de Quentin Reynaud ***

Avec Alex Lutz, André Dussolier

Simon (41 ans) et son père Joseph reçoivent une alerte d'évacuation. Une nouvelle fois un incendie de forêt proche de leur domicile les contraint à se mettre à l'abri.

Mais l'itinéraire indiqué par la police est brusquement cerné par les flammes et les véhicules se retrouvent à l'arrêt dans un embouteillage monstre. Le brasier s'amplifie peu à peu. Simon et Joseph qui semblaient avoir une relation rompue, se parlent, se rassurent et évoquent à mots parfois couverts le traumatisme profond qui a secoué la famille.

Après avoir fait d'Alex Lutz un tennisman au corps brisé dans 5ème set, Quentin Reynaud l'enferme cette fois dans une voiture entourée par les flammes en compagnie d'André Dussollier. Excellente idée car le compagnonnage entre le réalisateur et son acteur principal est plutôt fructueux et de qualité. D'autant qu'il lui associe ici André Dussollier. Le lien filial de cinéma entre les deux hommes est plutôt cohérent et les deux acteurs placés un long temps en situation de huis clos sont impeccables.

Cette fois, le réalisateur fait preuve d'un étonnant sens prémonitoire car son film a été tourné un an avant les méga-feux destructeurs qui ont ravagé les Landes à l'été 2022. Il s'inspire donc plutôt des importants incendies de forêts qui ont embrasé la Californie l'année précédente. Et s'attache à nous faire vivre ces moments d'angoisse non d'un point de vue collectif mais de deux hommes immobilisés dans un véhicule cerné par l'incendie. 

Quentin Reynaud, avec une économie de moyens évidente parvient à nous placer au coeur du brasier avec Simon et Joseph et à nous faire partager leur patience, leur espoir puis leurs angoisses à mesure que les flammes approchent et les ceinturent. Plus que l'incendie lui-même, il nous fait vivre les couleurs et les bruits de l'incendie. C'est terrifiant. On verra un animal en feu, un homme transformé en torche vivante, des oiseaux qui tombent et cette pluie de cendres incessante qui donnent aux alentours, à la route, à la forêt des allures de fin du monde.

Contrairement à ce que j'ai lu, je n'ai pas trouvé les flash-backs qui évoquent la vie d'avant, le trauma familial, le cauchemar récurrent de Simon envahissants. J'ai également trouvé la relation apaisée par la situation entre le père et le fils particulièrement touchante, réaliste et belle. Et Joseph ancien militaire marin se révèle sécurisant lorsqu'il raconte à son fils ces histoires de globe-trotter et commence par "Je t'ai raconté le jour où...".

Qui ne rêverait de s'asseoir au coin du feu... non, pas le feu, au calme, et écouter André Dussollier raconter le jour où il a rencontré Audrey Hepburn ? Je m'égare.

Le film sous tension permanente se transforme en survival de haute tenue où Alex Lutz avec son physique de gringalet doit détacher une remorque bloquée sous une voiture, pousser un véhicule qui refuse de démarrer, traverser la forêt en feu...

C'est vraiment bien et follement efficace.