Littérature au cinéma : EMILY - LES TROIS MOUSQUETAIRES : D'ARTAGNAN
EMILY de Frances O'Connor ***
Avec Emma Mackey, Fionn Whitehead, Oliver Jackson-Cohen, Alexandra Dowling, Amelia Gething, Gemma Jones
Biopic d'Emily Brontë revu et corrigé par l'actrice et désormais réalisatrice Frances O'Connor.
La réalisatrice s'attaque donc à cette autrice aussi secrète qu'énigmatique dont il est fréquent d'entendre dire qu'on ne sait pas grand chose d'elle. Il est donc possible de s'indigner voire de crier au scandale compte tenu de toutes les suppositions émises ici. L'ambition de la réalisatrice est clairement de démontrer comment Emily en est arrivée à écrire ce chef d'oeuvre de la littérature mondiale que sont Les hauts de Hurlevent. Pour cela, elle s'appuie sur la relation fusionnelle qu'entretenait Emily avec son frère Branwell ce qui n'est pas inconcevable car il est sans doute plus que probable que ce frère toxicomane et velléitaire soit à l'origine du personnage de Heatcliff.
Là où les dents risquent de grincer (les miennes ont grinçouillé) c'est qu'elle prête à Emily une idylle passionnée avec un très séduisant pasteur qui vient seconder le père Brontë dans la paroisse. Or tous les biographes s'entendent pour dire qu'Emily n'a jamais connu la moindre idylle au cours de sa courte vie. Sauvage et indomptée, elle arpentait la lande à longueur de journées et avait créé avec ses soeurs le pays de Gondal qu'elles nourrissaient de personnages auxquels elles s'identifiaient et d'aventures fantasques.
Ce qui enrichit et rehausse le génie d'Emily Brontë c'est que justement sans avoir presque jamais quitté le presbytère et la lande alentour, sans rien connaître du monde et des choses de l'amour, elle a pu concevoir un roman et des personnages tels que ceux qui hantent Les hauts de hurlevents, ce chef d'oeuvre absolu de la cruauté, de la haine, de la vengeance et... de l'amour. Ici la réalisatrice semble nous dire qu'une fille aussi isolée, solitaire et asociale ne peut être un écrivain de génie que si elle a connu les affres d'un amour perdu. On a donc du mal à croire que l'Emily que l'on connaît ait pu tomber en pâmoison devant un être aussi moralisateur et rigide que le mignon William.
Par ailleurs, on sait que les trois soeurs étaient intimement liées et proches les unes des autres tandis que Branwell et Emily entretenaient une relation absolument passionnée de complicité et d'admiration réciproque mais platonique. La réalisatrice fait d'Emily et Charlotte qu'elle dépeint comme une fille froide, sèche et rabat-joie deux soeurs ennemies. Alors que la plus jeune, Anne (elle n'a qu'un an de moins qu'Emily) est présentée comme une petite fille timide très en retrait. Jamais on ne les voit enflammées par le souffle de l'écriture qui pourtant emplissait leur vie. Et leurs romans phares parus la même année semblent ici ne pas avoir été écrits en même temps mais en réaction les uns par rapport aux autres.
Et pourtant, malgré ces incohérences ou aberrations, j'ai fini par me laisser emporter par le romantisme échevelé du film. Tout ce qui porte un jupon dans la petite ville de Haworth dans le Yorshire est émoustillé par le séduisant William qui débarque. Dès son premier sermon lors duquel il feint une certaine timidité, voit Dieu jusque dans la pluie qui tombe (et la pluie tombe beaucoup et souvent dans le conté) toute la gent féminine soupire et frétille de plaisir. Emily lève les yeux au ciel (la cascade des yeux effectuée par l'actrice à ce moment est d'ailleurs plutôt effrayante) et c'est évidemment la seule qui résiste et s'oppose à lui qui va l'attirer. Les émois et élans amoureux d'Emily sont accompagnés d'une musique lyrique qui oblige presque à participer à ses frissons. Ses relations et les scènes avec son frère Branwell avec qui elle partage l'opium (encore une extravagance scénaristique je pense) et une forme de spleen existentiel sont les plus belles et les plus profondes. Les plus cruelles aussi notamment lorsqu'Emily dit à Branwell ce qu'elle pense de ses écrits. Il faut dire qu'Emma MacKey et Fionn Whitehead forment un couple de héros romantiques, exaltés, incompris, mal dans leur peau et auto-destructeur pour Branwell, absolument délicieux et crédibles.
La bonne idée est celle qui consiste à reproduire des scènes de la vie quotidienne d'Emily comme des copies exactes de certaines du livre : le fantôme qui surgit à la fenêtre, Branwell qui dit à Emily "je suis toi" résonne comme le "Je suis Heatcliff" de Cathy dans les Hauts, les soirées d'Emily et Branwell passées à espionner les riches voisins puis à être poursuivis par des chiens hargneux, comme Heatcliff et Cathy espionnaient les Linton... Rien que pour ces moments qui remettent le livre en mémoire et donnent envie d'en reprendre une fois encore la lecture, le film est loin d'être indigne et puis son romantisme, son romanesque emportent tout sur son passage.
