L'ASTRONAUTE
de Nicolas Giraud ****
Avec Nicolas Giraud, Mathieu Kassovitz, Bruno Lochet, Hélène Vincent, Ayumi Roux, Hippolyte Girardot, Jérémy Renier
Ingénieur doué en aéronautique chez ArianeGroup, Jim s'est vu recaler à un concours et n'a pu partir dans l'espace. L'élu fut un certain Thomas Pesquet.
Jim (Nicolas Giraud) était le troisième, celui dont on ne parle pas. Mais il n'a pas renoncé à son rêve d'espace et depuis 8 ans dans la grange de la ferme de sa grand-mère (Hélène Vincent) avec qui il vit, il construit sa propre fusée simplement aidé d'un doux dingue passionné de modélisme (Bruno Lochet). Il fait appel à un astronaute retraité, Alexandre Ribbot (Mathieu Kassovitz) qui s'est retiré dans un endroit perdu très haut dans la neige, près des étoiles. Ensemble ils vont perfectionner le projet et même s'il n'aime pas trop partager son secret, Jim s'adjoint également l'aide d'une jeune mathématicienne surdouée qui l'a hacké et a ainsi découvert son secret (Ayumi Roux).
Ci-dessous l'équipe de doux dingues :
car oui il faut avoir sans doute une part de folie dans la tête pour ne pas lâcher cette espèce d'utopie.
Pour participer et adhérer au projet en tant que spectateur, il est conseillé d'abandonner une partie de sa logique et de son esprit rationnel. Car même si le réalisateur a été accompagné dans son scenario d'un authentique astronaute (Jean-François Clervoy) et s'est vu ouvrir les portes d'ArianeGroup pour que le film soit le plus scientifiquement réaliste possible, certaines facilités scénaristiques ont été nécessaires pour qu'on puisse voir la fusée grandir et (peut-être) décoller. Mais quel film n'en utilise pas ?
Alors oui, pour imaginer qu'ArianeGroup se laisse "voler" du matériel (on parle de 800 000 €uros quand même) sans rien voir pendant huit ans, croire qu'on puisse construire une fusée dans une grange, la déplacer, installer une aire de lancement... il faut laisser sa logique et sa rigueur devant la porte. Et les reprendre après, si on y pense encore car ce film vous transporte dans les étoiles et on atterrit pas tout de suite. Parce qu'on ne s'y attend pas. Parce qu'au départ j'allais voir ce film pour les acteurs. Ils sont merveilleux (mention spéciale à la merveilleuse Hélène Vincent) mais je pensais tomber sur un film trop scientifique pour mes neurones plutôt littéraires. Et bim... le rêve, les étoiles, le voyage ! Et dans un monde en phase terminale (mode optimiste activé) s'envoler, même en rêve et découvrir qu'on est sur un petit caillou somptueux perdu au milieu de l'obscurité, c'est infiniment émouvant.
Cette beauté fout la chair de poule, non ? :
La première partie se suit avec intérêt et curiosité. On s'attache aux personnages. A ce Jim qui sourit peu, tout absorbé par son rêve fou, encouragé par une grand-mère de rêve, rejeté par son père qui ne comprend rien et regrette que ce soit son grand-père qui lui ait mis ces idées dingues dans la tête, et soutenu par une mère qui craint pour la vie de son fils mais refuse qu'il renonce à son idéal. Car oui, c'est Jim qui sera à bord de la capsule lorsqu'elle décollera. Si elle décolle. Les essais alternent échecs et réussites. L'entraînement est corsé et pour la scène impressionnante où Jim "est enchaîné lourdement et jeté au fond de l’eau avec un trousseau de 70 clés, dont trois seulement pouvaient ouvrir les cadenas qui l’emprisonnaient", Nicolas Giraud n'a pas été doublé : "Ce n’était pas pour effrayer l’équipe - je savais avoir suffisamment d’énergie et d’oxygène pour m’en sortir - mais je voulais vivre cet état de stress auquel doivent répondre les astronautes en mission."
Alors on se met à y croire après avoir douté car tout en délaissant en grande partie le côté spectaculaire, même si quand même il arrive que... le réalisateur distille de solides bases scientifiques dans son propos. Et puis il est épaulé par un solide casting qui nous y fait croire et nous donne envie de faire partie du collectif. Aucun acteur ne prend l'ascendant, ils sont uniques et pourtant ne font qu'un, arrimés à la même inaccessible étoile. Quelques instants de Jérémy Renier (l'acteur parfait) et jusqu'à un chef (Hippolyte Girardot) d'ArianeGroup qui ne peut déontologiquement participer mais osera ce magnifique :
"Je ne suis au courant de rien.
Mais je veux tout savoir".
Un grand petit film français splendide, désarmant, TRES émouvant qui fait côtoyer l'immensité, n'est-ce pas une rareté ? Lors du dernier quart d'heure, accrochée au fauteuil, bouche ouverte, la tête tournée vers le haut, l'âme souriante, j'avais envie d'enlacer un arbre, de caresser les étoiles, et brusquement la vue se brouille.
J'ai pleuré comme ça ne m'est pas arrivé depuis longtemps au cinéma.
Merci donc à Nicolas Giraud de nous propulser dans les étoiles.
Commentaires
Complètement d'accord avec toi, très très joli film, mon n°1 de l'année à ce jour, très beau moment... Je mettrais même un peu moins de réserve sur le réalisme, c'est très documenté, le poste d'ingénieur permet bien des choses,... C'est cette légère utopie "plausible" qui permet justement au film de faire rêver... Mais vraiment un film magnifique
Moins de réserves ? C'est rare de ta part, mais ce film m'a transportée.
Il faut vraiment se pincer pour croire à une telle histoire sur le papier. On croirait plutôt un rêve de gosse. C'en est un, certainement. J'avoue, tu m'as donné envie.
Oui c'est un rêve de gosse et franchement, tu devrais embarquer. Tu auras du mal à descendre du module ! Et je suis convaincue que tu adorera(i)s.
Il ne passe pas dans mes salles, il va falloir que j'aille dans un multiplexe. Je vais attendre la fin des vacances scolaires.
Je trouve qu'il y a vraiment peu de monde en salle pour ce genre de films. Chez moi aussi il n'est sorti qu'au multiplexe. Incompréhensible.
Très joli film. Vu hier. Nous n'étions que trois dans la salle...
Je ne me serais pas attendu à voir Mathieu Kassovitz là-dedans ! Hélène Vincent est formidable, comme tu l'as dit, et le reste du casting (y compris les "moins connus") est très bien aussi.
Effectivement, à la fin, difficile de redescendre !
Matthieu Kassovitz est un merveilleux acteur je trouve. Le côté rêveur lui va bien.
Contente que tu l'aies vu.
C'est un film qui fait décoller en effet.