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THE FABELMANS

de Steven Spielberg *****

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Avec Gabriel LaBelle, Paul Dano, Michelle Williams, Seth Rogen, Chloe East

A six ans en 1952 Sam Fabelman va au cinéma avec ses parents pour la première fois. Il pleure beaucoup car il redoute l'écran géant et toutes les choses géantes qu'il va y voir.

Pour tenter de le rassurer, son père lui donne quelques explications scientifiques sur le fonctionnement de ces images animées qui ne sont qu'une illusion d'optique (je résume grossièrement) tandis que sa mère, des étoiles plein les yeux lui vante le bonheur d'assister à un spectacle magique. Finalement, yeux écarquillés et bouche (très grande) bée Sam découvre le merveilleux film de Cecil B. DeMille The greatest show on earth (traduit chez nous par Sous le plus grand chapiteau du monde) Golden globe et Oscar du meilleur film à l'époque.

Je revois régulièrement ce film monumental et s'il en reste quelques-uns parmi vous qui ne le connaissent pas, je vous le recommande vivement. Commencer sa cinéphilie par un tel spectacle est une chance inouïe. Les parents de Stev... Sam ont vraiment fait un excellent choix. Le spectacle, le technicolor et le casting (Charlton Heston, Betty Hutton, Cornel Wilde, James Steward, Gloria Grahame, Dorothy Lamour entre autres) sont prodigieux. Fin de la parenthèse (même pas ouverte).

La vision de cette féerie rend Sam presque mutique mais la scène de l'accident de train, très spectaculaire suscite chez l'enfant quelques nuits blanches et cauchemars. C'est donc par un traumatisme que Sam entame sa vie qu'il consacrera au cinéma. Sa mère lui offre une petite caméra et lui propose de reconstituer l'accident traumatisant grâce au train miniature qu'il a reçu en cadeau à hanouka. Il pourra ainsi filmer, revoir l'accident autant qu'il le souhaite et ainsi mesurer la distance entre réalité et fiction. Ou accorder la juste valeur aux images. Ce moment de la reconstitution est une scène enthousiasmante comme toutes celles au cours desquelles Samy filme ses 2 puis 3 soeurs, puis ses copains selon des scenarii qu'il imagine ou évoquant par exemple "la guerre de son père" dans un court-métrage qui conjugue déjà maîtrise, action et grande émotion. Car dès lors Sam sera toujours armé de cet instrument étrange qu'est la caméra qui filme ce que le réalisateur voit, et plus encore sans que parfois il s'en doute. C'est par "l'oeil" de la caméra qu'un secret de famille lui sera révélé, fondateur et bouleversant pour le jeune homme, et lui fera d'ailleurs un temps abandonner l'objet trop indiscret.

Sam vit dans une famille unie. Ses parents bien que mal assortis s'aiment et aiment leurs enfants. Les soeurs sont un peu en retrait (dans le film) mais de toute façon, le centre du monde ici c'est Sam et sa passion dévorante, envahissante, incontournable. Le père de Sam (Paul Dano, formidable), comme celui de Steven, est un précurseur dans le domaine informatique. Sa mère (Michelle Williams) est pianiste mais avec quatre enfants a dû renoncer à ses rêves de concertiste. Elle soutient Sam dans tout ce qu'il entreprend et s'émerveille à chaque fois qu'elle découvre les films de son garçon. Fantasque, joyeuse et imprévisible elle cache un secret. Si elle trouve qu'elle a le mari le plus gentil du monde, ce dernier qui rêve que son unique fils fasse des études, vénère littéralement sa femme et s'extasie dès qu'elle pose ses mains sur le clavier du piano ou danse à demi nue à la lumière des phares de voiture.  L'ami de toujours, omniprésent (Seth Rogen, vraiment très bien) observe et participe à la vie de la famille dans toutes les occasions. La relation très fusionnelle entre Sam et sa mère sera quelque peu mise à mal au moment du drame...

