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EMMETT TILL

de Chinonye Chukwy ***
Affiche du film Emmett Till - Photo 4 sur 15 - AlloCiné

Avec Danielle Deadwyler, Jalyn Hall, Whoopi Goldberg

Emmett 14 ans et sa maman Mamie vivent des jours heureux à Chicago.

Lorsque la grand-mère d'Emmett lui propose d'aller passer quelques jours de vacances chez ses cousins dans le Mississippi, Mamie est inquiète. Elle donne beaucoup de consignes à son fils sur la façon de se comporter avec les blancs pour éviter le moindre ennui. Mamie avait raison de s'inquiéter. Trois jours après avoir complimenté et sifflé une jeune femme blanche qui tient une épicerie, Emmett est emmené de force par des hommes (blancs et noirs) qui le séquestrent, le battent sauvagement, lui tirent une balle dans la tête et le jettent dans une rivière proche.

Cela se passe en 1955 et la loi fédérale nommée Emmett Till Antilynching Act qui condamne tout acte de lynchage est promulguée le 29 mars 2022 par Joe Biden ! 67 ans donc après le meurtre du jeune homme. Même si pour le jeune Emmett, il ne s'agit pas de violence policière, son histoire évoque sans difficultés celles de George Floyd (2020), Keenan Anderson (décembre 2022), Tyre Nichols (janvier 2023) pour ne citer qu'eux. Ils sont morts sans raison récemment, juste par un déchaînement de haine et de racisme. Ici, on parle d'un enfant de 14 ans.

Lorsque Mamie récupère son fils mort, son corps et son visage sont boursouflés, complètement déformés par la violence des coups. Elle décide contre toute attente de garder le cercueil ouvert et de laisser les journalistes prendre son fils en photo afin de montrer au monde entier l'horreur des sévisses. C'est le premier acte de courage de cette mère qui accepte d'exposer ainsi son enfant. De ne pas le garder pour elle seule et en faire ainsi un acte d'intérêt public. Dès après les obsèques, elle s'engage dans le mouvement pour les droits civiques et milite pour la NAACP (National Association for the Advancement of Colored People (Association nationale pour la promotion des gens de couleur)). Cette association créée en 1909 a pour mission d' «assurer l'égalité des droits politiques, éducative, sociale et économique de tous les citoyens et éliminer la haine raciale et la discrimination raciale ».

Le film évoque avec une grande force la puanteur raciale qui régnait alors dans le Mississippi. "Quelle est cette odeur ?" se demande un journaliste qui s'approche de la maison où repose la dépouille d'Emmett. "C'est l'odeur du corps de mon fils, l'odeur de la haine" répond Mamie. Si on fait un peu la connaissance d'Emmett, un garçon adorable qui aimait chanter les standards de l'époque, et qu'on le revoit au cours de quelques flash-backs, la réalisatrice s'attache surtout au parcours de la mère en deuil de son enfant. De son chagrin, de sa colère, de son courage, elle fait un film puissant et poignant, toujours digne et il est difficile de ne pas être submergé parfois par l'émotion. Après quelques recherches, on s'aperçoit que le récit est un peu édulcoré en ce qui concerne le père, présenté ici comme un héros de guerre mort au combat. La réalité est différente mais ce n'est guère important.

La réalisatrice nous épargne le calvaire d'Emmett même si la façon dont ses tortionnaires viennent l'enlever à sa famille (et l'oncle doit ici faire un véritable Choix de Sophie...) est d'une brutalité sans nom. Mais elle nous montre son corps et son visage (les photos sont trouvables sur Internet). On est révulsé, dégoûté, indigné. Il n'y a pas de mot face à cette exécution pas plus qu'on ne peut en trouver sur ce suprémacisme blanc qui sévit toujours.

La reconstitution d'époque est magnifique. Le procès des meurtriers qui sont identifiés est une parodie révoltante de justice. Le plus choquant est de voir la moralité de la mère du jeune homme mise en doute comme si c'étaient elle et son fils les accusés. On comprend qu'elle n'attende pas le verdict choquant du procès...

La dame qui a accusé Emmett est toujours en vie. C'est une octogénaire qui affirme aujourd'hui que "rien de ce qu'a fait Emmett ne justifiait ce qu'il a subi". On n'aimerait pas voir l'état (ou la couleur) de sa conscience. 

L'interprétation de Danielle Deadwyler (la maman), Jalyn Hall (Emmett) et Whoopi Goldberg (la grand-mère) est admirable.

Commentaires

  • Le genre de film que l'on ne va pas voir d'un coeur léger, sachant qu'aujourd'hui on n'a pas fait d'énormes progrès, voire régressé.

  • J'avais peur qu'on voit le meurtre mais on est loin, on ne voit rien, on entend...
    J'étais également intriguée par le procès. C'est au-delà des mots.

  • L'empathie passe un peu aux forceps (Emmett est un ange adorable !), c'est un peu manichéen mais c'est une histoire forcément aussi effroyable que déchirante qui ne peut que toucher

  • J'imagine bien la mère dire : mon fils était un gros connard.

  • Un tel sujet ne peut que frapper les esprits sur un écran de cinéma. Le plus triste dans l'affaire, c'est qu'elle résonne encore tellement avec les évènements récents que c'en est désepérant.

  • Oui le film est très bien fait.
    Hélas, ce racisme gluant se rappelle à nous régulièrement.

  • C'est un film nécessaire, ne serait-ce que pour comprendre à quelles extrémités conduit le racisme, quand il est accompagné du sentiment d'impunité. Le film n'est pas sans défaut (hyper-classique dans la forme, un peu trop larmoyant parfois, réécrivant un peu l'histoire à la marge), mais il est bien construit, bien interprété (en particulier par l'actrice principale) et il dégage de fortes émotions.

  • Je suis d'accord avec ce que tu dis. Le jeune garçon joue super bien aussi.
    Mais quelle misère ce racisme !

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