LE SUCCESSEUR
de Xavier Legrand °
Avec Marc-André Grondin, Yves Jacques
Elias est québécois et vient d'être nommé Directeur artistique d'une grande maison de haute couture française.
Il cache sa joie.
Dans la foulée, il apprend que son père qu'il n'a pas revu depuis des années vient de mourir d'une crise cardiaque.
Il cache sa peine.
Et même si Miami où sa mère réside (elle est divorcée du défunt et remariée avec son frère pour vous donner un aperçu de la famille) est plus proche de Québec que de Paris, elle refuse de s'occuper des obsèques. Elias est donc contraint de se rendre sur place pour organiser la cérémonie, vider la maison et toute cette sorte de choses.
Il fait franchement la gueule.
Sur place, over jetlagué il fait la connaissance d'un type vaguement inquiétant qui se dit être le meilleur ami du père et souhaite le soutenir dans les démarches et le chagrin.
Avez-vous déjà vu un film grotesque et stupide ? Si oui, passez votre chemin car celui-ci est de cet ordre et il est inutile de vous faire du mal. Si non, précipitez-vous car autant d'aberrations dans un film est une rareté, un cas d'école même si c'est une épreuve d'aller au bout. Et pourtant, la bande annonce était plutôt attirante et je me disais que pour une fois on ne comprenait pas trop ce que le film pouvait bien raconter ce qui laissait toute sa place au mystère. Et puis j'étais contente de retrouver Marc-André Grondin dont on a pas eu beaucoup de nouvelles depuis le formidable C.R.A.Z.Y. (18 ans déjà).
Cela ne commence pas mal du tout avec la longue scène d'un défilé de mode au cours duquel les spectateurs sont placés en spirale ce qui oblige les mannequins (maigres et beaux) à parcourir (à fond de train) la salle en zig zag. Sur fond blanc et noir, les mannequins colorés serpentent en courant en faisant la gueule pendant qu'Elias est saisi d'une crise de panique qu'il maîtrise pour à son tour partir à fond la caisse saluer le public. N'étant pas spécialiste de ce genre de fashionisteries, je n'ai aucune idée de savoir si cela se passe toujours de cette façon. En tout cas, j'ai trouvé cela plutôt beau. Après avoir vu le film, je me dis que cette scène destinée à montrer le milieu dans lequel évolue le personnage principal (difficile de parler de héros) aurait pu faire l'objet d'un court métrage, plastiquement, visuellement et auditivement très réussi mais intégré au film ne sert qu'à faire un petit coup d'éclat du genre : regardez comme je virevolte bien de la caméra.
Avant de se rendre au Québec, Elias, asthmatique, s'inquiète de ses palpitations de plus en plus fréquentes. Son père lui aurait-il refilé sa fragilité cardiaque ? Bien que peu rassurante le médecin l'expédie avec une ordonnance de Lexomil et lui conseille de ne pas en abuser car ce médicament endort. Elias saura se souvenir en temps utile de cette indication. Mais chut, je ne vous dirai rien.
Arrivé dans la maison de son père Elias découvre une formidable cave à vin et fait une autre découverte beaucoup moins gouleyante qui m'a fait bondir et me retrouver sur le siège voisin. Premier twist maousse de ce film qui en comporte deux voire trois si l'on y inclut l'épilogue qui soulage et dont évidemment je ne vous dirai rien. A partir de cette découverte, Elias, choqué va se faire pipi dessus, retrouver son accent québécois qu'il avait perdu pour adopter un accent parisien très pointu et prendre une série de décisions en cascade toutes plus aberrantes les unes que les autres. On a beau essayer de comprendre, on ne peut s'empêcher de se mettre à sa place, de se lever (à la manière d'un Yannick) et lui dire : "euh, frère, c'est pas ça qu'il faut faire là maintenant". Mais Elias, hélas, n'écoute rien et continue tête baissée (heureusement il porte un casque) vers des directions de plus en plus ridicules et, n'ayons pas peur des mots des actes de plus en plus cons qui finissent par frôler le ridicule pour finalement sombrer dans le grotesque et le franchement risible même si le film ne se départ jamais du plus profond et vaniteux sérieux.
Je suppose que comme dans Jusqu'à la garde (un peu surestimé malgré une scène finale apnéique d'une rare intensité et un Denis Ménochet (cette crème d'homme) plus inquiétant qu'Hannibal Lekter) le réalisateur nous signifie que les femmes peuvent être en danger auprès de certains hommes. Il nous dit sans doute aussi que l'hérédité et la génétique sont un fardeau inévitable mais bon sang, ce que ce film est con et l'interprétation de Marc-André Grondin absolument inexpressif et pour le moins problématique n'arrange rien malgré une scène de morve interminable.
Commentaires
Dommage...
j'avais envie...
parce que Jusqu'à la garde
et aussi parce que cela m'aurait replongé un peu, 18 ans après, dans l'excellentissime C.R.A.Z.Y., n'ayant eu que très peu de news - pour ne pas dire aucune - de Marc-André Grondin...
Dommage, donc...
Il était très bien dans L'homme qui rit de Jean-Pierre Améris.
Mais ce film... comment dire ! Certains adorent.
Beurk ! il y a suffisamment de bons films qui sortent cette semaine pour aller se perdre dans cette histoire ratée.
C'est un cas d'école ce ratage.
Pas grand chose sort je trouve. Toute la place est laissée à Paul et les ensablés.
oH MINCE ! Au contraire, ce film m'a fait tomber de ma chaise. Il m'a profondément remuée. Et je l'ai trouvé très beau en terme de photo. Justement j'avais envie de secouer Elias qui n'est qu'une grosse m*** !! Enfin bref, j'ai pas décroché un instant !
C'est sûr qu'il est une grosse m***** mais j'ai trouvé l'enchaînement de situations très con.