Le film tourne autour de l'enfance et de l'adolescence de Sam, avatar évident de Spielberg, et de sa vocation, et il est dédié à Leah et Arnold ses parents disparus il y a peu. Loin de toute entreprise spectaculaire Spielberg a choisi la réserve et la simplicité tout en appliquant un sens du récit inattaquable, parfaitement maîtrisé. On est aimanté à ce récit d'un apprentissage peu commun qui semble transformer l'obsession en passion. Lettre d'amour à ses parents, à sa famille mais aussi au cinéma et parfois même au sien. Un seul plan d'ados à vélos suffit à nous replonger directement dans l'aventure d'E.T. mais ici personne ne s'envole et les difficultés scolaires, l'intégration impossible dans un lycée californien ("j'ai l'impression d'être au pays des humains séquoias géants" dira Sam) peuplé de bellâtres antisémites ne sont pas esquivées.

On est souvent ému, car les difficultés familiales sont bouleversantes pour Samy et l'on comprend pourquoi dans de nombreux films de Spielberg la recherche d'une enfance heureuse se heurte à l'indifférence tenace des adultes souvent présentés comme des êtres mystérieux, incohérents. Mais on rit franchement aussi, notamment lorsque Spielberg évoque son éducation sentimentale. La rencontre avec Monica, en terminale comme Sam et amoureuse de Jésus, quasiment en lévitation à l'idée d'avoir rencontré un juif (comme Jésus donc) fait partie des meilleurs moments du film (qui d'ailleurs ne compte que des meilleurs moments pour faire simple). Chloe East qui interprète cette folle de Jésus hilarante est avec Gabriel LaBelle qui interprète Samy, la révélation du film. Toute l'interprétation est unanimement parfaite. Mais le jeune Gabriel LaBelle est particulièrement impressionnant par son charisme et son naturel pour ce rôle écrasant.

Dans un film relativement intimiste, plutôt humble finalement, refusant tout spectaculaire tout en proposant des images fabuleuses, une lumière, une musique... le grand Spielberg nous murmure à l'oreille que le cinéma est fascinant et nous offre en guise de cerise sur le gâteau une dernière scène gourmandise tellement emballante qu'elle a vocation à être culte. Un cinéaste (en retrait depuis quelque temps, je ne l'ai pas reconnu et je vous souhaite de n'avoir rien lu à ce sujet pour avoir la surprise) personnifie tout en mimétisme et tendre raillerie le plus grand réalisateur de l'époque pour nous rappeler que le cinéma c'est avant tout de la magie.

Inexplicable donc.

Merci !

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Je vous encourage également à voir le formidable documentaire actuellement disponible en replay sur France 5 jusqu'au 24 juin, Où est parti E.T. ?

Avec "E.T., l'extra-terrestre" en 1982, Steven Spielberg révolutionne le cinéma de divertissement en réalisant le blockbuster sur l'enfance. Quarante ans après, cette histoire universelle, tournée à hauteur d'enfant, continue d'inspirer toute une génération bercée par l'univers du film. Derrière la machine hollywoodienne et ses produits dérivés se cache un conte moderne impérissable au questionnement philosophique : comment grandir sans trahir l'enfant qui est en nous ? A l'aide d'archives et d'extraits du film, des cinéastes, des artistes et des spécialistes tentent de répondre à cette question.

Commentaires

  • Je vais le voir la semaine prochaine. Ta critique est à l'image de ses 4,9 étoiles sur Allociné. J'espère ne pas être déçue avec tant d'enthousiasme !

  • Un très joli film... Passionnant quand il s'agit de Sam qui se passionne et qui devient réalisateur en herbe, peu intéressant quand on est dans la crise conjugal...

  • Cette "crise" est pourtant la base du traumatisme et de la cinématographie de Spielberg et si, elle est fort intéressante.

  • J'ai relu en diagonale mais il me semble que tu n'as pas changé une virgule de ton article ?
    Je m'aperçois que je n'ai même pas mentionné Seth Rogen dans mon article. Ce "trouple" est décidément étonnant, et surtout la réaction de Paul Dano dans tout ça.

  • Anéfé, j'ai dû modifier une ou deux tournures lourdingues mais pas plus. Ne cherche pas.
    Oui Seth qui ne m'avait jamais impressionnée est particulièrement bon. Je pense que le père Fabel préfère partager plutôt que de ne plus avoir sa pianiste sous les yeux. Et la partie conjugale est vraiment formidable je trouve.

  • Je ne suis pas aussi enthousiaste. Je suis d'accord avec la présence de nombreux moments marquants, bien mis en scène. Mais l'histoire de couple (et même de trouple)... J'ai trouvé cela surligné, ennuyeux... et plus ou moins bien joué (Dano TB, mais Michelle en fait un peu trop à mon goût, sans parler de Rogen, qui surjoue). Tout ce qui concerne la mère est hyper-prévisible et limite théâtral.

