LA PETITE
de Guillaume Nicloux ***
Avec Fabrice Luchini, Mara Taquin, Maud Wyler, Juliette Metten, Veerle Baetens, Sandrine Dumas, Anne Consigny, Aurélia Thiérrée
Joseph un type bougon et misanthrope restaure de jolis meubles dans sa maison isolée aux alentours de Bordeaux. La sonnerie du téléphone l'agace, le dérange mais il finit par répondre.
On lui apprend que son fils Emmanuel et son compagnon viennent de mourir dans un accident d'avion. Il se rend sur le lieu du crash avec sa fille Aude. Il découvre également que les deux hommes attendaient un enfant et puisque la mère porteuse n'était pas dans l'avion, c'est qu'elle est vivante et l'enfant à venir aussi. Les recherches pour retrouver la jeune femme sont délicates puisque la "transaction" est censée se faire anonymement. Rita vit en Belgique où Joseph se rend et finit par réussir à entrer en contact avec elle. Et il ne peut que constater que sa seule motivation est l'argent. Malgré son jeune âge, elle a déjà une petite fille de 9 ans et vit dans des conditions relativement précaires. Le but plus ou moins conscient de Joseph est de renouer avec ce fils perdu pour toujours avec qui les liens s'étaient distendus. Il est persuadé que le bébé qui va naître est son petit-fils ou sa petite fille. Les choses ne sont pas si simples.
Comme souvent, on peut regretter que la bande-annonce du film en dise beaucoup trop et il y a peu de chance que vous ne l'ayez pas vue. Tant pis, finalement, l'enjeu voire la force du film est ailleurs. Dans les questions que l'on se pose face à cette situation pas forcément irréaliste mais qui ne fait sans doute l'objet d'aucun encadrement juridique et aussi dans la découverte encore et encore d'un acteur qui réussit à nouveau à surprendre par sa présence, son intensité, sa douceur. J'aime Fabrice Luchini inconditionnellement mais pour les hermétiques voire les allergiques à ce comédien prodigieux, je dirais qu'il n'y a ici aucune logorrhée littéraire, aucune hystérie, aucun cabotinage... juste un homme, un personnage face à sa douleur, à son obsession, à son humanité. Et c'est terriblement beau et émouvant.
Guillaume Nicloux, cinéaste déroutant, nous avait déjà anéanti avec le bouleversant Valley of love qui évoquait également la perte d'un enfant dans des circonstances dramatiques. Ici encore c'est le parent survivant qui nous emmène dans son obsession déroutante et nous émeut. Avec comme promesse réconfortante, l'arrivée d'un enfant porteur d'espoir et de "renaissance". Ici, on est davantage dans une pulsion de vie avec cet ode à la parenté, à la filiation, à la paternité. Et Luchini traite son personnage avec une humanité qu'il va chercher au plus profond de lui tout en ayant la délicatesse voire la galanterie de laisser Maud Taquin l'inconnue belge qui joue le rôle de la mère, exister et nous toucher aussi. A aucun moment il ne lui pique la vedette. Il la laisse exister avec son exubérance, sa vulgarité et sa fragilité. Enceinte jusqu'aux yeux, elle n'a d'autre choix selon elle que de donner naissance à l'enfant et à le confier à l'adoption.
Le film n'est pas un film à thèse ou à thème mais on s'interroge pourtant. La GPA est interdite en France. En Belgique elle n'est ni autorisée ni interdite et donc ne bénéficie d'aucun encadrement juridique. Cela peut évidemment conduire à une commercialisation du corps de la femme et de l'enfant lui-même. Car à qui "appartient-il" ce bébé ? On se pose la question mais surtout on observe avec émotion l'évolution de la figure du père comme si le personnage ici voulait se racheter de sa défaillance.
Et puis on savoure la prestation merveilleuse de douceur de Fabrice Luchini qui nous berce comme une caresse ou donne envie de le bercer lui...
Commentaires
Rebonjour Pascale, rien que pour Fabrice Luchini, je vais aller voir le film. La bande-annonce m'a donné envie. Bon après-midi.
Bonjour dasola, si tu aimes Fabrice Luchini tu vas te régaler. Et l'histoire est belle et originale.
J'irai peut-être ; je n'ai pas vu la bande-annonce, mais j'ai entendu deux interviews de Fabrice Luchini, où il a répété strictement la même chose, anecdotes comprises (les feux rouges au ras du trottoir à Tokyo ?). Il radote un peu Luchini quand on le laisse en route libre.
Oui je l'ai entendu avec Léa Salamé puis chez Nagui (que je ne supporte plus mais pour Luchini, je me suis forcée). Effectivement il a raconté les feux rouges, Fabien Galthie... je ne me suis pas dit qu'il radotait mais que le show était bien rodé.
Je pense que comme il le répète tout le temps, il est vraiment dépressif et qu'il se prépare à cette médiatisation le temps de la promo.
J'espère que tu ne verras pas la bande annonce qui en dit trop. C'est un beau film.
J'y suis allée pour Luchini. Il est toujours fabuleux et touchant. Le thème interpelle mais on s'ennuie un peu.
Je suis d'accord pour Luchini, pas pour le reste.
Le sujet n'est certes pas traité mais ce n'est pas le but du film je pense.
J'ai vu qu'il marchait très bien mais je n'avais vu aucune BA, ni aucune affiche. Pas sure d'y aller mais je suis quand même intriguée.
Condition indispensable : aimer Luchini ;-)
Après avoir fait en partie ta connaissance grâce à l'interview publiée chez Dasola, je ne pouvais que venir découvrir ton blog consacré comme son nom l'indique au cinéma, ta passion. Je fréquente très peu les salles obscures mais je reste intéressée tout de même par les sorties. Ce film m'intéresse parce que j'ai toujours préféré Lucchini au théâtre et tout le monde dit qu'il est formidable dans ce film alors forcément ça me tente, et ma petite ville a un cinéma itinérant avec un programme pas toujours dans mes goûts (car beaucoup trop de films français et de comédies) mais de temps en temps j'y vais, s'il passe donc, je ne le raterai pas. Bonne continuation
Merci pour cette visite. Je comprends, c'est difficile de commenter une "oeuvre" qu'on n'a pas lue ou vue. Si tu aimes Luchini, ce film devrait te plaire, je l'ai trouvé extraordinaire.
Luchini dans un beau rôle et j'ai également beaucoup aimé le personnage de sa fille. Tous ensemble dans une situation et une histoire assez difficile.
Je suis d'accord c'est un beau film qui surprend plus que la BA laissait supposer.