LES ROIS DE LA PISTE / LA NOUVELLE FEMME / HOLLY
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LES ROIS DE LA PISTE de Thierry Kliffa **(*)
Avec Fanny Ardant, Mathieu Kassovitz, Ben Attal, Nicolas Duvauchelle, Laetitia Dosch, Michel Vuillermoz
Rachel, ses fils Sam et Jérémie, et son petit-fils Nathan vivent de leurs petites arnaques et casses mal organisés. Un cambriolage tourne mal, Jérémie s'échappe avec sous le bras un tableau dont il ignore la valeur (La danseuse de Tamara Lempicka)
et disparaît, Sam parvient également à s'échapper mais son fils Nathan est arrêté et écope de 3 ans de prison. Des années plus tard la famille en froid se reforme, part à la recherche de Jérémie et du tableau qui leur assurerait une douce retraite avec à leur trousse une détective et son acolyte chargés de les prendre en flagrant délit.
Disons que j'ai passé un assez bon moment en compagnie de cette équipe de bras cassés dans cette comédie policière qui mixe casses foireux, histoire de famille et bluette sentimentale. Le film lorgne un peu du côté de L'innocent de Louis Garrel (le roi de la comédie) sans jamais se hisser à son niveau d'excellence. Le scenario multiplie les rebondissements pas toujours cohérents et compréhensibles. C'est donc essentiellement du côté du casting qu'il faut se tourner pour trouver son plaisir. Les acteurs semblent en effet se régaler de leurs personnages à contre emploi notamment en ce qui concerne Mathieu Kassovitz, complètement intoxiqué par la quantité de médicaments qu'il ingurgite quotidiennement pour tenter de contrôler ses crises d'angoisse et la plupart du temps complètement stone. Il ne nous avait jamais vraiment jusqu'alors montré ses talents burlesques et un air aussi abruti. Nicolas Duvauchelle, formidable comme il ne l'a pas été depuis bien longtemps se sort admirablement d'un rôle casse-gueule et se charge de la partie émotion de l'histoire. Et Fanny Ardant se montre royale dans son personnage qu'elle maîtrise à la perfection de mère amorale et anticonformiste qui appelle ses fils "ma beauté" ou "mon poussin" tout en ne les ménageant jamais. Son tempo comique est irréprochable et c'est un régal de l'entendre proférer des répliques telles que : "C'est pas un bon jour pour tirer sur quelqu'un".
Pour le casting donc, mais sinon pas grand chose à se mettre sous la dent.
P.S. : J'ai vraiment envie de savoir qui est à l'origine de cette affiche d'une hideur peu commune ainsi que du titre, pas fameux et hors sujet, vous ne trouvez pas ?
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LA NOUVELLE FEMME de Léa Todorov **
Avec Jasmine Trinca, Leïla Bekhti, Rafaëlle Sonneville-Caby
La réalisatrice contourne le classique biopic en inventant (je crois) une relation entre une cocotte de 1900 Lili d'Alengy qui rencontrerait Maria Montessori à l'origine de la fameuse méthode d'enseignement. Elles ont toutes deux en commun un secret inavouable. Lili a honte de sa fille Tina parce qu'elle est handicapée. Elle l'a confiée à sa mère et la récupère lorsque cette dernière meurt. Et Maria Montessori a placé son fils en nourrice. Elle ne peut vivre avec l'enfant car elle l'a eu hors mariage. En quittant Paris pour Rome, Lili souhaite que Maria intègre sa fille dans l'institut pour enfants déficients dans lequel elle travaille. Les deux femmes vont peu à peu se lier d'amitié.
Malgré de jolies scènes au cours desquelles on voit les enfants, réellement handicapés, évoluer et progresser, l'extrême émotion provoquée par Tina à chacune de ses apparitions (la petite Rafaëlle Sonneville-Caby est étonnante), l'implication de Jasmine Trinca, la charge contre la société patriarcale (Maria Montessori travaille dix heures par jour sans être payée et ne peut exister que si un homme est près d'elle, parle pour elle ou l'épouse...), le film reste toujours sage et amidonné comme les corsets de ces dames. Le plus désolant est que la "méthode" soit résumée par un laconique "pour qu'un enfant progresse il faut avant tout l'aimer" réduisant une fois de plus la femme à sa douce fonction de personne aimante et capable de tendresse.
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HOLLY de Fien Troch *
Avec Cathalina Geraerts, Felix Heremans, Greet Verstraete
Holly décide un jour de ne pas se rendre au lycée. Elle fait bien parce que l'établissement prend feu et plusieurs élèves meurent dans l'accident. Tout à fait par hasard, Holly découvre qu'elle possède le don de consoler les gens de leur chagrin en les serrant dans ses bras. Elle multiplie les étreintes, y trouve une compensation financière inattendue et continue à être victime de harcèlement scolaire de la part de ses... camarades.
J'ai essayé en vain de m'accrocher à l'histoire adolescente et ésotérique de cette fille perdue (cheveux gras) mais l'affaire m'est tombée des yeux jusqu'à un final en plan fixe que je n'ai pas compris et qui m'a rendu le film encore plus antipathique.
