que : "Sous le vernis d'un portrait complexe, le vide : Nostalgia est de ces films sur la nostalgie où les personnages marchent les mains dans les poches, la tête en l’air, en regardant les façades des immeubles avec un air à la fois grave et pensif", mais il y a un peu de ça quand même. Et j'ai surtout l'impression que le réalisateur ne sait pas trop quel film faire. La première demi-heure est très intrigante, très mélancolique ; Felice se perd dans le labyrinthe splendide et misérable de la ville. Et regarder Pierfrancesco Favino marcher c'est comme écouter certain-e-s act-eur-rice-s (non mais à quoi ça ressemble ce machin ? je ne suis même pas sûre de bien le faire) lire le bottin, fascinant. Quel acteur !

Mais passée cette flânerie, le réalisateur répond à toutes les questions sans qu'on les lui pose, il se débarrasse de la vieille mère alors que les moments en sa compagnie et celle de Felice étaient très chargées en émotion, nous assène des affirmations invérifiables et intercale des scènes plaisantes parfois (surtout lorsque Pierfrancesco Favino, ce félin, se lève et danse), mais parfaitement inutiles. Felice a donc fui un passé de petit délinquant qui l'aurait sans doute confronté à la police si son père ne l'avait expédié au Liban. Le copain Oreste est resté au pays et a eu vent du retour de Felice. Il craint que ce dernier ne révèle ce qui s'est passé une certaine nuit quarante ans plus tôt !!! Et là, ça devient n'importe quoi ou à peu près. Oreste est devenu un chef de clan redoutable. Il mène à la baguette des sales types qui se la racontent et de jeunes garçons désoeuvrés juchés sur des vespa qui tirent sur tout ce qui bouge la nuit venue. Ils ne portent pas de casque alors que les jeunes du même quartier que le curé tente de sauver de la délinquance portent des casques (je vous laisse quelques secondes pour apprécier et encaisser l'info).

On attend avec fébrilité la rencontre entre les deux anciens amis. C'est rien de dire qu'elle fait flop. Que découvre-t-on ? Un pauvre type au marcel crasseux, entouré de bouteilles d'alcool vides qu'il a dû vider et qui s'emmerde dans le donjon de son étrange demeure. Cette apparence misérable ne l'empêche pas d'être dangereux et menaçant face à Felice, un peu irresponsable ou parfaitement inconscient de la bêtise et de la bestialité du gars. Il faut dire que les menaces d'Oreste sont aussi absconses que la phrase Pier Paolo pasolinienne en exergue du film : "La connaissance est dans la poésie / Qui ne s’est pas perdu ne possède pas." Houmpf !

Malgré ces réserves et la déception évidente ressentie, la balade napolitaine a quelque chose d'envoûtant avec ce Vésuve que l'on aperçoit parfois au loin, le personnage du prêtre est très intéressant et surtout il y a la présence magnétique du subtil Pierfrancesco Favino.

Commentaires

  • Bonjour Pascale, j'ai vu le film vendredi soir. Pas gai gai tout ça. Surtout la fin. On peut s'y attendre. Pierfrancesco Favino est en effet très bien. Bonne après-midi.

  • Bonjour Dasola, La fin est sans aucune surprise. Le film vaut pour Pierfrancesco.

  • Pas tout à fait l'ennui mais le cafouillage.

  • Bonsoir Pascale
    J’ai beaucoup aimé ce film
    J’ai ressenti vraiment une ambiance pesante mais c’est la réalité dans ces quartiers de Naples
    L’acteur est majestueux (comme dans le traitre )
    Le film pose question sur les racines
    Revient-on toujours là où on a grandi ?
    Ou ce qui compte c’est là où l’on a construit sa vie d’adulte ?
    On voit arriver la fin mais on avait envie d’y croire à cette nouvelle vie … on vibre avec Felice

  • Bonjour Marijo,
    Les aspects du film que tu évoques sont très réussis et l'acteur aimante à l'écran.
    La partie vengeance et mafia me semble ratée.
    Et oui, je pense aussi qu'on garde toujours un pied là où on est né même si ce n'est pas facile d'y retourner quand on a quitté la région (par amour :-) )

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