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BEAU IS AFRAID

d'Ari Aster  

Beau Is Afraid

Avec Joaquin Phoenix, Nathan Lane, Amy Ryan, Stephen McKinley Henderson, Denis Ménochet

C'est l'histoire d'un mec, Beau, qui veut rejoindre sa mère mais le monde autour de lui refuse et s'y oppose.

Beau a peur, Beau is afraid. C'est une espèce de pauvre type sans consistance ni volonté qui a sans doute été bercé trop près du mur ou plus probablement a manqué de l'affection de sa maman. Sortir de chez lui ? Une épouvante. Il faut dire qu'il vit dans un quartier sordide, bruyant, surpeuplé où l'on peut enjamber un cadavre sans s'émouvoir, que son immeuble sinistre est tagué à outrance et que son appartement (filmé en grand angle) est possiblement infesté d'aranéides dangereuses comme l'indique une affiche sur la porte. Rien n'est rassurant pour Beau qui au moment de quitter son appartement pour prendre l'avion et rejoindre maman, s'aperçoit qu'il a oublié quelque chose à l'intérieur, laisse sa valise sur le palier et la clé sur la porte. Lorsqu'il sort, la clé et la valise ont disparu. Il ne peut partir.

Ari Aster a l'air d'un brave type. Je dirais même qu'à le voir comme ça avec sa petite tête de premier de la classe, il a l'air d'un type ordinaire. Méfiance. Ce garçon est plusieurs dans sa tête et pour son anniversaire j'ai très envie de lui offrir une paire de ciseaux car la première heure de son film est, comme annoncé, prodigieuse, la seconde très intéressante et la troisième complètement débile ratée. Mais l'ensemble forme un tout terriblement long. Ses références vont vers : Rosemary's Baby, Persona, A brighter summer day, Répulsion, des films à teneur horrifique certaine et il a dû ingurgiter et digérer du Lynch dans un même élan glouton et boulimique. Et moi, bécassine qui n'avais vu aucun de ses deux premiers films (Hérédité en 2018, Midsommar en 2019) n'ai pas non plus remarqué qu'au frontispice de ce film (et pourquoi les films n'auraient pas de frontispice je vous prie ?) était inscrit comédie dramatique d'horreur ! Alors clairement, de la pure horreur ici (et pourquoi l'horreur ne serait-elle pas pure ?) on en trouve peu mais quand même parfois on est pas trop à l'aise dans son fauteuil. Le summum étant quand même atteint lors de la découverte par Beau au grenier de la virilité dans toute sa plus absurde, grotesque et répugnante représentation. 

On peut dire que le film se découpe en trois chapitres au cours desquels le pauvre Beau traverse un cauchemar éveillé et convoque, parfois à son insu les souvenirs de son enfance, de son adolescence et de la vie partagée avec une mère folle ? castratrice ? hystérique ? Une dame pas très sympathique en tout cas qui pousse des cris d'orfraie dès le prologue du film persuadée que son bébé a échappé des mains de l'accoucheur. Beau se prend une sévère branlée sur les fesses et pousse son premier hurlement. Selon sa mère, Beau serait atteint d'un mal hérité de son père selon lequel il risque de mourir (comme son père) lors d'un orgasme. Adulte, Beau est donc toujours vierge. Mais je m'égare. Je n'en étais qu'au moment où Beau après une terrible nuit d'insomnie s'apprête à prendre l'avion. Terriblement anxieux il avale le médicament que son psychiatre lui a prescrit avec l'avertissement catégorique de ne le prendre qu'avec beaucoup d'eau sous peine de mourir. Or, Beau n'a plus d'eau et l'immeuble subit une panne d'eau. Ce type a une scoumoune insolente. Mais il avale quand même le médicament. Paniqué il doit traverser la rue pour aller à l'épicerie juste en face acheter de l'eau. Traverser la rue ??? Vous vous rendez compte ? ça n'a l'air de rien mais la scène est époustouflante, indescriptible, d'ailleurs je ne vous la décris pas mais peux juste vous dire que traverser cette rue est une épopée. Tout est inquiétant, rapide, fou. Les sons, les bruits, la musique, l'image heurtée puis accélérée... Ari a soigné la forme. Pendant cette courte absence où il a quitté l'appartement laissé ouvert (rappelez-vous, la clé a disparu), l'appartement est envahi par une horde de sans-abri complètement défoncés qui le vandalisent en quelques heures. Beau assiste au carnage sans pouvoir rien faire et le lendemain essaie d'appeler sa mère... 

A partir de là NE LISEZ PLUS, JE SPOILE TOUT pour essayer d'être sûre d'avoir vu ce que j'ai vu. C'est ça ou reprendre 10 années de psychanalyse et je pensais m'en être sortie.

Au téléphone ce n'est pas sa mère qui répond mais un livreur qui lui annonce être chez sa mère et qu'elle est devant lui. Sans tête. Pour se remettre de cette forte émotion Beau prend un bain et découvre en levant la tête un homme au plafond (oui, ça arrive parfois, vérifiez toujours avant de prendre un bain). Moi ça va, je n'ai qu'une douche. L'homme tombe dans la baignoire. Les deux hommes essaient de se sortir de ce pétrin. Enfin libéré et totalement affolé, Beau sort en courant nu dans la rue. Pas de bol un serial killer qui officie nu est recherché. Vous imaginez la suite. Un policier prend Beau pour le serial le menace de son arme, Beau s'échappe et... est renversé par un camion. Il se réveille dans la chambre rose d'une ado hystérique et suicidaire. Une gentille dame s'occupe de lui. Son mari est chirurgien et soigne les nombreuses blessures de Beau. Dans le jardin du couple vit Jeeves (Denis Ménochet : INCROYABLE !) dans un mobil home. Il est un vétéran et ami du fils de la famille mort au combat. Jeeves n'a plus la lumière à tous les étages et sera plus tard à la poursuite de Beau...

