LE PRINCIPAL
de Chad Chenouga ***
Avec Roschdy Zem, Yolande Moraux, Marina Hands, Jibril Bhira, Hedi Bouchenafa, Yannick Choirat
Sabri Lahlali, Principal adjoint d'un collège s'apprête à succéder à la Principale dont la retraite approche.
Sévère et inflexible, Sabri est pourtant très présent auprès de son frère Saïd (formidable Hedi Bouchenafa) psychologiquement fragile auprès duquel il doit régulièrement intervenir, dont il doit s'assurer entre autre qu'il a bien pris son traitement. Il est également manifestement désorienté par une séparation mal digérée avec sa compagne qui est prof dans le même collège. Il a une attitude réfrigérante avec ses collègues qui l'apprécient de moins en moins. Mais surtout, il met une pression d'enfer sur son fils Naël, un garçon sage et sans histoire, un bon élève dont les résultats ont quelque peu baissé (ce que Sabri supporte mal) et qui passe son brevet des collèges dans quelque temps. La seule relation apaisée, il l'entretient avec Estelle la Principale (Yolande Moreau, d'une douceur caressante) avec qui il partage le goût de la littérature. Ils s'échangent et commentent leurs lectures.
Avant d'en arriver au coeur du sujet, le dérapage de Sabri (si ce n'est pas trop tard, ne regardez surtout pas la bande-annonce, elle dit TOUT) le réalisateur s'attarde sur le quotidien de cet homme raide et en apparence inébranlable. On pourrait penser qu'il a un peu chargé la mule mais j'ai trouvé que le cumul des obligations auquel Sabri a à faire face ou qu'il s'inflige donnait au personnage beaucoup d'épaisseur et rendait bien compte du basculement qu'il provoque.
Sabri est sans doute clairement ce qu'on identifie comme un transfuge de classe. Ne serait-ce que par son patronyme, on imagine qu'il a dû plus qu'un autre travailler pour s'intégrer et en arriver au poste de prestige, si petit soit-il, où il en est. Son frère est resté dans la cité de barres d'immeubles où ils ont grandi et il ne supporterait pas que son fils n'accède pas au lycée prestigieux auquel il le destine. Son quotidien ressemble à une lutte permanente. Obsédé par l'ambition et l'ascension sociale, il inflige à lui-même et à ses proches beaucoup de contraintes.
A partir de là, le réalisateur, déjà auteur de Toutes nos forces plus autobiographique, orchestre un habile suspense où un homme se trouve dépassé, piégé par son propre stratagème qui le fait piétiner ses valeurs et principes moraux. Il peut compter sur la présence et l'interprétation sans faille de l'immense Roschdy Zem. Il incarne avec beaucoup de prestance, droit dans ses costumes impeccables cet homme engoncé dans ses certitudes, ses complexes et son obsession à prouver qu'il est (ou pas) à sa place. La plupart du temps glacial, l'acteur se laisse parfois aller à lâcher prise, détendre ses épaules, sourire à son fils, jouer à un improbable "ni oui ni non" au cimetière avec son frère. Il est une fois encore et comme toujours PARFAIT.
On peut peut-être quand même regretter une infraction inexplicable à la déontologie. Mais il s'agit d'un film...
Commentaires
aaah... Roschdy Zem...
je n'ai que ça à dire...
mais effectivement, rien que par sa présence dans un film il suscite mon intérêt...
Ce garçon est absolument, résolument, définitivement, exceptionnellement incroyable.
Que ne pourrait-il jouer ?
C'est évidemment pour lui que je me suis précipitée, mais le film n'est pas mal du tout.
C'est le seul sorti cette semaine qui me tente vraiment ; et puis Roschdy Zem ... dans les premières années où on le voyait, je n'aurais pas pensé qu'il prendrait une telle envergure.
Oui c'est dingue cette ascension progressive.
Cette présence !!! Tu l'as peut-être entendu chez Rebecca. Discrétion, modestie.
Je ne me précipite sur rien non plus. J'irai sans doute voir le film avec Agnès Jaoui mais ça a l'air d'être un film à sa gloire et encore une fois la BA est trop bavarde.
J'étais tentée par War poney mais les critiques me rafraîchissent.
Je voulais aussi Fairytale mais là encore les critiques refroidissent.
Bref ça va être la disette cannoise, je pourrais désherber. C'est l'invasion au jardin.
Il a l'air de faire bien froid par chez toi :-)))
C'est le cinéma qui me frigorifie sinon on culmine vers les 18/20.
Bon je vais tondre.
Trop tard, j'ai vu la bande-annonce. Et effectivement, elle dit beaucoup de choses (et visiblement l'essentiel). Mais Roschdy a une fois de plus l'air d'être impérial dans ce rôle. Rien que pour ça...
Mais je vais voir Kelly (que visiblement tu n'as pas aimé, j'irai lire plus tard)
ça devient PENIBLE ces BA qui en disent trop. Mais bon, y'a pas l'issue de l'enquête...
Et puis Roschdy trône !
Paraîtrait que les spectateurs ne veulent pas de surprises et veulent savoir précisément ce qu'ils vont voir dès la BA. Smiley qui se tape la tête contre les murs.
Kelly et Michelle m'ont bien bien ennuyée. Tout est plat : le brushing de Mich, la réalisation, l'histoire.
On s'en balec.
Un film intéressant, mais le personnage joué par l'excellent Roschdy Zem est si antipathique qu'on a bien du mal à s'y attacher et encore moins à excuser.
Je ne l'ai pas trouvé antipathique. Très coincé avec toute la pression qu'il se met sur les épaules de toujours prouver sa valeur et celle de son fils.
Mais l'excuser, non. Son geste n'a aucun sens.
Bon je chipote un peu en me demandant pourquoi un principal adjoint donne les réponses d un corrigé type plutôt que juste de lui dire de revoir tel chapitre.. Mais les relations et la communication père /fils sont rarement simples et sont bien traitées dans le film..
Beaucoup aimé le personnage du tonton fragile psychologiquement et les problèmes liés au suivi médicament et à la tutelle.
Roscdy Zem est un implacable et impeccable Principal adjoint
Je crois me souvenir qu'il fait les deux : il lui dit de revoir tel chapitre et lui donne le corrigé ce qui est un peu con en effet. Je n'y avais pas pensé en voyant le film.
C'est vrai que j'avais du mal à comprendre pourquoi ce jeune homme si sage ne se rebellait pas face à ce père tellement exigeant.
Le frère est magnifiquement interprété ainsi que les problèmes liés à sa pathologie.
Roschdy Zem est PARFAIT. J'insiste mais c'est incroyable un tel acteur.