TONI EN FAMILLE
de Nathan Ambrosioni ***
Avec Camille Cottin, Léa Lopez, Thomas Gioria, Louise Labèque, Oscar Pauleau, Juliane Lepoureau, Catherine Mouchet, Guillaume Gouix
Toni est seule pour élever ses cinq enfants, que dis-je cinq enfants ? Cinq ados ! Imaginez les super pouvoirs que cette femme doit développer !
Ces pouvoirs elle les a souvent et fait preuve de dévouement, d'écoute et de tendresse pour ces deux garçons et trois filles aussi différents les uns des autres qu'il est possible de l'être. Parfois elle pousse un coup de gueule, mais il est rapidement dépassé par l'urgence de la situation suivante. Chez Toni, c'est une cacophonie, un charivari souvent où elle a de plus en plus de mal à trouver sa place et à s'exprimer pour elle-même. A 40 ans passés, elle décide justement de reprendre sa vie en mains, de se forger un avenir dont les enfants seront peut-être, sans doute, absents. Gros chantier car chacun estime qu'il a son mot à dire.
Toni doit sans doute ce surnom/pseudo au fait qu'elle a été fugacement une vingtaine d'années plus tôt la star éphémère d'une émission de télé-réalité qui lui a permis d'enregistrer un disque qui a cartonné à l'époque. Avec son joli brin de voix, sa mère l'avait inscrite sans la consulter à cette foire aux vanités que sont les émissions de télé crochet (entre autres). La célébrité, les strass et les paillettes ne l'ont jamais intéressée mais il faut faire bouillir la marmite et c'est sans doute les droits d'auteur de cet unique disque et quelques prestations comme chanteuse dans des bars/restaurants qui lui permettent d'assurer les soirées pizzas ou les repas spaghetti sauce tomate dans les assiettes (avez-vous déjà remarqué à quel point le budget spaghetti sauce bolo doit être impressionnant au cinéma ?).
Toni en a donc assez de végéter à l'ombre de sa progéniture qui grandit, avance et s'interroge aussi. Entre les désirs des uns et des autres, les cases à cocher dans le sidérant ParcoursSup, l'envie de danser de l'une, la fac de sciences de l'autre, les problèmes profonds d'un troisième que personne (sauf le spectateur) ne voit venir, celle que l'on oublie sur le parking ou la discrète qui fait moins de bruit...il faut un grand pouvoir d'adaptation. On entend pourtant un des personnages demander : ce week-end on ira voir papa ? Oh nooooon ! répondent les quatre autres en choeur. L'absence d'hommes ne gêne pas et ne surprend pas. Où, quand Toni aurait-elle le temps de placer une histoire sentimentale ? C'est bien de mono-parentalité dont il est question et le réalisateur ne cède pas au romantisme de nous faire croire que Toni aurait le temps et la place pour autre chose que ce rôle tentaculaire de quintuple maman entre rendez-vous chez le dentiste (450 €), courses au supermarché (250 €) etc... Tout comme il ne tombe pas dans les clichés de la mère parfaite qui aurait constamment la bonne réponse à la mauvaise question au bon moment. Elle se montre parfaitement démunie parfois face aux discours déroutants de certains. Elle assure aussi qu'elle aimerait bien "qu'ils dorment dans la cave parfois, mais pas souvent". Le portrait est tout à la fois juste et tendre et Camille Cottin, merveilleuse, se glisse admirablement dans la peau de cette mère parfois maladroite mais toujours aimante qui doit s'adapter aux cinq personnalités de sa marmaille.
Les cinq ados, très bien choisis, des gosses d'aujourd'hui, pas parfaits mais pas insupportables non plus, capables de se taper dessus et sur les nerfs aussi, mais de prendre soin les uns des autres lorsqu'il le faut, de se rassembler autour d'un programme commun à la télé, existent face à leur mère de cinéma qui concentre en grande partie l'attention de Nathan Ambrosioni. Il m'avait fait pousser un petit coup de gueule il y a quelques années lorsque j'avais surpris des propos parce que nous étions voisins de petit déj' (en résumé selon lui une actrice formidable dans un excellent film ne pouvait être crédible parce qu'elle était à l'époque la "fiancée" éphémère d'une star et aussi il pense (pensait ?) que les échanges entre le public et les réalisateurs sont faits pour les retraités...) qui m'avaient bien déplu et déçue. Je ne suis pas rancunière (quoique, je n'ai toujours pas réussi à mettre ces propos sur le compte de l'extrême jeunesse du garçon) puisque je vous recommande ce joli film dont la première scène est un modèle d'écriture et de réalisation aux dialogues et au timing impressionnants. Un véritable court-métrage à elle seule.
Je pense que d'ici quelque temps nous ne parlerons plus du très jeune âge de ce réalisateur très prometteur de 24 ans, qui en avait 19 lors de son premier film (qui m'avait beaucoup moins plu). J'espère que le fait que des retraités aillent voir son film ne le dérange pas trop d'autant que l'âge de la retraite ayant augmenté, ce public est encore plus âgé.
Commentaires
Tu me fais bien rigoler avec les retraités tiens ! petit con va .... mais son film est très tentant.
Jeune surtout. Ce qui me dérangeait le plus était que personne ne le contredise et le laisse déverser ces bêtises (moi comprise, mais je n'étais pas à sa table). Pas sûre que les ados se déplacent pour ce film mais il vaut le coup notamment pour Camille qui est vraiment formidable mais pas uniquement.
Moi aussi j'ai aimé suivre Toni qui a l'avantage de ne pas être une super maman qui arrive à faire tout mais au contraire une nana comme on en connaît tous, qui essaie de gérer au mieux, et est parfois /souvent débordée ou à côté de la plaque. Bref superbe petite famille
Oui ils sont très attachants et proches de nous.
C'est réussi.
Ahah merde mais quel petit con !
Reste qu'il a en effet signé un joli film, très mature quand on sait qu'il n'a que 24 ans !
Oui c'était bien décevant mais j'ai l'impression qu'il ne se souvient même plus de ce monologue car il se montre plutôt charmant en Festival. Le fait est qu'il a déroulé ce chapelet de conneries.