    En revanche, j'ai apprécié les premiers pas du futur cinéaste, avec ses soeurs, sa famille, ses compagnons scouts... jusqu'au bal de fin de lycée.

    Bref, y a à boire et à manger, mais ce n'est clairement pas le meilleur Spielberg.

  • Le divorce des parents est tellement fondateur pour Spielberg. Je trouve cette partie et cet angle vraiment très intéressants.
    Mais comme toi je trouve Michelle Williams parfois pénible. Par contre Paul Dano est vraiment EXTRA et j'ai plutôt trouvé Seth Rogen bien sobre.
    Les ressentis...

    Mais évidemment tout ce qui concerne Steven Sami, son enfance, son adolescence, ses sœurs, ses débuts c'est PASSIONNANT. Jusqu'à cette dernière merveilleuse scène.

    Parmi les meilleurs selon moi mais je serais bien incapable de faire un classement.

  • Un très beau film, intimiste, sur le cinéma et surtout le rêve qu'il apporte dans les yeux des enfants et des plus grands. Tout en simplicité mais avec de belles tranches d'émotions et d'humanité qui permet de décentrer l'horizon en haut, ou en bas. Jamais au centre.

  • JAMAIS.
    Depuis je décentre mon horizon, ça change la vision des choses, et la vie ! Merci Steven et John.

  • Et David ;-))

  • David bien sûr. Formidable, j'avais envie de l'aider à allumer son cigare :-)))

  • Coucou,
    et bien voilà je crois que j'en attendais beaucoup ... Alors j'ai aimé certaines scènes mais d'autres moins déstabilisant l'harmonie générale.
    Les scènes très chouettes : la danse de la mère, les conseils de l'oncle Boris, l'humour de la belle-mère, les expérimentations des enfants, le premier baiser sous l'œil de Jésus, les trouvailles cinématographiques et de direction des scénaris, la leçon de John Ford.
    Mais j'ai eu du mal avec l'histoire du couple des parents... Cette subjectivité forcément présente chez Spielberg qui raconte sa vie et celle de sa famille, l'a sans doute poussé a plus de bienveillance envers ceux ci....
    Voici mon ressenti pour ce film d'un réalisateur que j'admire beaucoup.
    Bonne soirée, bisous

  • Parmi les scènes qui t'ont plu certaines ne m'ont pas enchantée et notamment je trouve que Michelle Williams en fait trop. Et je ne trouve pas que la belle mère a de l'humour.
    J'adore l'histoire de ces parents qui s'aiment et ne sont pas faits l'un pour l'autre. Et ce divorce est tellement présent dans l'œuvre de Spielberg notamment dans ET.
    J'espère que ce n'est pas mon enthousiasme qui t'a gâché le plaisir si tu as lu avant.
    J'adore ce film et l'ai revu avec encore plus de plaisir.

  • Nous attendions ce Spielberg autobiographique qui raconte sa passion précoce pour le cinéma. On comprend mieux en effet certains thèmes récurrents de son œuvre. La distribution est homogène. Bien qu’intimiste, c’est un vrai film de cinéma qui mérite ses 5 * :)

  • C'est merveilleux je trouve qu'un enfant découvre ce que sera sa vie à 6 ans et Spielberg raconte ça avec la maîtrise et la magie qu'on lui connait.
    C'est tellement enthousiasmant ce film.

  • Bonsoir,
    non non ce n'est pas ton enthousiasme qui m'a gâché le plaisir et je n'ai pas été totalement déçue tout de même. Les sensibilités des uns et des autres font la richesse des femmes et des hommes.
    Bisous

  • Oooooh c'est beau :-) bonne soirée.

  • Bonjour Pascale, j'ai vu le film hier soir. Je suis beaucoup moins enthousiaste que toi. La première heure m'a copieusement ennuyée et la pauvre Michelle Williams n'est pas gâtée entre son maquillage et sa coiffure et elle ne joue pas très bien. Bonne journée.

  • Bonjour dasola, Ah je l'ai trouvée captivante cette première heure, cette découverte du cinéma !!!
    Je suis d'accord, Michelle Williams a une coiffure immonde et parfois elle est un peu à côté de la plaque mais ça ne m'a pas gênée pour adorer ce film. Bonne journée.

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