OMAR LA FRAISE
d'Elias Belkeddar ***
Avec Reda Kateb, Benoît Magimel, MERIEM AMIAR
Condamné en France, le truand Omar n'a d'autre choix que de revenir et rester en Algérie, son pays d'origine.
Le moindre faux pas et la peine risque d'être lourde. C'est son avocat qui l'affirme. Son complice et meilleur ami Roger accepte sans mal de rester à Alger mais Omar le vit mal. Et comme ils n'ont jamais eu d'activité légale, ils reprennent leur vie de voyous et multiplient les magouilles et autres trafics. Entre deux transactions, le nez dans la poudre, ils écument les boîtes de nuit, terrorisent les petits truands locaux qui les considèrent comme des modèles, des légendes et se lient avec une bande de gamins des rues qu'ils ont protégés mais qu'ils vont initier à la vie de malfaiteurs.
Ce film pourrait être difficilement défendable parce que la violence des première et dernière scènes + quelques-unes intermédiaires est assez surprenante et pas vraiment nécessaire. Si elle existe bien, le réalisateur semble se complaire à la décortiquer avec insistance parfois. Le fait de faire des gamins des rues des êtres violents, sans foi ni loi (et sans abri) comme s'ils n'attendaient que cela est également surprenant et dérangeant.
Et pourtant, avec son titre rigolard (on saura pourquoi Omar s'appelle La Fraise) et sa BA plutôt rigolote aussi, on ne s'attend pas forcément à voir un film finalement très beau visuellement. Le désert, la ville, ses quartiers chics, ses quartiers pauvres, son bord de mer sont filmés avec amour. Et si on se dit qu'on n'aurait pas envie de séjourner dans certains quartiers, le film donne envie de voyage. Et puis il y a cette langue, cette tchatche, cette verve, ce mélange de français et d'arabe réjouissant et cette façon unique de balancer des inch Allah quand on est à court d'arguments. Bref, Alger et ses habitants semblent être faits pour le cinéma, pour se perdre dans ses rues et son langage. Le film se transforme brusquement en désir de rédemption d'Omar et n'est pas aussi drôle que la BA le laissait supposer. Le réalisateur s'aventure dans différents genres : comédie, thriller, drame, ce qui le rend parfois un peu bancal. Mais c'est un premier film et il y a tant à dire...
Ce qui retient également l'attention (en plus de la réalisation et la beauté des lieux et la formidable BO) ce sont les acteurs qui nous proposent un duo très complice qui fonctionne parfaitement. Je pensais en avoir assez de Benoît Magimel dans son sempiternel emploi de truand. Mais il faut reconnaître qu'il fait cela admirablement et qu'il se livre ici à un grand numéro de cabotinage maîtrisé dont il semble conscient (avec rap, danse et séance d'abdos à l'appui). Près de lui Reda Kateb frimeur, baratineur comme on ne l'a jamais vu semble s'amuser autant que son acolyte et bien que ces deux comparses ne soient pas fréquentables, ils parviennent à être attachants.
L'autre excellente surprise provient de la jeune femme que le réalisateur place entre les deux marlous. Nullement faire-valoir, elle leur tient tête et l'actrice Meriem Amiar dont c'est le premier film, est d'une beauté époustouflante, rayonnante. Son jeu dynamique, sa gaité, son accent, son abattage font d'elle la révélation du film.
Il faut être averti des scènes de violence sanglantes pas nécessaires, mais cet Omar mérite qu'on s'y attarde parce qu'un doux parfum mélancolique finit par flotter dans l'air auprès de ces deux malfrats qui se prennent pour Scarface ou le Parrain et se disent que finalement c'est peut-être le moment d'aller voir la mer...
Commentaires
Il nous est difficile de dire si nous avons aimé ce film, trop violent, mais en même temps très surprenant. Les images, les sentiments, et les acteurs formidables, tous ! Nous avons un faible pour Reda Kateb, et Meriem Amiar est tout simplement splendide.
Alors, oui, ce film mérite un détour !
C'est un film surprenant, beau visuellement. Il mélange les genres et l'irruption de la violence surprend aussi. Mais oui, il est intéressant et Reda fait l'unanimité. Et Meriem !
Bien aimé ce film, les parties "dérangeantes" sont pourtant judicieuses, elles permettent d'assumer le fait que Omar la Fraise reste un criminel, et surtout permet au film de rester ancré dans la réalité alors qu'il aurait pu tomber dans la simple farce. Un film plus profond qu'il n'y paraît avec une jolie révélation en prime.
Reconnaissons qu'une telle violence dans une comédie est assez rare, surtout filmée dans la durée et chorégraphiée. Mais le réalisateur est à suivre. Et la superbe actrice aussi.
Oui excellent Benoit( Tu veux le baiser ? ), Reda pas au niveau( Pourquoi tu me fais des clins d'oeil quand tu me parles ? Tu veux me baiser ? ) ... Hilarante scène de la discothèque, voilà ce qui arrive quand on utilise beaucoup de "farine" sans être pâtissier ! Par contre Meriem a le visage déformé par les fous rire dans une scène de l'usine alors qu'elle est sensé être sérieuse. Enfin ça vaut pas La cité de Dieu mais c'est divertissant, un peu vain mais avec une mise en scène lumineuse
Je te rejoins, entre la réalisation, et les acteurs formidables, ce film m'a cueillie. J'ai beaucoup aimé. Les vues d'Alger sont magnifiques.
Oui ce film est une belle surprise.
Oui il faudra attendre la fin pour comprendre les vraies raisons de ce pseudo... Très heureux qu'un film qui se passe à Algéri soit effectivement tourné à Alger car souvent ce n'est pas le cas où quand c est le cas aucune vue extérieure.... J ai trouvé Reda Kateb un peu en dessous. Mais le duo ( trio...) fonctionne bien malgré tout.
Un bon moment avec cette drama-comedie-trhiller !
Ce n'est pas un rôle habituel pour Reda mais il s'en sort bien je trouve.
Les quartiers visités ne donnent pas forcément envie mais ce blanc et ce bleu c'est superbe.