INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS / RETOUR À SÉOUL
INTERDIT AUX CHIENS ET AUX ITALIENS d'Alain Ughetto ***
Avec Ariane Ascaride et Alain Ughetto
La famille du réalisateur est originaire d'Italie, du Piémont exactement. Au début du XXème siècle les mauvaises conditions de vie et l'absence de travail forcent la famille à traverser les Alpes et à rejoindre la France où le travail ne manque pas. Les italiens représentent une main-d'oeuvre très recherchée dans ces années de grands travaux, notamment la construction d'un barrage. Mais comme l'indique l'écriteau à la devanture d'un café, ils ne sont pas forcément les bienvenus.
C'est près d'un siècle d'histoire que l'on traverse dont deux guerres mondiales, le fascisme et Alain Ughetto a imaginé son récit comme un dialogue avec sa grand-mère Cesira. Il a choisi de mettre en scène la vie difficile de ses ancêtres en bricolant des décors en bois et en carton et en animant des petites marionnettes magnifiques en pâte à modeler aux très grands yeux qui ne sont pas sans rappeler les personnages de Ma vie de Courgette. 9 années de travail.
C'est très beau et parfois la grosse main du réalisateur entre dans le décor lorsque sa grand-mère lui offre un café ou pour récupérer une chaussette qu'elle lui a raccommodée. On sourit à l'évocation du Tour de France qui passait à toute vitesse non loin de la maison familiale. On s'émeut devant les difficultés, la faim souvent et la mort des enfants de maladie. Et on s'émerveille devant tant d'inventivité et ce bel hommage à la famille de Daniel Ughetto. J'ai beaucoup apprécié le petit coup de griffe envers la religion. La grand-mère dit : "ils n'ont jamais été maigres les curés !" C'est vrai qu'ils se déplaçaient de maison en maison pour réclamer une sorte de dîme sous forme de denrées alimentaires qui étaient pourtant rares. Amen.
C'est Ariane Ascaride qui conte l'histoire en voix off et échange parfois avec son petit-fils de fiction. C'est vraiment chouette. Elle dit à peu près : "les racines ce n'est pas un pays où l'on retourne, c'est l'enfance". J'adore !
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RETOUR A SEOUL de Davy Chou *
Avec Park Ji-min (II), Oh Kwang-rok, Guka Han, Louis-Do de Lencquesaing
Freddie, jeune femme de 25 ans, née en Corée et adoptée alors qu'elle était encore bébé par un couple français se retrouve à Séoul, tout simplement parce que l'avion qui devait l'emmener au Japon a été annulé. ça tombe bien, elle va en profiter pour tenter de retrouver ses parents biologiques. C'est d'une simplicité même si, sur place, ça paraît un peu compliqué...
C'est LE film immanquable de cette semaine avec Tàr !!! Alors moi bonne élève, je fonce. Impossible de manquer un immanquable ! Et bien, on peut dire que pour moi ce fut (on dit ce furent ?) deux épreuves. Si le personnage de Tàr était antipathique, celui-ci est déplaisant au possible. Je crois qu'il y a une différence entre antipathique et déplaisant. Déplaisant, c'est pire et Freddie m'a mise mal à l'aise pratiquement tout le temps. Je n'ai pas DU TOUT adhéré à la... à la quoi au fait ? Quête d'identité de cette fille qui fait la gueule tout le temps, n'exprime jamais le moindre sentiment, la moindre émotion. A nous de deviner. Par contre pour être désagréable, incorrecte, inutilement méchante elle répond présente. Une amie coréenne lui explique quelques règles de savoir-vivre coréen, elle lève les yeux au ciel et fait tout l'inverse tout à son plaisir de choquer les témoins de la scène. Les années passent, huit années si j'ai bien compté, elle change de look (se prend pour Irma Vep) de métier, remercie son petit ami de la soutenir, de l'accompagner lorsqu'elle doit revoir son père et lui balance dans la scène suivante et sans raison, deux fois, au cas où il n'aurait pas compris : "je peux me débarrasser de toi en un claquement de doigt".
