d'Ilan Klipper ***

Avec Camille Chamoux, Damien Bonnard, Ariane Ascaride, Jeanne Balibar, Quentin Dolmaire, Laurent Poitrenaux, Sofian Khammes, Sabrina Seyvecou

Marie et Simon s'aiment d'amour depuis des années.

Deux enfants plus tard, ils s'aiment toujours mais les petites réflexions, remarques piquantes et souvent inutiles font partie d'un quotidien particulièrement épuisant où chacun remet à plus tard ce qu'il aurait pu faire la veille et rend systématiquement l'autre responsable du fait que les choses tournent moins rond. Pour éviter la séparation, ils mettent au point une Charte des droits du couple que chacun doit absolument respecter afin que le partage des tâches et obligations soit à nouveau équilibré.

Le constat est terrible. Mettre sous un même toit un homme, une femme et deux enfants, cela ressemble parfois à un combat de tous les instants. Alors évidemment pour apprécier le film qui sonne souvent (mais pas toujours) juste dans cette lutte des rapports inégaux, il faut d'abord se demander si tous les couples bobos parisiens vivent dans un tel capharnaüm. En effet, on peut se demander pourquoi avec deux enfants et deux parents qui travaillent l'appartement devient quasi insalubre (une fuite d'eau dont "on" ne cesse de reporter la réparation) et un tel bordel, il n'y a pas d'autre mot. Bien sûr, le plus simple est de se dire que pour que la vie de cette famille ressemble à un champ de bataille, il faut que l'endroit qu'ils occupent ressemble à un terrain comme dévasté après un tremblement de terre. Certains ont trouvé déplacé le parallèle qui est fait entre le conflit  israëlo-palestinien sans fin et sans issue que Simon enseigne à des étudiants au bord de la grève et celui du couple. Je l'ai trouvé plutôt malin et pas du tout choquant. Même si, je crois (je n'ai pas vérifié) la formule "processus de paix" a été d'abord employée pour évoquer le contentieux sans fin entre Israël et Palestine.

Le processus établi par la Charte, presqu'un pacte de non agression est relativement respecté au début même si chacun fait des efforts considérables pour ne pas craquer. Les concessions et la bonne foi ne sont pas toujours évidentes au sein d'un couple. Mais tant que l'amour est là tous les espoirs sont permis. Mais les choses sont rendues difficiles par les interventions extérieures, quand la mère de Simon, libre comme l'air affirme que vivre toute sa vie avec la même personne tient de la névrose, que sa soeur décide de faire un bon divorce plutôt que poursuivre son mauvais mariage et que bien sûr les amis s'en mêlent.

Tout ceci est traité sur le ton de la comédie même s'il y a quelques moments bien sentis à propos de la charge mentale, de la façon dont il faut placer les priorités et puis Marie anime une émission de radio qui s'appelle Point G et effleure donc quelques points de vue féministes.

Pas de quoi faire un dossier de l'écran et le réalisateur a choisi, aidé dans l'écriture par Camille Chamoux à l'abattage assez irrésistible, le ton de la comédie. Damien Bonnard en papa poule amoureux de sa femme mais dépassé par toute cette agitation et ces reproches est parfait.

Autour d'eux gravite une petite troupe de seconds rôles très savoureux. L'excellent Laurent Poitrenaux en patron au sourire crispant, tout imbu de sa réussite. Jeanne Balibar en cougar chaude comme la braise prête à sauter sur tout ce qui a moins de trente ans et Quentin Dolmaire, le récent amoureux platonique de Fifi, craquant en sex-bomb au t-shirt rose et toujours prêt à rendre physiquement service.

Une très agréable comédie française, très bien interprétée. J'ai passé un délicieux moment.