L'ENVOL - LES CYCLADES
L'ENVOL de Pietro Marcello ***
Avec Raphaël Thiéry, Juliette Jouan, Louis Garrel, Noémie Lvosky, Bernard Blancan, Yolande Morerau, François Négret
Raphaël rentre de la guerre dans son village de la Baie de Somme en 1918. Il y retrouve sa fille Juliette encore bébé qu'il élèvera seul aidé par Adeline, propriétaire de la ferme où le père et l'enfant trouvent refuge. En dehors de la chaleureuse Adeline, Raphaël n'est pas le bienvenu et peine à trouver un emploi. Pourtant malgré son physique peu ordinaire d'ogre et ses mains épaisses, énormes, il réalise des merveilles de finesse en menuiserie. Il fabrique des jouets en bois et plus tard la proue d'un navire, de toute beauté. Quant à Juliette c'est la musique et le chant qui la ravissent, comme ses balades dans les bois, ses bains dans la rivière. Elle est une petite artiste sauvageonne, rejetée par les enfants de son âge mais qui plus tard attirera les garçons par sa grande beauté. Un jour elle fait la rencontre d'une sorcière/magicienne qui lui prédit que de grandes voiles rouges l'emporteront. La petite grandit et ne cesse de croire à cette prédiction. Et justement, un jour surgit Jean (Louis Garrel en Prince Charmant), un garçon volant dans une drôle de machine, immature et la tête dans les nuages.
Vous l'avez compris, malgré le contexte, ce film est un conte librement inspiré du roman russe Les Voiles écarlates d'Alexandre Grin (très envie de lire ce court roman). Malgré la grande douceur qui s'en échappe, il y sera aussi question de viol et de mort et de la résistance des femmes face aux épreuves. La brutalité et le fantastique se côtoient, la douceur et la tendresse rayonnent au travers de personnages au physique peu commun comme le père (Raphaël Thiéry, absolument déconcertant de finesse) ou la sorcière incarnée par la féerique Yolande Moreau et encore Noémie Lvosky tout en chaleur et bienveillance. Mais c'est Juliette Jouan qui illumine le film et l'élève véritablement. Pour son premier film, elle est une révélation d'un naturel stupéfiant. Elle chante, joue du piano et ravit les yeux, à l'aise comme personne face à la caméra.
LES CYCLADES de Marc Fitoussi *(*)
Avec Laure Calamy, Olivia Côte, Kristin Scott Thomas, Nicolas Bidet, Panos Koronis
Blandine et Magalie étaient amies inséparables quand elles étaient enfants. Adolescentes elles avaient fait le rêve de se rendre sur l'île Amorgos dans les Cyclades où une partie du film mythique Le Grand bleu de Luc Besson, devenu culte pour toute une génération, avait été tourné. Une stupide querelle de collégiennes les a séparées. Trente ans plus tard, Benjamin, le fils de Blandine cherche à aider sa mère constamment déprimée à retrouver un peu de joie de vivre. Grâce à Facebook, il retrouve Magalie et organise la rencontre des deux amies. Blandine et Benjamin devaient se rendre à Amorgos, mais Benjamin se désiste au profit de Magalie. Les tempéraments opposés voire antagoniques des deux femmes, l'une dépressive, l'autre euphorique ne rendent pas le voyage facile d'autant que la fantaisie de Magalie les met parfois dans des situations difficiles.
J'ai pas mal hésité à voir ce film malgré une grosse envie de Grèce et de soleil. Je me disais que Laure Calamy avait peut-être atteint ses limites et son énième personnage de fofolle ne me tentait pas. Erreur, c'est elle seule qui m'a surprise et émue alors que le personnage d'Olivia Côte m'a agacée. Au bout d'un moment je n'en pouvais plus de ces jugements constants, ses airs supérieurs et méprisants. Je suis pourtant d'une indulgence infinie avec la dépression mais elle ne donne pas tous les droits. Du coup, j'ai eu du mal à croire à l'histoire car personne (sauf les saints) ne devrait se laisser traiter ainsi. Cela ne s'arrange pas quant au prix de multiples mésaventures (elles mettront 4 jours à atteindre leur destination : Hôtel plein d'étoiles avec spa, le mal absolu pour le réalisateur manifestement) un troisième personnage vient s'associer au duo. Comme il est commode lorsqu'on on est mal barré sur une île semi-désertique (nuance à apprécier si on voit le film) d'avoir une amie qui vit à deux brasses de la galère, dans une villa blanche (on est en Grèce) idyllique avec piscine à débordement (au bord de la mer, ce concept m'échappera toujours) !!! C'est là qu'intervient Kristin Scott Thomas dans un rôle de hippie chic, qui m'a mise mal à l'aise, aussi prompte elle aussi à juger son semblable que Blandine.
Au milieu de ces fêtes, ces aigreurs et rancoeurs (ça m'a évoqué Les petits mouchoirs où j'avais l'impression que tous les amis se détestaient) surgit un cancer du sein, une enfant battue comme s'il était utile de nous rappeler que la vie n'est pas toujours un long fleuve tranquille et que les comportements sont fatalement provoqués par des vies difficiles et donc excusables. Mais ce qui est surtout désolant c'est que le duo ne fonctionne pas. Aucune alchimie entre une Magalie constamment branchée sur le 220 et une Blandine qui cherche où est la lumière, l'interrupteur. Ces filles n'ont rien à faire ensemble, ce n'est pas un drame mais c'est pénible d'essayer de nous faire croire par une résolution parachutée que ça peut fonctionner.
Le pire, le comble c'est que je n'ai pas trouvé la Grèce, les Cyclades et patta couffin particulièrement bien filmés. Et même pas un sirtaki !!!
Mais alors pourquoi je regarde les propositions de voyage pour la Grèce moi ?
Commentaires
A peine deux petites étoiles les Cyclades ? j'espérais mieux, tout en me méfiant. L'envol j'ai l'intention de le voir tout simplement parce qu'une partie a été tournée à Gerberoy, village que j'affectionne. J'ai envie de voir ce qu'ils en ont fait.
Franchement quelle casse c....... la Blandine.
L'envol est bien meilleur et la région magnifique.
Et Youssef Salem pourrait te plaire.
Moi aussi toujours déçu qu une équipe de film qui fait valises et bagages pour un tournage nous fasse si peu voyager en fin de compte..
Alors là chapeau, c'est parfaitement résumé.
Le tournage a dû être bien agréable mais le résultat ... Et je n'ai pas parlé de l'interminable scène des chèvres.
Pas encore vu "L'Envol"... Par contre pour "Les Cyclades" je suis tout à fait d'accord avec toi, le personnage de Olivia Cote est effectivement assez irritante mais sur l'ensemble j'ai trouvé que le film était cohérent car ça reste très humain, marre des personnages toujours lisses et vertueux. J'ai aimé le film.
Le côté hors normes des personnages de Laure et Kristin ne m'ont paru réalistes et celui d'Olivia non plus. Quand on en est à ce niveau de dépression, on accepte pas un tel voyage surtout avec une personne qu'on ne connaît plus car on n'est plus capable de rien. Pour moi, rien ne tient.