ABOUT KIM SOHEE
de July Jung ***(*)
Avec Doona Bae, Kim Si-eun, Choi Hee-jin
Kim Sohee est en terminale et son prof lui a enfin trouvé le stage de fin d'études dont tout le monde rêve.
Elle va intégrer un centre d'appels de la prestigieuse firme de téléphonie Korea Telecom. Après une arrivée placée sous le signe de l'euphorie, Sohee d'abord timide mais prête à bien faire, déchante rapidement. Les conditions de travail, les objectifs imposés, la duplicité et les mensonges de la direction se révèlent peu à peu. D'un tempérament plutôt énergique la jeune fille tente de ne pas se laisser faire mais elle a affaire à bien plus aguerri qu'elle. Lorsque deux évènements tragiques surviennent au sein de l'entreprise, la police s'en mêle. L'opiniâtre enquêtrice Yoo-jin va, contre l'approbation de sa hiérarchie, mettre à jour tout le système et remettre en cause l'organisation d'une société qui fonctionne sur un capitalisme qui broie les employés et où l'école, l'entreprise, l'Etat et la police sont de connivence pour assurer toujours plus de profit et la pérennité du système.
L'implacable dénonciation du fonctionnement de la société coréenne n'intervient que dans la seconde partie en forme d'enquête policière et politique et s'appuie sur un fait divers survenu en 2016 qui a fortement ému l'opinion publique. Elle dévoile peu à peu toutes les intrications entre le système scolaire, les entreprises et l'Etat. Cela fait froid dans le dos mais avant d'en arriver à cette sévère démonstration, la réalisatrice s'attache aux basques de Sohee, une jeune fille de son temps. Plus réservée que sa meilleure amie, elle s'épuise à tenter de réaliser la chorégraphie parfaite lors de séances de danse au cours desquelles elle se filme et passe par ailleurs énormément de temps au restaurant avec ses amis, à boire beaucoup et à manger. Bien que plutôt réservée Sohee n'hésite pas à s'en prendre ouvertement et physiquement à des garçons bien relous qui se permettent des remarques qu'elle n'apprécie pas. Au travail, elle effectue son stage avec application. Un manager bienveillant vient rapidement à la rescousse de Sohee dès qu'elle se trouve en difficulté face à un interlocuteur impatient voire impoli et très vite elle découvre que le but du service n'est pas de répondre aux attentes des clients mais de leur proposer d'autres abonnements et surtout d'éviter toute résiliation. Face aux insultes de certains clients et aux mensonges de la hiérarchie, Sohee commence à perdre pied. Elle se sent exploitée. Malgré ses réclamations et ses calculs, ses heures supplémentaires et ses primes ne lui sont pas payées et ne le seront sans doute pas car l'entreprise s'arrange pour que les stagiaires démissionnent avant tout paiement.
Notons que l'amie de Sohee, une très jolie fille sophistiquée et en apparence sûre d'elle, s'adonne à l'étonnant phénomène coréen du mukbang (combinaison de manger et diffuser) qui consiste à bâfrer en direct et à publier les vidéos sur youtube. Les quantités de nourriture ingurgitées rapidement et bruyamment sont astronomiques (à défaut d'être gastronomiques) et le but est de recueillir un maximum de "vues" sur Internet mais aussi, autant pour la personne qui se filme que pour celle qui regarde, d'échapper à l'anxiété, la pression sociale et la solitude... Et en effet ces youtubers comptent des milliers d'abonnés. Evidemment, si les garçons qui s'adonnent à cette pratique peuvent être corpulents, les filles se doivent de rester d'une extrême minceur. Elles se font donc vomir après chaque repas...
La première partie est donc à la fois une étude sur la jeunesse du pays mais aussi une réflexion sur le fonctionnement de la société basée sur le mode capitaliste qui prend peu en compte la valeur de l'individu et se concentre sur le profit. L'expérience traumatisante de Sohee est un film à part entière et l'exploitation au travail semble être la norme au pays du matin calme. La seconde partie est emmenée par l'impeccable (star) Doona Bae à la vertigineuse et internationale filmographie (Sympathie for Mister Vengeance, The Host, le bouleversant Air doll, Cloud Atlas, Tunnel, A girl at ma door, Je suis là, Les bonnes étoiles...). Souvent imperturbable dans la plupart de ses films, elle finit par enfin perdre ses nerfs au fur et à mesure de ce qu'elle découvre. En s'opposant frontalement à sa hiérarchie elle se fait l'intermédiaire d'un lanceur d'alerte rendu muet. Le format enquête est idéal pour dénoncer ce système inhumain désespérant qui conduit parfois aux pires extrémités.
La démonstration est impitoyable, le malaise bien réel.
Commentaires
Tout d'accord avec toi... Malgré que je trouve le film un peu long, notamment la partie danse qui est râtée voir sur-exploitée.
La 1ère partie est un peu longue et répétitive oui.
Je trouve la partie danse sous-exploitée au contraire. On annonce : elle aimait danser alors qu'on voit peu ce que ça lui apporte.
