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CE SOIR SUR ARTE

L'OMBRE DE STALPOUTINE

d'Agniezska Holland ***(*)

L'OMBRE DE STALINE d'Agniezska Holland, cinéma

Ne ratez pas ce film PASSIONNANT qui était (il me semble) un peu resté confidentiel lors de sa sortie en juin 2020... mais à cette date les cinémas rouvraient à peine leurs portes, redevenaient essentiels après quelques mois de fermeture pour cause de pandémie et blablabla.

Je vous invite expressément à ne pas le rater cette fois. La réalisatrice y décortique le "meurtre par la faim" que Staline, le petit père des peuples, a organisé sur les peuples russe, kazakh et ukrainien en faisant mourir de faim 8 millions de personnes afin de faire rayonner la grande Russie à l'international. Vous y découvrirez peut-être un nouveau mot terrifiant : holodomor. Le lanceur d'alerte Gareth Jones a réellement existé. Son histoire est terrible et passionnante et l'acteur James Norton, une révélation.
Vous hésitez encore ? Je ne peux plus rien pour vous.

L'OMBRE DE STALINE d'Agniezska Holland, cinéma

Voici ce que j'en disais en juin 2020.

Avec James Norton, Vanessa Kirby, Peter Sarsgaard, Joseph Mawle

Jeune journaliste pigiste, Gareth Jones est le seul à avoir obtenu une interview d’Hitler qui venait tout juste d’accéder au pouvoir. Cela s'est passé à bord de l'avion privé du dictateur en février 1933;

Le jeune homme est également conseiller politique du 1er ministre britannique de l'époque Lloyd Georges. Fort de son "expérience" auprès d'Hitler il souhaite interviewer Staline. Les caisses russes sont vides et  Staline établit sa propagande autour du "miracle soviétique". Bien que moqué par les vieilles barbes du gouvernement, Gareth obtient finalement un visa pour Moscou et là bas, il ira de surprises en déconvenues et autres découvertes monstrueuses. Convaincu par un contact qui va être mystérieusement assassiné, il échappe à la surveillance et se rend en Ukraine. Ce qu'il va y découvrir dépasse l'entendement.

Agnieszka Holland nous propose une leçon d'histoire, de celle qu'on étudie pas dans les livres scolaires. Sachant qu'un sondage russe récent place Staline comme l'un des meilleurs gouvernants que la Russie ait connu, il faut croire que les principaux intéressés ont également la mémoire courte ou simplement effacée par la propagande.

L'Ukraine est présentée comme le grenier à blé de la Grande Russie et pour faire rayonner sa splendeur à travers le monde, Staline exporte massivement. Pour cela, il vide le grenier (collectivisation forcée) et affame la population locale réduite à crever dans la rue, dans l'indifférence générale, à ronger l'écorce des arbres pour se nourrir et bien pire encore… Gareth va se retrouver plongé dans les mêmes conditions que la population locale, seul et à pied dans la steppe enneigée, épuisé et affamé, il découvre l'horreur. Les scènes où il se déplace laborieusement dans la neige et le froid m'ont rappelé celles où Jivago tente de rejoindre Lara où celles où Louise Bryant tente de rejoindre John Reed (j'ai revu cette semaine ce GRAND film de Warren Beatty, Reds, que je vous recommande chaleureusement également).

Sur certains murs des villages à l'agonie que Gareth traverse sont affichés des portraits géants de Staline qui porte une gerbe de blé à la main. Sous ces affiches démesurées où le dictateur arbore un sourire paternel et un visage rassurant, le peuple meurt de faim dans la rue. La réalisatrice ne nous épargne pas la réalité de cet Holodomor* (littéralement meurtre par la faim) non reconnu comme génocide qui a fait 6 à 8 millions de morts en Russie dont la plupart en Ukraine.

D'abord mené comme un film d'espionnage, Agnieszka Holland nous immerge dans la première partie dans les milieux intellectuels de l'époque où il faut se méfier de tout et de tous, du moindre regard et surtout des écoutes, pratique courante et facilement déjouée. Un journaliste anglo-américain devenu plus russe que russe, Walter Duranty, auréolé d'un prix Pullitzer pour ses reportages sur l'Union Soviétique et interprété fielleusement par Peter Sarsgaard, organise des soirées décadentes et continue de propager ses écrits négationnistes, en accord avec la propagande. En 1990, un éditorial du New-York Times déclare qu'il est l'auteur de «quelques-uns des pires reportages jamais parus dans ce journal». 

A noter également la présence dans le film de Georges Orwell qui choisira de raconter les dérives du totalitarisme et du stalinisme sous la forme d'un roman dystopique La ferme des animaux. Selon lui, raconter ces horreurs sans distance serait insoutenable et aurait sans doute été censuré.

Le douloureux périple de Gareth donne à ce film un aspect aventure même si l'on a du mal à croire ce que l'on découvre au travers des yeux effarés du journaliste. Il est en fait ce qu'on appelle aujourd'hui un lanceur d'alerte. Une sorte de héros qui se bat et se sacrifie pour faire connaître la vérité. Inutile de vous dire qu'elle dérange et que ses révélations ne sont pas accueillies avec enthousiasme.

Le pas très connu James Norton porte avec fierté et humilité ce beau personnage noble et chevaleresque. Avec sa tête de premier de la classe un peu naïf et maladroit, il est notre guide pour ce film passionnant.

* Holodomor est un nouveau terme forgé en Ukraine pour définir l’extermination par la faim et son caractère intentionnel. En l’espace de deux ans, de l’été 1931 à l’été 1933, près de 7 millions de soviétiques, dans leur immense majorité des paysans, moururent de faim au cours de la dernière grande famine européenne survenue en temps de paix : 4 millions en Ukraine, 1.5 millions au Kazakhstan et autant en Russie. A la différence des autres famines, celles de 1931-1933 ne furent précédées d’aucun cataclysme météorologique. Elles furent la conséquence directe d’une politique d’extrême violence : la collectivisation forcée des campagnes par le régime stalinien dans le double but d’extraire de la paysannerie un lourd tribu indispensable à l’industrialisation accélérée du pays, et d’imposer un contrôle politique sur les campagnes, restées jusqu’alors en dehors du « système de valeurs » du régime".

A vomir.

Commentaires

  • Un film à voir pour comprendre le passé mais aussi l'actualité !

  • Je ne connaissais pas ou avais oublié cet épisode terrible. Finalement Staline a fait "mieux" qu'Hitler et en trois fois moins de temps ! C'est suffoquant ce film.

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