Mais LE film sur les Soeurs Brontë reste celui de Téchiné avec Isabelle Adjani tellement vibrante et indomptable dans le rôle d'Emily.
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LES TROIS MOUSQUETAIRES : D'ARTAGNAN de Martin Bourboulon ***
Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Vicky Krieps, Eric Ruf,, Marc Barbé, Patrick Mille
Un jeune gascon de 18 ans sans le sou débarque à Paris. Il s'appelle Charles d'Artagnan.
Il n'a qu'un rêve, qu'une ambition, devenir mousquetaire du roi Louis XIII. A peine arrivé dans la capitale, le jeune homme que nous n'appellerons désormais plus que d'Artagnan bouscule un homme, puis un autre et rend un mouchoir compromettant à un troisième. Chacun le défie en duel le lendemain. Il s'agit d'Athos, Porthos et Aramis tous trois mousquetaires. Mais le lendemain les quatre hommes s'unissent pour affronter les gardes du terrible Richelieu qui les surprennent alors que les duels sont interdits. Les quatre hommes viennent à bout des sbires du cardinal, se jurent fidélité éternelle (un pour tous, blablabla) et d'Artagnan entre comme cadet dans la compagnie de Monsieur de Tréville, capitaine des mousquetaires du roi. D'Artagnan trouve un logement et fait la rencontre de Constance Bonacieux, lingère de la Reine Anne d'Autriche. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes mais rien n'est simple car la Reine et le duc de Buckingham sont amoureux. L'idylle est arrivée aux oreilles du Roi déjà bien embarrassé par l'imminence d'une guerre contre l'Angleterre. Il apprend que son épouse aurait offert ses ferrets de diamants à Buckingham. Il exige donc qu'elle les porte lors du prochain bal. Ce sont les mousquetaires qui sont chargés de récupérer à temps les fameux ferrets bien qu'ils aient sur leur route la terrible et redoutable Milady.
Cette fois pas de quoi crier au scandale. Pour reprendre une énième fois les aventures des quatre bretteurs issus de l'imagination d'Alexandre Dumas, le réalisateur ne trahit pas l'oeuvre de l'écrivain. A ce détail près que la charmante Constance Bonacieux n'est pas encombrée d'un mari gênant ce qui risque d'être bien plus pratique pour d'Artagnan. Pour le reste, et même si on connaît l'histoire par coeur, tout y est et impossible de ne pas se réjouir d'un tel spectacle plein de fougue, de duels et de conspirations.
Le casting brillantissime assure le show avec gourmandise et enthousiasme et le malin réalisateur qui a imaginé le film comme un feuilleton (comme au temps de la publication du roman) interrompt cette première partie sur une scène... qui a fait pousser un "oooooooooooooooh noooooooooooooon" de frustration à toute la salle.
On ne voit pas le temps passer, c'est franchement réjouissant.
Commentaires
"Emily"... Tout à fait d'accord avec les petits bémols, le film aurait dû plus soigné les parties avérées historiquement pour mieux imaginer les "blancs". Néanmoins j'ai trouvé l'esprit Brontë plutôt bien rendu, un "Bright Star" au féminin qui m'a séduit.
Pour l'autre film encore un peu d'attente...
Bright star m'avait ennuyée. Ce n'est pas le cas ici. Il règne un esprit follement withering heights sur ce film qui m'a emballée. Frances O'Connor aurait peut-être plutôt dû tenter un remake qui jusque là sont tous ratés.
Bonsoir Milady,
M'a l'air plein d'extravagances ton Emily. Et puis la bande-annonce ne m'a pas tellement convaincu.
Alors comme ça Les Mousquetaires ont déjà dégainé leurs épées ? je les ai pas vu sur mes écrans.
Elle est trop vilaine Milady.
Oui c'est de la science fiction cette Emily mais j'ai fini par tomber dans le piège.
Déjà 10 jours que je l'ai vu le d'Artagnan. Avant première. Un bon moment.
Romain Duris, François Civil, Vincent Cassel, je comprends que tu aies passé un bon moment. ;-)
Oui ya de quoi se rincer l'œil. Et aucun ne prend une douche !!!
Il y a aussi Louis Garrel, inénarrable en Louis XIII. Il faut l'entendre dire : vous voulez que je fasse la guerre contre les protestants et l'Angleterre ?
Ou encore : un roi n'a pas de pieds... pour marcher en arrière.
Personne ne comprend ni ne contredit, moi je pouffe.
Il y a aussi Vesper, enfin, Milady Eva ♡♡♡ et Lyna ♡♡♡
Je compte aller voir "Les Trois Mousquetaires" dès qu'il sortira près de chez moi (pas avant le 2 avril, donc). J'espère moult poursuites à cheval et combats d'épée... ainsi que la perfide beauté de Milady.
Tu seras comblé, tout y est.