de Martin Bourboulon **

Avec François Civil, Vincent Cassel, Romain Duris, Pio Marmaï, Eva Green, Lyna Khoudri, Louis Garrel, Vicky Krieps, Eric Ruf, Marc Barbé, Patrick Mille

Suite et fin (ou pas...) des aventures des quatre garçons toujours au prise avec la redoutable Milady qui leur voue une haine farouche.

Un bref résumé du réjouissant premier épisode nous rappelle comment les trois mousquetaires sont devenus quatre, comment D'Artagnan est tombé amoureux de la douce Constance, comment ils ont déjoué un attentat visant le Roi et patati et patata.

Je ne m'éterniserai pas sur ce film. Une déception malgré de bons moments. J'attendais un peu plus de cette suite qui démarre exactement là où le premier volet s'achevait : l'enlèvement de Constance.

Mais j'ai l'impression que les défauts ou en tout cas ce qui m'avait déplu se sont accentués. La caméra à l'épaule nous plonge toujours en plein coeur des noooooooooooombreux combats. C'est vraiment pénible. Je comprends l'idée, j'essaie d'admirer la prouesse mais cela ne me convient pas. C'est agité et cela donne le tournis. Ce n'est pas parce que les personnages sont en pleine action que le spectateur doit être secoué sur son fauteuil. C'est mon avis que je partage. Qui a décidé que nous agiter comme des pruniers rendait l'action plus crédible ? 

Evidemment, big up aux magnifiques décors naturels, aux costumes un peu trash, punks voire gothiques pour Milady. Dommage pour l'abus de filtres ocres jaunes. Et dommage aussi pour la confusion. Comme si les scènes avaient été mises bout à bout sans forcément de suite ou de progression. Et je dois dire que j'ai été agacée par l'abus de "just in time" (sauf une fois...loupé, mais je ne spoilerai rien, promis), les batailles dont je n'ai pas toujours compris qui elles opposaient, de la multitude de voyages comme s'ils se téléportaient d'une région voire d'un pays à l'autre. Et les acteurs s'exprimant avec un impressionnant sérieux pour tenter de nous expliquer ce qui se passe mais... ça ne passe pas, ça passe moins bien.

D'Artagnan, amoureux éperdu est d'une fadeur exceptionnelle. On sent que François Civil est beaucoup plus à l'aise dans le registre de la comédie. Et en lui opposant la bombe a(na)tomique qu'est Eva Green, on a l'impression de voir un petit garçon face à sa grande soeur. Bref, pas de tension torride entre eux et d'Artagnan/François se fait voler la vedette par... à peu près tout le monde. Tant pis, cet épisode après tout s'appelle Milady. Qui assure et doit se démener à peu près seule pour donner un peu de vigueur au récit. Et lorsque l'on découvre enfin qui est le traître à l'origine de l'attentat contre le Roi... ok, bon c'est lui, scène suivante. La minuscule intrigue entre Aramis, Porthos et un nouveau personnage (féminin) n'a strictement aucun intérêt et comble du vide. Athos (Vincent Cassel) a plus de profondeur et sa connexion avec Milady apporte un peu de piment. Mais tout cela est fortement décousu.

Je le répète, sans Milady et la justesse d'interprétation d'Eva Green, le film serait vraiment tristouille et sans grand intérêt. Cette garce manipulatrice et envoûtante cache tant de tristesse et de souffrance qu'elle parvient à nous émouvoir et l'actrice, le genre à faire pleurer un caillou, réussit cela très bien.

La fin annonce clairement un troisième épisode et là... je pense qu'il relèvera de la pure imagination ou alors il va falloir que je m'attèle à lire les 893 pages d'Alexandre Dumas.

Par contre, ce que je refuse absolument de pardonner au réalisateur et qui me semble inexcusable, est d'avoir réduit Louis XIII et en conséquence Louis Garrel à un rôle de figuration en deux pauvres misérables scènes où il brille néanmoins par son humour décalé, alors qu'il était un des atouts du premier volet. Ne ratez pas son imitation de l'accent de Vicky Krieps (il faut tendre l'oreille).

Nous priver ainsi de ce personnage, de cet acteur relève de la faute professionnelle.