HOURIA - THE QUIET GIRL
Deux filles très silencieuses.
HOURIA de Mounia Meddour **(*)
Film hors compétition - France/Belgique/Algérie
Sortie le 15 mars 2023
Avec Lyna Khoudri, Amira Hilda, Douaouda, Rachida Brakni
A Alger de nos jours Houria est femme de ménage le jour mais surtout une danseuse classique de talent qui prépare un spectacle inspiré du Lac des cygnes. La nuit, elle participe à des paris clandestins et assiste à de violents combats de boucs aux noms charmants (Poutine, Ben Laden, Trump ou Obama). Cela donne lieu à des répliques telles que "Trump s'est échappé... Obama va prendre sa retraite"... Un soir, Ali, un sale type observe qu'Houria a gagné gros. Il la suit et l'agresse violemment pour lui voler son butin. Gravement blessée, après un séjour à l'hôpital, elle va devoir réapprendre à marcher, se reconstruire physiquement mais aussi psychologiquement. Elle comprend que ses rêves de danse classique sont anéantis et suite à ses blessures ou au traumatisme de l'agression, elle ne peut plus parler. Lors de ses séances de rééducation, elle croise la route d'un collectif de femmes également brisées par différents drames. Ensemble, elles vont s'unir pour tenter de se "reconstruire". Houria va les initier à la danse. Cet art va les aider à surmonter leurs traumatismes.
Comme pour Papicha, la réalisatrice a fait appel à la merveilleuse Lyna Khoudri et comme pour Papicha, je suis restée sur ma faim. J'en ai presque honte face une nouvelle fois à la générosité du projet. Le début du film est très prometteur puis il se met à suivre une multitude de pistes et de sujets et frustrent d'en abandonner certains en route. Notamment celui du personnage d'Ali, terroriste repenti mais toujours grand délinquant parfaitement connu des services de police mais qui le remettent en liberté. La police est montrée comme parfaitement incompétente avec une forte propension à la paresse même si la cheffe de la police est une femme. Surgi le personnage d'une ex militante des droits des femmes dont la réalisatrice ne fait rien. Et toute cette joliesse du groupe de femmes qui danse pieds nus dans de jolis voilages au bord de l'eau en riant de toute cette complicité finit un peu par sonner faux. Ce qui n'est bien sûr qu'une impression car on ne peut mettre en doute la sincérité. Mais faire du joli avec tant de peine et de luttes, parfois ça ne va pas ensemble. Contrairement à Papicha la réalisatrice laisse une minuscule place à quelques hommes qui ne ressemblent pas à des prédateurs ou des gros enfoirés mais on sent bien que cette partie de l'humanité l'embarrasse un peu. L'apparition de ces hommes qui aiment regarder danser les filles ressemble plus à un sketch sensé être drôle. Finalement en ratissant si large aucun sujet n'est approfondi. Et surtout, le personnage de la magnifique et si rare Rachida Brakni tellement émouvante et combattive dans le rôle de la mère d'Houria est laissé de côté.
La réalisatrice aime à la folie son actrice principale, on la comprend et on partage son amour tout comme on comprend qu'elle ait envie de parler de la place des femmes malmenées dans son pays mais...