Ce n'est pas à proprement parler un film sur l'adoption et les retrouvailles de personnes qui ont vécu à des milliers de kilomètres les unes des autres pendant très longtemps et j'imagine bien que chaque situation, chaque cas est unique. Davy Chou choisit de nous raconter celui de cette fille (mais inspiré d'une histoire vraie...) en pétard, imprévisible mais complètement opaque, fermée, indéchiffrable n'exprimant jamais d'émotion sauf celle de l'agressivité.
J'ai apprécié les scènes au centre d'adoption et la douceur, la gentillesse des personnes qui reçoivent Eddie et lui expliquent le fonctionnement des recherches ainsi que les moments de choc des cultures entre la famille coréenne et Freddie devenue plus parisienne que parisienne. J'ai détesté ses coucheries sans amour et sans intérêt, les nombreuses scènes de soirées alcoolisées dans des bars ou des boîtes de nuit. Mais, sauf erreur ou endormissement, personne ne vomit. Au bout d'un moment, ça va, on a compris. Ah oui, et brusquement, cette fille qui n'a aucun ami et n'aime pas fêter ses anniversaires (ça lui rappelle trop sa maman) se retrouve à une fête organisée à son insu où il y a 50 personnes. Un détail mais bon...
Bref, Freddie ne m'a ni touchée ni émue et je n'en avais vraiment rien à faire de son histoire. Dur non ? Mais deux heures parfois, que c'est LONG !
Commentaires
Moi aussi j'ai été embarqué par ces petites marionnettes et la belle et touchante histoire de cette famille.
La quête de ses origines était un sujet qui m'attirait et je pensais alller voir ce retour à Séoul. Par manque de temps j'irai voir plutôt la chef d'orchestre. Celle de banlieue, pas du Japon.
Aucun idee concernant fut/furent. Cela fut / ces deux films furent une dure épreuve...
J'ai des petites marionnette qui y ressemblent. J'aimerais qu'elles bougent. J'ai l'impression que les origines on y revient toujours mais que oui, c'est un retour vers l'enfance.
Pour Séoul, il faut peut-être te fier à l'avis général.
Et trouve du temps pour Asada.
Merci d'avoir planché sur fut furent :-)
On dit "ce furent" oui. Autant les marionnettes me plairaient, autant la Coréenne m'insupporterait. On verra ce que je peux faire cette semaine, en fonction des jours et des horaires. J'ai des cinémas qui ont une programmation tellement fournie que ça devient acrobatique de trouver LA bonne séance au bon moment.
Je crois que la franco coréenne (attention, ne l'énervons pas) t'agacerait beaucoup :-)
Il me semble que l'immanquable du moment (si tu ne dois en choisir qu'un) est Asada. Oui je sais j'insiste lourdement. Mais vue la longueur de Interdit aux chiens... (1h10), tu peux enchaîner les deux. Comme une festivalière :-)
P.S. : ce furent, c'est chic :
Cet "Interdit aux chiens" m'a bien plu. Ce n'est pas une animation clinquante, mais elle est tout de même bien foutue, avec un gros boulot à la clé. Il y a de l'humour, de la nostalgie... et du fond.
C'est sûr, ça n'a rien de clinquant mais j'adore ces petites marionnettes et les paysages aussi sont très beaux.
Coucou, je reviens sur le film Retour à Séoul que j'ai visionné dans l'avion et bien j'ai beaucoup aimé ce film. Il m'a émue et j'ai chialé. Cette jeune femme était une jeune femme en colère. On ne peut imaginer ce que l'adoption peut engendrer... Et aussi le choc des civilisations entre la France et la Corée.
Bisous Pascale
Hello didi.
Ah oui, je suis totalement passée à côté des souffrances de ce personnage antipathique.