SUR LA BRANCHE
de Marie Garel-Weiss ***
Avec Daphné Patakia, Benoît Poelvoorde, Raphaël Quenard
Mimi, jeune femme fantasque et psychologiquement fragile rencontre Paul un avocat et s'acharne à prouver l'innocence de Christophe un détenu.
N'y allons pas par quatre chemins Mimi est bonne pour le cabanon, c'est d'ailleurs dans un hôpital psychiatrique qu'on fait sa connaissance dès la première scène. Lorsqu'elle sort de l'institution, elle est censée chercher du boulot mais surtout pas chez un avocat. Il semblerait qu'elle ait "fait" le barreau et c'est évidemment chez un avocat qu'elle se rend immédiatement. Prête à tout, même à classer les dossiers par ordre alphabétique et de droite à gauche, elle entre dans un cabinet mis en péril par un des associés à cause de son comportement et sans doute de son habitude à ne pas faire payer certains clients. Paul (Benoît Poelvoorde) est dépressif, ne quitte plus sa robe de chambre qui pue mais Mimi parvient à le faire sortir de sa retraite. Ensemble, par un concours de circonstances abracadabrantesque, ils vont entrer en relation avec Christophe (Raphaël Quenard) auteur de multiples délits dont il se dit innocent, pour tenter de le faire sortir de prison.
Je dirais que ce film est la sucrerie douce et cruelle de l'été. Un film davantage sur le fil que sur la branche et qui tient en grande partie grâce à son casting très réussi qui rivalise de folie douce et de mélancolie. Deux cabossés, mal compris, mal intégrés dans un monde trop dur pour eux vont, le temps d'une folle escapade essayer de tenir la tête hors de l'eau. Mimi incarnée par la subtile et délicieuse Daphné Patakia dont les merveilleux yeux immenses aux couleurs indéfinies avalent le visage, est un être pur, sans filtre mais également parfois dépassée par ses pulsions sexuelles qu'elle doit assouvir dans la minute (scènes très drôles). Paul ne comprend pas immédiatement la grande fragilité de Mimi malgré sa façon unique de conduire, de toujours dire ce qu'elle pense et ressent, de communiquer avec les oiseaux... Il faut dire que lui aussi est particulièrement accablé : "C’est comme si j’avais senti mon cœur se couper en deux quand j’ai compris que Claire ne m’aimait plus". Claire c'est son associée et ex-femme (Agnès Jaoui) qui a porté plainte contre lui pour sauver le cabinet.
Alors ces deux affligés vont mener une enquête dépressive comme pour tenter de redonner un sens à leur existence même si les deux ne sont pas animés des mêmes intentions et rencontrer un type (le désormais indispensable et toujours hilarant Raphaël Quenard, Chien de la casse) aussi barré qu'eux mais avec un cerveau peut-être un peu moins développé et un coeur beaucoup moins grand.
C'est un film comme en équilibre sur la personnalité des deux interprètes principaux. Daphné Patakia et Benoît Poelvoorde aussi émouvant que dans Normale (qu'hélas personne n'a vu) ont un tempo comique qui s'accorde à merveille. Et surtout ils ont la capacité et la force de parvenir à nous faire rire et à nous émouvoir dans l'instant qui suit. Ils sont très forts, très beaux, très attachants.
Alors évidemment, l'affiche est très moche et donne envie de fuir, certaines pistes (pas indispensables) comme celle des deux soeurs, sont abandonnées sans trouver réellement de solution mais peu importe puisqu'elles nous permettent de souffrir en même que Benoît Poelvoorde qui se prend une volée de baffes sans réagir.
Et surtout quel bonheur d'accompagner ainsi deux personnages aussi solaires que douloureux jusqu'à une scène finale qui coupe le souffle...
Et puis un film qui contient une chanson de Christophe ne pourra jamais être mauvais. "Il ne faut pas pleurer"...
Commentaires
Là, tu me donnes très envie d'aller le voir.
Je pense que tu passerais un bon momen5.
Merci d'en avoir parlé car j'ai bien vu l'affiche en cherchant des horaires de ciné mais je n'ai pas cherché à en savoir plus. Je ne crois pas avoir vu de BA, ni d'affiche dans les rues. Je suis en soirée solo mercredi, je vais peut-être me faire ce film tiens !
