de Chad Stahelski ☆☆☆

Avec Keanu Reeves, Donnie Yen, Bill Skarsgard, Shamier Anderson, Lawrence Fishburne, Lance (RIP) Reddick, Ian MacSchane

John Wick veut prendre sa retraite du métier de tueur qui est très fatigant.

Pour cela il se met en tête de retourner La Grande Table, une organisation criminelle qui ne veut pas qu'il raccroche les nunchakus (le nunchaku est un fléau à deux branches qui peut faire très très mal). L'organisation a mis la tête de John à prix... non, elle a mis à prix la tête de John, oui, c'est mieux. ça va aller chercher jusque dans les 40 millions USD cette bagatelle. Autant dire que la tête de John n'a pas de prix. Cela dit le Salvador Mundi de Leonardo vaut 450 millions, alors franchement.

La Table n'est pas très regardante sur les bonnes manières, elle va donc mettre en travers du chemin de John d'anciens amis à lui qui exercent le même métier, dont un maître en arts martiaux imbattable et aveugle, un punk à chien qui fait monter les enchères et des centaines et des centaines de guguss surentraînés mais qui ne savent pas viser et que Baba Yaga (le surnom de John) va décimer les uns après les autres, à mains nues, avec des flingues, des nunchakus ou des sabres... euh, des sabres ? Je ne sais plus trop en fait. Le tout en costume trois pièces, sans prendre une égratignure et en évitant toutes les balles.

Face à toutes ces engeances qui l'empêchent de prendre une retraite bien méritée bien qu'il n'ait pas toutes ces anuités, John qui ne craint pas la décote, va de New York à Osaka en passant par Berlin, venir manifester pour l'abaissement de SON âge de la retraite, pour carrière longue voire pénibilité du travail... à Paris !

Vous allez me dire, mais si, mais si : pourquoi es-tu allée voir "ça" ? Je dirais : parce que. Parce qu'un de mes péchés mignon et néanmoins coupable (j'espère que Russel ne me lit pas) c'est Keanu Reeves. Et oui, c'est comme ça, j'ai une grosse faiblesse pour ce garçon et malgré une incroyable et improbable carrière de près de 80 films d'où n'émergent que quelques rares réussites (Point break, My own private Idaho, Speed, L'associé du diable, Dracula, A scanner darkly, Beaucoup de bruit pour rien, Matrix (seulement le premier), je suis restée fidèle à Keanu et à l'inexplicable pouvoir de séduction qu'il exerce sur ma fragile personne. J'avais donc vu et pas aimé le 1er Wick, vu et détesté le 2ème, et pas vu le 3ème parce que les deux premiers m'avaient déplu. J'avais tort. J'ai su ce que je devais faire cette fois. Déposer mon cerveau au vestiaire et voir John Wick 4ème du nom pour ce qu'il est. Un film de baston bien bourrin avec l'ampli poussé à 18, sans la moindre amorce de commencement de scenario MAIS... avec Keanu Reeves. Voilà pour la justification et je ne peux m'empêcher de vous rappeler pour la énième fois qu'en 2014, j'ai croisé son chemin et cette rencontre m'a confortée dans mon adoration : Keanu Reeves est un garçon absolument délicieux, très doux, très gentil, très drôle, très grand et très beau. Oui, on est peu de chose.

Mais revenons à nos fondamentaux. En octobre 2014, la femme de John Wick est morte d'une leucémie je crois. M'est arrivé la même mésaventure la même année et je n'ai zigouillé personne malgré l'envie qui me prenait parfois, faut dire que j'ai pas reçu de chien. Post mortem, elle lui a fait cadeau d'un chien moche mais des malfaisants ont tué Médor. Depuis John Wick flingue tout ce qui remue. Mais là il voudrait arrêter le massacre. Manifestement, la Grande Table et un Marquis français incarné par un suédois (Bill Skarsgard, très élégant) parce que je suppose qu'aucun acteur français n'a voulu flinguer sa carrière, ne veulent pas qu'il arrête. Je n'arrive pas à me souvenir pourquoi.

Au côté de l'acteur à costume se trouve l'acteur le plus mauvais de toute la planète des acteurs. J'ai nommé Ian McShane. Avec son horrible face de shar peï (le pauvre n'y est pour rien) et ses dents en porcelaine immaculée, il est vraiment le plus cabotin et le plus ridicule des acteurs que j'ai jamais vus. J'ai rarement vu prestation aussi déplorable.

Dans la première minute du film, John lancé au triple galop en plein désert tue quatre gars. Ce n'est que le début. L'hécatombe sera absolument incalculable et le film comporte paraît-il, je n'ai pas compté, 14 scènes d'action délirantes complètement déchaînées et trois lignes de dialogue (là j'ai compté). Elles s'étirent toutes sur des durées incroyables pour se clôturer en un dernier quart d'heure parisien apocalyptique dont la remontée de la place de l'Etoile au volant d'une "muscle car" à contre sens n'est pas le plus spectaculaire. John Wick ne le fait sans doute pas exprès mais il affronte à chaque fois des dizaines et des dizaines de furieux, dans des endroits particulièrement beaux et photogéniques. Le sous-sol d'un hôtel japonais décoré de multiples costumes de samouraïs séparés par des paravents en verre somptueux (pas un ne résistera), le jardin extérieur du même hôtel, une discothèque berlinoise où des nuitards hallucinés continuent à danser alors que se déchaînent les enfers autour d'eux et bien sûr Paris, ses Champs, sa Tour, son Sacré Coeur et ses escaliers si durs aux miséreux.

Le truc c'est que John/Keanu surentraîné à une sorte de kung-fu gracieux et très chorégraphié s'oppose à des malabars surarmés, mais les gars ne savent pas tirer, attendent parfois que John recharge son flingue et alors qu'ils sont des dizaines et des dizaines, ils arrivent toujours l'un après l'autre. Bon je ne vais pas non plus prétendre faire de la stratégie militaire mais c'est étrange.

Cela dit, John se prend de sévères raclées quand même, il tombe parfois de plusieurs étages, se jette par la fenêtre (parfois, t'as plus d'autre choix) et s'écrabouille quinze étages plus bas. Que croyez-vous qu'il fasse (qu'il fît ???) ? Il se relève et repart au combat. La mèche grasse à peine décoiffée et le costume impec. D'ailleurs en matière de costume, son pote King (l'inénarrable Lawrence Couilles de Poisson) lui en confectionne un en kevlar qui résiste aux balles et aux lames. Lorsque John secoue la veste, vers la fin, on entend tomber les balles qui s'y sont accrochées. Ce seront les deux seules secondes d'humour du film.

De toute beauté le costume.

Et tellement bien porté.

Keanu est d'une beauté !

Comme il se doit, le dernier quart d'heure est dantesque. Au bas des escaliers de la Butte John doit gravir les 222 marches pour son ultime combat en forme de duel. Fatigué de son éprouvante soirée à traverser Paris, John regarde l'escalier comme l'épreuve ultime. A chaque palier l'attend une dernière volée d'excités qu'il dézingue bien sûr mais lorsqu'il arrive au sommet un indélicat le pousse violemment et il dévale la totalité des marches.

Que pensez-vous qu'il fasse ? (qu'il fît ???)

Il remonte. Il a rendez-vous en haut. John ne rate jamais un rendez-vous.

John tu es un surhomme, tu ne dors jamais, tu ne manges jamais, tu ne...

rien, jamais.

Serais-tu immortel ?

Je vous ai dit, le film, visuellement est très beau ?

Il est dédié à Lance Reddick mort la semaine dernière.