Je lis pas... je veux voir avant... alors je reviendrai après ;-) (encore un de mes commentaires inutiles qui ne font pas avancer le schmilblick)... C'est qu'en plus je ne connais pas le nom Doona Bae mais je sais que je l'ai déjà vu, à commencer par Les Bonnes étoiles ou Tunnel (pour les plus récents) (et que j'arrive jamais à me souvenir si j'ai vu Air Doll ou juste des extraits, je te le dis, c'est pas beau de vieillir pour la mémoire)
Doona Bae on va finir par vraiment s'en souvenir. Elle est partout.
Alors pour Air Doll : il FAUT le voir si on ne l'a pas vu et quand on l'a vu, mémoire âge vieillesse ou pas, on ne l'oublie pas. Donc, tu ne l'a pas vu :-)
Moi aussi, ce visage m'a rappelé la fliquette des "Bonnes étoiles". J'suis pas peur fier de l'avoir reconnue. Le film me tente, mais j'en ai au moins mille en rayon. C'est moi ou ces premiers mois de 2023 sont d'une grande richesse, côté cinéma ?
Oui c'est elle, Et cette fois ce n'est pas elle qui fait un barouf d'enfer en mangeant...
Beaucoup, BEAUCOUP de sorties en effet, j'ai du mal à suivre.
Et j'apprends que mon Caméo ne sortira pas LE film russe que j'attendais tant, Le Capitaine Volkonogov s’est échappé. Je suis furax.
Mon gros coup de cœur de Reims Polar, sans doute MON Grand Prix malgré la claque de "Limbo" (ceci dit je ne les ai pas tous vus).
Cette actrice, Kim Si-eun m'a cueilli. Si vive et pugnace au début, puis peu à peu éteinte, étouffée, étranglée par le système qui ternit l'horizon de ses années futures. Je dois dire que cette affaire m'a mis en boule. J'ai encore cette phrase de la mère : "ils t'ont donné trois jours de congés ! C'est ça qui est bien quand on travaille pour une grosse boîte". Et Bae Doo-na, y a pas, je l'adore (t'as oublié de citer toutes les séries dans lesquelles elle joue : Sense 8, l'excellent Kingdom, The Silent Sea, j'en passe que je ne connais pas...
"On a beau retourné" et la réalisatrice s'appelle July Jung.
Elle veut vraiment réussir et se donner du mal Sohee. C'est dingue de broyer quelqu'un ainsi.
Les parents sont quand même touchants. Ils y croient.
About Doo-na, je n'ai cité que les films que j'ai vus où elle apparaît.
Et oui, j'ai rectifié le nom de Julie. Je ne sais où je suis allée chercher cette Long !!!
Par contre je n'ai pas trouvé le : "On a beau retourné". Omar m'a tuer.
Mais il y avait un "la police s'emmêle" de toute beauté qui nous avait échappé.
J'y vais demain. J'ai hâte. C'est ma priorité de la semaine.
Je vois que tu voulais voir "Le Capitaine Volkonogov s’est échappé", j'espère que tu pourras le rattraper. a ce jour c'est mon film coup de coeur de ces premiers mois.
Il faut cesser de ma narguer avec le capitaine... :-) J'ai écrit à mon cinéma qui m'a répondu (très bêtement) qu'il fallait faire des choix. Ce film passe donc à la trappe. C'est incompréhensible. Je vois bien que depuis la nouvelle direction, certains films ne passent plus ici :-('
Je suis sure qu'il sera possible de le rattraper d'une autre manière, qui sait en DVD ou autre ! Et sinon moi aussi j'ai beaucoup aimé Kim Sohee, je l'ai trouvé très très prenant, et très bien réalisé.
Je vais tenter de guetter sa sortie DVD ou BR en effet.
Bonjour Pascale, le destin de la petite Kim Sohee fait de la peine. Mais cela a réveillé les consciences en Corée, elle ne sera pas suicidée pour rien. Bonne soirée.
Bonjour dasola,
Oui j'ai lu que ça avait fait grand bruit mais aussi que les comportements des entreprises n'avaient pas beaucoup évolué.
Un film à voir et à faire voir. Je ne sais pas l'exposition que le film a eu dans les salles ni son audience, mais c'est un film indispensable de notre société contemporaine. Magistral. Deux parties très distinctes mais toutes deux très prenantes. Et deux grandes actrices.
Pas mieux.
Tu devrais écrire à propos des films que tu vois.
Le film ne bénéficie que de très peu d'écrans hélas. Il a obtenu le Prix du Jury au Festival Reims Polar, ce qui lui ajoute un peu plus de visibilité médiatique. En tout cas, il le mérite, je suis bien d'accord.
Le Festival du film policier n'a jamais fait grand bruit Prince.
Je ne sais pas ce qui ma pris hier soir : j'ai regardé une comédie romantique, française en plus. Un moment de faiblesse, certainement. Mais peut-être qu'Alain Chabat est capable de me faire regarder n'importe quoi. Bon en plus, c'était finalement pas si mal... Mais surtout, qui vois-je donc... Doona Bae ! Deux jours de suite, ça va frôler l'obsession... #jesuislà
Aucun effet de saturation possible avec Doo-na. Je suis même prêt à regarder un film de Lartigau rien que pour elle.