Pourquoi nous parler (dans le synopsis) de sorcière ou de sainte ? Il n'en est absolument pas question ici. La réalisatrice appuie sur le misérabilisme, les conditions de vie de Holly, le harcèlement dont elle fait l'objet sans réagir et semble ne pas éprouver beaucoup d'affection pour son personnage. On finit par se désintéresser de cette pauvre Holly qu'elle accompagne d'un personnage masculin également souffre-douleur à l'école. On ne saura pas si elle est dotée d'un don très spécial ou s'il s'agit d'une escroque opportuniste.
ATTENTION SPOILER.
Le final sans fin en queue de poisson semble signifier que Holly et son ami Bart ne sont qu'une seule et même personne ce qui a été également suggéré au cours du film, mais cela n'a aucun mais vraiment strictement AUCUN intérêt.
Commentaires
Bizarre, ton interprétation de la fin de "Holly"...
Tu la comprends comment ?
Il faut bien que ça ait un sens cette fin !
Pendant le film on voit la superposition des deux visages à un moment.
ATTENTION POSSIBLES SPOILERS !
Maintenant que tu parles de cette superposition, je m'en souviens. Moi, j'ai vu ça comme un signe de leur grande proximité. Holly est la seule personne qui traite Bart normalement, il me semble.
Cela dit, pour aller dans ton sens, je n'ai pas reconnu Bart dans la toute dernière scène. Que j'interprète comme celle du mec qui s'affirme enfin face aux brutes qui le harcèlent, en profitant du "don" de Holly, encore actif pour lui alors qu'elle est bien fatiguée.
Vu la te tentative d'aspect surnaturel du film, j'ai pensé que cette superposition avait un sens profond...
Le fait qu'elle soit la seule à accepter Bart est évident (d'ailleurs l'interprétation du garçon m'a rappelé celle de Leo dans Gilbert Grape).
Ce n'est pas Bart, c'est une mélange de Bart et Holly :-)
Cloué au lit et privé de salle, je fais donc de loin l'état des lieux grâce à toi. Le seul qui m'aurait tenté est le Kliffa dont la BA est sympathique (mais méfions-nous des bandes-annonces). Visiblement, seuls les acteurs valent le coup.
Sinon il y a aussi "Boléro" avec le beau Raphaël (à quand un biopic sur Delon pou qu'il ait le premier rôle ?) Je vais aller lire ton avis.
Et Houellebecq ?
Ah mince. Santé fragile. Tu seras remis pour Reims Polar j'espère car j'y serai. Prépare toi pour des afters.
Le Klifa n'est pas transcendant mais pas indigne.
J'ai évité de dire une fois de plus à quel point le magnifique et excellent Raphaël ressemble à Delon mais c'est incroyable. Même les mimiques, les attitudes. Il est TRÈS bon dans Boléro et il a le 1er rôle.
Je ne mets pas un kopeck dans un film avec Wellbec, depuis sa définition de la femme je le boycotte comme Amazon, Zara, Shein etc.
Par contre je viens de voir Chroniques de Téhéran qui fout KO comme 99,99 % du cinéma iranien. J'aurais baffé le connard derrière moi qui a dû prendre ce film pour une comédie. Il a dû se croire dans Chien et chat. Chaque fois qu'il pouffait j'avais envie de pleurer moi.
C'est vrai que le vieux Miche sent de plus en plus de rat moisi. Mais je fais confiance à Nicloux pour faire de sa dépouille un pantin grotesque. Et puis il y a Blanche à côté. Je verrai si j'ai le temps et si je me sens plus vaillant.
Rdv pris dès le 9 avril. Par contre, pas d'after pour moi, j'ai école le lendemain.
On se demande comment ils arrivent encore à faire des films comme ça en Inde.
Même s'il sentait bon sa pensée est pourrie et Blanche a fini par me gaver. Pas trop de raisons que je me fasse mal.
Pffff, quel bonnet de nuit.
Je cherche pourquoi tu parles de l'inde.
J'ai pensé Iran et mon clavier a marqué Inde. Faut vraiment que je me repose...
Pour le film iranien il a rusé je crois. Ils ne manquent pas de courage pour autant.
"La Nouvelle Femme"... Magnifique duo d'actrices, mais la courstisane est fictive ce qui ne sert juste à rien d'autre que de faire du révisionnisme historique. Par exemple la Montessori était déjà professeure rémunérée et notamment grâce au ministre de l'époque... Dommage sinon c'est joliment fait ni plus ni moins mais le message féministe bien appuyé fait le reste
J'ai trouvé Leila un peu coincée dans ses costumes.
Révisionnisme historique... faut pas pousser, le film ne remet pas grand chose en jeu, c'est juste une petite fioriture de scénario pour associer deux figures féminines opposées.
"La Nouvelle Femme"... ça reste du révisionnisme car toute la partie qui dénonce son absence de salaire et/ou sa position victimaire est faux.
"Les Rois de la Piste"... Enfin vu ! Je n'avais pas penser à "L'Innocent" mais c'est assez vrai, j'avais plus penser à un sous-Rappeneau. Ca reste divertissant grâce à quelques moments de grâce mais ça manque de rythme je trouve.