Je passe quelques étapes. Beau veut se rendre auprès de sa mère morte et sans tête et avant de partir, l'ado déglingo avale quelques litres de peinture. Beau assiste à ce suicide. Les parents de la foldingue tiennent Beau pour responsable. Il s'échappe à nouveau avec Jeeves à ses trousses... Perdu au milieu de la forêt, il croise la route d'un théâtre itinérant qui propose ses spectacles dans les forêts. En assistant à la pièce, il s'aperçoit que c'est sa propre vie qui est racontée sur la scène. La spectacle rend Beau encore plus angoissé d'autant qu'un homme lui assure que son père est toujours vivant.

J'ai aimé cette longue scène au cours de laquelle le réalisateur laisse encore libre court à son imagination en inventant un style de cinéma encore jamais vu entre conte à la Magicien d'Oz et mise en abime psychanalytique. Je dis ça pour faire ma maline mais j'en sais fichtre rien de ce qui se passe là, à l'écran !

Jeeves l'a retrouvé et tue quelques comédiens mais Beau parvient encore une fois à lui échapper. Il finit par arriver chez sa mère morte. Fait une sieste et est rejoint par Elaine qu'il avait rencontrée quant il était ado. Ils s'étaient promis de rester vierges jusqu'à leurs retrouvailles. Mais Beau est effrayé lorsqu'Elaine lui saute dessus car il pense qu'il va mourir en faisant l'amour. Et puis peut-être aussi est-il inquiet de montrer à Elaine ses couilles dont on lui a dit qu'elles étaient d'une taille inhabituelle. Beau jouit comme jamais mais finalement c'est Elaine qui meurt.

Je n'ai plus assez d'énergie pour vous raconter la suite qui tient véritablement du cauchemar mais il retrouve sa mère, une vipère furieuse et laide, qui finalement n'était pas morte et lui révèle en cascade des tas de pans de sa vie qu'il ne connaissait pas : père en forme de bite géante, frère jumeau. Les souvenirs se mélangent aux cauchemars et le final en forme de tribunal touche le fond mais creuse encore...

On sort de là sonné, complètement abruti. Mais quand même ravi d'avoir pu voir ce machin issu du cerveau d'un garçon qui a dans la tête des visions hallucinantes et nous les transmet en pleine face. Il torture son acteur manifestement consentant, le broie, le propulse dans des tempêtes inimaginables. C'est à la fois réjouissant par moments puis épuisant à d'autres. Pourquoi secouer ainsi un pauvre spectateur avec un personnage à qui il est impossible de s'identifier ou de s'émouvoir pour le sort de ce pauvre Beau, malgré l'admiration sans faille pour Joaquin Phoenix (de tous les plans) ? Ce dernier semble s'abandonner avec délectation et masochisme à ce rôle, à ce personnage totalement infantilisé, en totale déchéance physique, gras, crasseux, couvert de plaies et de croutes et le cheveu rare. Quant au réalisateur, avec toute sa panoplie technique qui passe par les sons, les images, les effets, l'animation et un personnage mou du genou d'une tristesse abyssale qu'on devrait avoir envie de prendre dans les bras et de dorloter, il finit par nous épuiser, nous embrouiller.

Qu'a-t-il bien pu vouloir nous dire ? Pourquoi nous étourdir ainsi dans son délire à évoquer... quoi ? La masculinité ? La dépression ? Le pouvoir destructeur des mères castratrices ? Ce film ne cesse de dégringoler et finit par exploser et nous laisser KO.

Eric Neuhoff m'a bien fait rire : "Il était moins une. Beau is Afraid dure 2 heures 59 minutes. Ouf. Il aurait sans doute été impossible de supporter une seconde de plus. Pourtant, le début s’annonçait bien".

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Commentaires

  • Joaquin Phoenix, un acteur formidable qui sait tout jouer...mais merci pour cet avis défavorable qui nous conforte dans notre idée de bouder son dernier film !

  • Je pense que l'éviter ne nuira pas à ta cinéphilie.

  • Je n'avais pas l'intention d'y aller, mais au moins tu m'as fait rire. Qu'est-ce que c'est que cette dinguerie ! et 3 heures en plus, je crois que je serais sortie avant.

  • La 3ème heure c'est à la limite de l'épreuve. Je crois que Joaquin aime les expériences extrêmes.

  • Ça ne va pas te donner envie de voir les deux films précédents (pourtant très bien). Ça ne me donne pas plus envie de me taper trois heures de folie (en lisant, on se croirait chez Lars Von Trier), malgré ses bons films précédents.
    Joachim, à 200% j’imagine, comme toujours?

  • Moi j'aimerais voir Midsommar.
    Les 3 heures ne sont absolument pas justifiées.
    Quelle épreuve parfois.
    Je n'ai pas pensé à Lars mais plutôt à David.
    Joaquin est parfait bien que pas du tout à son avantage.

  • A te lire j'ai l'impression que c'est compliqué ce film ... Je vais el voir ce soir mais je t"avoue que ça m'effraie car il est long et a l'air franchement pas simple à suivre. Tu n'as pas mis le nombre d'étoile, c'est normal ? Tu es perdue ?

  • Oui j'étais perdue pour l'étoilage.
    J'espère avoir tes impressions.
    Il est épuisant ce film.
    Le voir le soir, j'aurais pas pu.

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