de Greta Gerwig **(*)

Avec Margot Robbie, Ryan Gosling, Ariana Greenblatt, Kingsley Ben-Adir, Emma MacKay, America Ferrara, Will Ferrell, Michael Cera

Barbie stéréotypée en est convaincue et c'est une partie de son parcours que nous allons suivre. Elle se lève chaque matin, prend un petit déj' invisible, une douche sans eau, met sa plus jolie tenue et vole jusqu'à sa voiture sans moteur pour rendre visite à ses copines, aller sur la plage, snober Ken qui se morfond d'amour et de jalousie et organiser comme chaque soir une pyjama partie avec les autres Barbie. Mais un matin, c'est l'horreur, le toast est brûlé, Barbie a une mauvaise haleine et elle se vautre à côté de sa voiture. Comble de l'abomination, elle a de la cellulite et ses talons touchent le sol !!! Et oui mesdames et mesdemoiselles, Barbie étant toujours juchée sur des talons de 12 ne peut poser les pieds au sol. Démonstration :

Encore plus inquiétant, lors d'une soirée pyjama Barbie s'exclame tout à coup : "Est-ce qu'il vous arrive de penser à la mort ?" Plus aucun doute, Barbie file un mauvais coton et est sur le chemin de la dépression. Pour que tout rentre dans l'ordre, elle rend visite à Barbie étrange, celle qui a été malmenée par son enfant humain et fait flipper tout le monde à force de faire le grand écart à tout bout de champ. Cette dernière lui indique la solution : se rendre dans le vrai monde, retrouver l'humain qui l'a influencée et reprendre sa vie parfaitement parfaite.

Cette première partie est réjouissante et si vous ne craignez pas l'over-dose de "perfection", de sourires éblouissants, de rose et de bleu pétaradants, vous pourrez (comme moi) la trouver parfaitement parfaite, drôle et pleine d'entrain. Et avant cette entrée en matière, il y a un prologue qui mériterait à lui seul le déplacement.

ATTENTION SPOILAGE SCANDALEUX

Pas sûre que les moins de 50 ans (ou les  plus jeunes très curieux et très cinéphiles) aient la référence, mais la première scène nous démontre que depuis... la nuit des temps les petites filles ont joué avec des poupées copies conformes de vrais bébés les cantonnant ainsi au rôle de maman et comment une poupée hyper sexuée telle que Barbie les a libérées, est calquée sur la scène de transition de 2001 l'Odyssée de l'espace où Barbie fait office de monolithe, Strauss et Sarathoustra inclus. C'est R.E.J.O.U.I.S.S.A.N.T !

FIN DE SPOILAGE SCANDALEUX

Hélas cela se gâte dans la deuxième partie et pourtant, contre toute attente le propos devient clairement féministe et pas qu'un peu. Lorsque Barbie débarque (Ken s'est imposé pour le voyage) à Los Angeles, les petites jeunes filles équipées d'un cerveau la rejettent et lui balancent ses quatre vérités. A quel point elle a fait du tort aux filles en les réduisant à un rôle de poupées décérébrées montées sur échasses uniquement préoccupées de leur apparence physique. Barbie est au bord de l'apoplexie d'entendre ces calomnies. Elle tente de les convaincre qu'au contraire, sa vie est entièrement consacrée à l'émancipation de la femme et que parmi ses homologues on trouve une Barbie Présidente noire, une Barbie sirène (bon le féminisme de la sirène n'est pas clairement établi), une Barbie magistrate, une Barbie docteur, une Barbie Prix nobel de physique, une Barbie avocate... on trouve même dans le cortège une Barbie handicapée alors que la Barbie enceinte n'a pas fait recette. D'ailleurs Barbie n'a pas de vagin (scène drôle où Barbie remet à sa place des ouvriers avant même qu'ils n'aient pu faire de blagues salaces). D'ailleurs Barbie ne joue pas à la princesse et dans le monde merveilleux de Barbie, les filles sont solidaires, n'attendent pas le prince charmant et si tous les Ken de la plage bavent devant les filles, ils sont régulièrement remis à leur place. 

Ken de son côté découvre avec stupéfaction que contrairement à Barbie Land, ce sont les hommes dans le vrai monde qui dominent, occupent les postes à responsabilités, se comportent en mufles et méprisent les filles. Cette révélation l'éblouit et il va ramener le concept du patriarcat à la maison et tenter une révolution.

Vous le voyez, il y a mille idées dans ce film et malgré cette profusion d'images et d'inventions réussies, le film manque curieusement d'énergie et de dynamisme. Il y a pourtant quelques moments musicaux où une fois encore Margot Robbie et Ryan Gosling sont parfaits, mais les chansons ne sont pas terribles, ne s'imposent pas à l'oreille et entre ces moments de comédie musicale le rythme est mou. Etrangement cela va vite mais c'est lent ! 

Mais je n'ai pas complètement boudé ce plaisir car c'est souvent drôle et même si le féminisme de Barbie est clairement anti masculin et anti Ken (j'étais surprise de découvrir que

ATTENTION SPOILAGE SCANDALEUX

Barbie n'aime pas Ken

FIN DE SPOILAGE SCANDALEUX)

elle est apparue engagée, combattante avec un réel désir de redistribuer les cartes, prouver qu'on peut être belle et avoir un cerveau et (re)mettre les femmes à leur juste place. Je ne m'attendais pas à une telle révolution.

Côté acteurs, c'est un régal. Margot Robbie avec son physique surnaturel peut parfaitement jouer les poupées, toute raide sur ses interminables jambes, être drôle, gentille, émouvante et convaincante dans son combat. Et Ryan Gosling joue le parfait crétin sans le moindre effort semble-t-il. Lorsqu'on lui demande (à Ken, pas à Ryan) ce qu'il veut faire dans la vie, il répond : "Plage". Moi ça me fait rire.

J'hésite entre deux étoiles et demi et trois. Vous en pensez quoi ?

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P.S. : J'ai aussi vu Oppenheimer, mais il faut que je digère l'afflux d'infos. Je vous recommande le film qui aura **** sans la moindre hésitation.