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LA SYNDICALISTE

de Jean-Paul Salomé ***

(A.P. Sortie le 1er mars)

La Syndicaliste

Avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Pierre Deladonchamps, François Xavier Demaison, Marina Foïs, Yvan Attal, Alexandra Maria Lara, Gilles Cohen

Maureen Kearney est déléguée CFDT chez Areva et défend bec et ongles les emplois de toutes les filiales de la firme française. 

L'histoire est donc vraie et se déroule en 2012, l'année où elle s'est fait agresser et violer sauvagement à son domicile. Cette agression a-t-elle un lien avec le scandale qu'elle s'apprêtait à révéler au chef de l'Etat, à l'époque François Hollande ?

Il y a dans ce film, deux parties bien distinctes et plutôt réussies mais le passage de l'une à l'autre a fini, me semble-t-il par desservir la cohérence, les enjeux.

Dans la première partie, on voit une toute petite femme aux cheveux d'un blond éclatant, aux lunettes voyantes comme ses boucles d'oreilles et aux lèvres constamment rougies d'un rouge pétant tenir tête à des hommes ricanant sous cape (à peine) de la ténacité de la dame. Isabelle Huppert 35 ans forever, l'incarne avec la douce autorité, l'aplomb et l'énergie qu'on lui connaît. A l'époque où l'histoire commence les rênes de la multinationale sont encore tenues par Anne Lauvergeon (Marina Foïs) qui passe le relai à Luc Oursel (Yvan Attal) mâle dominant colérique mais en recherche de considération par ses pairs et surtout par le ministère de l'économie (etc) alors tenu par Arnaud Montebourg. Les deux femmes travaillent main dans la main et incarnent à merveille les rapports déplorables à la féminité (ou au féminisme) au sein d'un tel grand groupe. La suite se complique dès lors qu'Anne Lauvergeon quitte la direction. Maureen apprend l'existence d'un accord secret entre EDF et une entreprise chinoise du nucléaire qui prévoit un transfert du savoir faire d'Areva vers le partenaire chinois. Cet accord provoquerait évidemment la perte de milliers d'emplois. Maureen entend tout mettre en oeuvre pour empêcher cet accord et commence à fortement énerver Luc Oursel, qui ira jusqu'à lui jeter une chaise à la tête, et à déranger en règle générale. Cette partie montre une Maureen efficace, fiable, calme et sans peur face à ses détracteurs et obsédée par sa mission au point de parfois délaisser son entourage familial. Son mari est interprété par l'impeccable Grégory Gadebois toujours juste et à sa place.

La seconde partie abandonne complètement les enjeux de ce qui a PEUT-ÊTRE conduit Maureen à être sauvagement agressée pour se concentrer sur l'enquête, elle aussi très réussie et assez passionnante. L'agression passée, Maureen quoique traumatisée ne perd rien de son calme et la maîtrise de soi qui la caractérisent. Aux yeux des policiers qui l'interrogent, elle n'est donc pas la victime "idéale" qui devrait s'effondrer et exprimer avec force cris et larmes ses émotions. Non, Maureen raconte froidement et toujours de la même façon ce dont elle se souvient. Assez incompréhensiblement et bien qu'elle ait été retrouvée pieds et poings liés, bâillonnée, scarifiée, le manche d'un couteau introduit dans le vagin, la mise en scène laisse planer le doute sur la mise en scène de l'agression... Pierre Deladonchamps incarne (impeccablement) le flic qui doute alors qu'Aloïse Sauvage (jeune fliquette qu'on n'écoute pas) pointe les incohérences et le manque de profondeur de l'enquête. Cette partie devient donc un film de procès (plutôt réussi et haletant) où l'efficace Maureen surprend par sa froideur et un certain mutisme (on voit bien Isabelle là, non ?) alors qu'elle était si bavarde. Protégée H24 par la police puis brusquement plus, elle n'est pas au bout de ses peines.

Deux films en un donc, que j'ai trouvé efficace, énergique et parfois bien flippant sans réalisation particulière et à la toute fin des inscriptions sur écran nous informe de l'issue des tractations avec les entreprises du nucléaire chinois...

Commentaires

  • Non, je me suis mal exprimée. Maureen Kearney doit avoir sensiblement le même âge qu'Isabelle mais à l'écran, Isabelle est lisse, pâle comme si elle était constamment derrière une espèce d'écran opaque et flou. Pas UNE ride (sauf autour de la bouche quand la caméra s'approche un peu trop).
    Le film est intéressant.

  • O.K. je comprends mieux. Un film qui peut m'intéresser, mais je n'ai pas envie de ressortie complètement démoralisée ...

  • Ce n'est pas démoralisant même si ça met en colère de voir comment les femmes sont encore traitées (rien de nouveau sous le soleil) et rassurant de voir comme elles sont combatives.

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