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LE GARCON ET LE HÉRON

d'Hayao Miyazaki ***

LE GARCON ET LE HERON, HAYAO MIYAZAKI, cinéma

A la mort de sa mère, Mahito, 11 ans quitte Tokyo et part vivre avec son père dans un manoir à la campagne dans le village où sa mère a grandi.

Là-bas, il découvre une ravissante jeune femme enceinte, Kiriko, qui ressemble comme deux gouttes d'eau à sa mère. Et pour cause, c'est sa soeur que le père lui présente comme étant "[ta] nouvelle maman". Il l'a épousée et mise enceinte. On ne s'encombrait pas de psychologie en ces temps là. Aussitôt le père laisse l'enfant seul avec sa nouvelle épouse pour rejoindre l'entreprise de constructions d'avions de guerre qu'il dirige à proximité. Le père de Miyazaki était ingénieur dans l'aéronautique et sa mère se prénommait Kiriko je crois...

Kiriko fait visiter le domaine à Mahito ainsi que sa chambre qui donne sur l'immense et magnifique parc. Il fait la connaissance de six petites mamies gourmandes et espiègles toutes plus chiffonnées les unes que les autres en charge de l'entretien de la demeure. Mais c'est surtout un héron cendré qui se pose régulièrement sur le rebord de sa fenêtre qui l'intrigue et le fascine. Au gré de ses promenades dans l'immense parc, il découvre une tour abandonnée où plus personne ne s'aventure. C'est là que le héron* va l'emmener, le guider et répondre à ses questions. Par ce portail vers un monde imaginaire, terrible et merveilleux.

*Nb. : j'ai trouvé le héron particulièrement laid quand il sort sa tête humaine de son bec. 

Comme souvent chez Miyazaki c'est par une succession de passages dans des mondes invisibles à l'oeil humain que le jeune garçon va quitter le monde de l'enfance pour passer dans celui de l'adolescence. Tenter de comprendre pourquoi il rejette sa belle-mère, retrouver sa mère enfant, faire des rencontres déterminantes, une jeune femme marin intrépide (j'ai longtemps cru que c'était un garçon) croiser des peuples de volatiles plus ou moins fréquentables ou agressifs et des petites créatures qu'on a envie de câliner les warawaras mais surtout faire ce deuil impossible d'une maman.

Et comme toujours c'est d'une beauté époustouflante. Les personnages, les intérieurs sont magnifiques mais c'est surtout à la nature que la main de Miyazaki accorde toute son attention, toute la finesse de son trait et de ses couleurs. Et comme toujours c'est dans le "monde réel" que je préfère déambuler, les mondes parallèles du maître ont un peu tendance à me perdre et il y a ici une succession assez impressionnante de portes qui s'ouvrent et rendent le récit assez labyrinthique voire parfois confus. Je me demande d'ailleurs comment les plus jeunes peuvent s'y retrouver. A moins qu'ils acceptent davantage que moi de ne pas tout comprendre. Le symbolisme animalier excessif me laisse parfois sur le carreau. Ce qui ne m'empêche en aucun cas de profiter du spectacle qui est sublime de bout en bout. Les aquarelles délicates de Miyazaki se contemplent presque bouche bée. Pour Noël je vais d'ailleurs mettre sur ma liste au Père Noël, Le voyage de Shuna, le conte illustré de la main de Miyazaki qui date de 1983 et est publié par les Editions Sarbacane depuis le 1er

En résumé, je suis à l'aise dans une petite moitié du film. Dès lors que les hordes de pélicans ou de perruches surgissent, la pensée animiste de Miyazaki me laisse un peu hors de la tour magique. Une certitude, tout est absolument magnifique. La première scène en particulier où Mahito et son père découvrent au loin que l'hôpital où la mère est hospitalisée est en feu. La course éperdue de l'enfant vers sa mère qu'il ne reverra plus que la confondant désormais avec les flammes meurtrières est sublime et bouleversante. En plein bombardement, Mahito court vers sa mère adorée complètement inconscient du danger. C'est aussi tragique que magnifique. Et toute la première partie très réaliste est la plus réussie car la moins hermétique. Si visuellement la seconde partie est tout aussi somptueuse, la narration est beaucoup moins limpide et l'abondance de volatiles finit par être indéchiffrable. J'aime quand Mahito revient dans le vrai monde qui me semble suffisamment sublime pour y vivre une histoire hors du commun.

