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RIEN À PERDRE

de Delphine Deloget ***(*)

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Avec Virginie Efira, Félix Lefèvre, Alexis Tonetti, India Hair, Arieh Worthalter, Mathieu Demy

Mère célibataire, Sylvie vit à Brest avec ses deux enfants Jean-Jacques et Sofiane. 

Elle travaille la nuit dans un bar et un soir en son absence, son jeune fils Sofiane se brûle grièvement avec la friteuse qui prend feu. Sylvie ignore qu'en cas d'accident domestique impliquant un mineur, un signalement est fait par l'hôpital auprès des services sociaux. Dès lors que la machine judiciaire est en marche dans le but de protéger l'enfant en danger auprès d'une mère irresponsable, Sylvie assiste sans pouvoir rien faire au placement de Sofiane en foyer en attendant les suites de l'enquête. Le déchirement est immense mais aidée d'une avocate, de ses deux frères et de ses amis, Sylvie met tout en oeuvre pour récupérer Sofiane au plus vite. Elle ne doute pas un instant qu'elle aura vite fait de convaincre qu'elle forme une famille aimante et soudée avec ses deux enfants. C'est le cas et c'est ce que le spectateur observe sans le moindre doute même si l'appartement est bordélique et que Sylvie compte beaucoup sur son aîné pour s'occuper du plus jeune.

Cette mère aimante est loin d'être parfaite et à aucun moment elle ne remettra en question son mode de vie et d'organisation. Mais face à elle se trouve une institution avec ses codes, ses règles, ses méthodes mais aussi sa lenteur, sa lourdeur et surtout la volonté sincère voire quelque peu pressante de ne pas passer à côté d'un cas de maltraitance. Nous savons de notre côté de l'écran qu'il n'en est rien et le film se garde bien d'être manichéen même si l'administration ressemble parfois à un système inhumain. Il est parfois difficile aux agents des services sociaux d'interpréter correctement les signaux envoyés par Sofiane qui devient de plus en plus ingérable parce qu'il veut retourner chez sa mère et cette dernière qui s'emporte facilement parce qu'elle veut récupérer son fils. Mais parfois, l'assistante sociale peut se faire lourdement insistante lorsqu'elle veut par exemple que Jean-Jacques, l'aîné, dont le père est mort lorsqu'il avait deux ans, lui parle de sa souffrance alors qu'il affirme qu'à l'âge qu'il avait il n'en garde aucun souvenir et en conséquence ne souffre pas.

Pas de doute on est ici sans équivoque du côté de la mère qui parfois se heurte à des murs d'incompréhension et une certaine inhumanité, mais la réalisatrice vient du documentaire et l'aspect très documenté du film est évident. L'engrenage est implacable et on a vraiment l'impression qu'un peu plus d'écoute, d'indulgence et d'empathie résoudraient les problèmes. Mais les services sociaux en voulant parfois ne pas se tromper commettent de lourdes erreurs. Comme c'est le cas ici.

La dégringolade psychique, la descente progressive dans une forme d'enfer de Sylvie déchire le coeur, comme la séparation d'avec son fils, comme les reproches dont elle accable parfois l'aîné pourtant irréprochable. Le film est fort, très angoissant malgré quelques petites touches d'humour très bienvenues. Mon insupportable voisine n'a cessé de rire. Elle a sans doute vu une super comédie alors que moi j'ai pleuré pendant plus d'une heure.

Autour de Virginie Efira absolument bouleversante, juste, crédible, parfaite comme toujours, en mère louve obstinée, gravitent Arieh Worthalter à des années lumière de son rôle de Pierre Goldman, en frère inconséquent, le merveilleux Mathieu Demy en frère responsable, et ses deux fils de cinéma, le petit Alexis Tonetti dans le rôle de Sofiane et surtout Félix Lefebvre (vu dans Eté 85 de François Ozon) absolument époustouflant ici.

N'oubliez pas vos mouchoirs.

Commentaires

  • Virginie Elfira est INDISPENSABLE (voir même vertigineuse) :-)
    J'essaierai de le (la) voir...

  • Comment se passer de Virginie, il faudrait que l'on m'explique.
    Par contre, on peut éviter Napo...

  • Elle est parfaite à tout point de vue.

  • De l'émotion putain !
    Là, j'ai eu ma dose mais c'est tout de même d'une gaieté plombante...

  • Oui question émotion on est bien servi.
    Pas gai.

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