J'y suis allée en séance de fin d'après-midi, et j'ai passé un bon moment. Je ne suis pas aussi enthousiaste que toi mais je me suis régalée de voir Poelvoorde jouer cet avocat-escroc un peu paumé. Et mention TB à Raphael Quenard. J'ai été moins fan de Daphné Patakia qui tient pourtant vraiment très bien son rôle de jeune femme qui traine sa "folie" avec beaucoup de lucidité.
Une comédie très réussie, une petite gourmandise douce-amère qui doit effectivement beaucoup à son casting, j'ai aussi beaucoup aimé son approche des troubles psy aussi intéressant que singulier
J'ai aussi aimé cette approche. Un "fou" n'est pas forcément quelqu'un qui se balance, abruti de médicaments.
J'avoue, il n'y a pas grand chose qui me passionne dans les cinémas autour de moi. Alors comme les commentaires sur un de tes vieux billets sont fermés, je squatte, désolé pour le dérangement, cette branche pour en causer deux trois mots, peut-être quatre au-delà ça serait abuser.
Un film que j'avais toujours considéré comme mineur dans la longue carrière d'acteur-réalisateur du vieux, le dernier des géants, même si à l'époque, cela nous ramène 30 ans en arrière, n'était pas encore si vieux. J'étais disons dans le Texas, Y'a un certain président qui doit s'y balader d'ailleurs, sur Huston. Mais là j'erre plus dans la profondeur des terres, une course poursuite dans une vieille Ford, même si elle a tendance à consommer beaucoup. Un prisonnier en cavale, Casper le fantôme, ah non c'est un petit garçon témoin de Jéhovah kidnappé par le gars en tee-shirt blanc. Effectivement, comme tu le dis, probablement l'un des plus beaux rôles de Kevin. Et puis il y a une blonde, intelligente en plus, Laura qu'elle s'appelle dans la vie, qui n'hésite pas à donner un coup de genoux dans les couilles d'un sniper du FBI, ce que tu sembles avoir particulièrement apprécié.. Dis comme ça, ça ne ressemble pas à un monde parfait. Et pourtant... j'ai adoré, pris de bout en bout. Avec tendresse, avec humour.
Désormais, je ne considèrerai plus un monde parfait comme une œuvre mineure de Clint Eastwood (tu connais un peu Clint ?). Bien au contraire. Une œuvre sensible et poétique.
Encore désolé pour ce honteux squattage de commentaire. Bonne journée...
Pour parler de ce GRAND film tu peux squatter sans problème.
Laura, Kevin, Clint, un délicieux petit fantôme et les Etats-Unis dans leur splendeur parfois inquiétante, quel film, mais quel film ! Heureuse que tu te sois donné la peine de le redécouvrir.
J'ai vaguement entendu parler de Clint. Ce film est parfait comme son titre qui n'évoque pas un monde parfait pourtant.
Délicieuse Daphné Patakia, nous allons y courir dès que je récupère mon amoureux ! (et après Openheimer, ça nous changera les idées, tiens !)
PS : comme le Bison j'ai revu des vieux trucs depuis le début de la semaine (Sybille et Tout le Monde Aime Jeanne). Pas trop aimé les illustrations, mais j'ai trouvé que la "mélancolie / semi-déprime" qu'elle traîne est assez bien rendu (dans Jeanne), et Sybille est un film assez barré et confus : j'avais pas compris qu'il s'agissait de flash-backs - mais même si elle pleure beaucoup, j'aime de plus en plus Adèle Exarchopoulos.
Bonne fin de semaine à toi !
J'aime BEAUCOUP Adèle. J'aime moins quand son nez coule dans sa bouche.
Je crois que je n'avais pas du tout aimé Sibylle malgré son luxueux casting.
Et j'espère que tu as passé un bon moment sur la branche, après avoir récupéré chéri bien sûr.
Eh bien si j'ai récupéré mon amoureux, qui est reparti chez ses enfants, figure-toi que je n'arrive pas à trouver de séance autour de moi pour ce joli film - le manque générant l'envie, je vais élargir mes recherches aux villes alentour mais en ces périodes chargées en chaleur et en touristes, c'est une vraie aventure de s'exporter alentours pour une séance de ciné ! Belle soirée à toi :-)
Ah ben dis donc quelle aventure pour aller au ciné.
Chéri a essémé ailleurs ?
Oui, ailleurs, mais ça, c'était avant...
Bien sûr. C'est dur d'avoir une première main :-)
Oui, surtout à nos âges...
Faudrait que tu me fasses un récap' par mail :-)