Le film s'inspire du roman Et vous, comment vivrez-vous ? de Genzaburo Yoshino qui date de 1937, un livre que Miyazaki avait reçu de sa mère et que Mahito découvre dans le film avec une dédicace. Mais pourquoi n'avoir pas gardé ce titre si beau (sans doute pas assez explicite pour nous pauvres français) tout comme l'affiche japonaise que j'ai choisie et que je trouve bien plus belle que celle que l'on voit partout ?

Vous avez peut-être également remarqué à quel point 2023 nous a permis de découvrir les oeuvres de quelques vénérables vétérans du cinéma, Martin Scorsese, Ken Loach, Marco Bellocchio, Woddy  Allen, Rydley Scott et Miyazaki... Espérons qu'ils n'ont pas dit leur dernier mot car le cinéma sans eux serait sacrément orphelin.

En attendant et "quoiqu'il advienne, il faut tenter de vivre"...

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Commentaires

  • Aah.... Le retour à la vie :-)

    Et vous comment vivrez-vous ? un beau titre, mais qui n'interpellera que les adultes. Apparemment le seul livre traduit de Genzaburo Yoshino qu'il faut que je trouve pour augmenter ma belle collections des éditions Piquier...

  • Je commence à émerger en effet.
    La littérature japonaise hélas, me tombe un peu des mains.

  • Ravi de te "voir" de retour ! J'espère que tu as retrouvé des couleurs !
    Courage pour chasser ce fichu virus dé-fi-ni-ti-ve-ment !

    Je ne suis nullement déçu par ce Miyazaki 2023, aussi beau que tu l'as souligné, et dans lequel j'ai accepté de me perdre, parfois. J'ai été étonné par ce ton très adulte qui fait qu'à mon avis, le film n'est pas destiné aux plus jeunes enfants. Et j'ai aimé la première apparition de la fille du feu (d'artifices). Toute la symbolique derrière m'a beaucoup touché, surtout quand chacun ouvre une porte différente qui l'amène à vivre son destin...

    Dis ! Rien à voir, mais on a oublié Clint dans la liste des papys qui nous offrent un nouveau film. Il paraît qu'il a repris le boulot après les différentes grèves hollywoodiennes !

    Bon week-end, Pascale. J'ajoute un lien vers ta chronique sur la mienne, qui attend son tour...

  • C'est encore fragile. Cte fatigue !!! Merci :-)

    Je me suis laissé perdre mais franchement je suis loin d'avoir tout compris. Et je reconnais qu'au bout d'un moment les envolée de perruches et de pélicans j'en pouvais plus. Je ne le conseillerais pas aux plus petits ce film.
    Mais le dessin d'Hayao, que c'est beau.

    Je n'ai pas oublié Clint, j'ai juste cité ceux qui ont sorti un film cette année. Comme toi j'attends Juror #2 même si le casting ne m'emballe pas.
    Et j'ai vu le Bellochio : BEAU !

  • Ouch, Clint de retour, une bonne nouvelle ? "Cry Macho" on en reparle ?
    Allez, laissons lui une autre chance de nous épater.

  • Pire que Cry macho c'est impossible mais je ne miserais pas cher sur Nicolas Hoult...

  • Plus on va vers l'est plus les étoiles pâlissent.

  • Ça doit être ça. (-:

  • Pis les envolées volatilesques... yena trop.

  • Allergique aux plumes ?

  • Et aux poils.

  • Ce film est absolument sublime mais il faut que je le revois car c'est un des plus abstraits de Myazaki. En terme d'animation, il réalise des prouesses. Et je suis d'accord, le titre original est beaucoup plus beau et fait plus de sens que le titre Français.

  • Le titre français c'est pour attirer les gens qui ont envie de voir un garçon et un héron...
    J'ai envie de le revoir mais il y a tant de films qui sortent et j'ai eu 9 jours d'absence. C'est énorme pour moi.
    Tu n'as pas eu d'overdose d'envolées de volatiles ?

  • A ce propos, comment vas-tu ?
    Oh quand je dis le revoir, ce sera plus tard, moi aussi j'ai trop de sorties ciné à attraper et peu de séances prévu. L'année 2023 est si riche !
    Oh non, moi les volatiles j'aime bien (surtout quand ils sont petits et mignons).

  • De mieux en mieux mais j'ai hâte de retrouver la grande forme.
    Je trouve les volatiles du film plutôt moches et pas mignons :-)

  • Un Miyazaki est toujours plein de richesse, mais cette fois j'ai trouvé qu'il s'était un peu reposer sur ses acquis (quasi tout le film nous fait penser à des scènes similaires de ses précédents films) et sur ses lauriers. De surcroît ok avec toi le héron et son visage forme une chose assez laid

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