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HORS SAISON

de Stéphane Brizé ***

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Avec Guillaume Canet, Alba Rochwacher

Mathieu s'installe pour une semaine dans l'hôtel d'une station balnéaire française au bord de l'Océan.

L'établissement ressemble à un paquebot et comme le titre du film l'indique, la période, hors saison rend l'endroit et l'environnement relativement vides voire fantomatiques. Mathieu est un acteur célèbre et dès son arrivée, il est reconnu par le personnel mais aussi les quelques clients de la station. Il se soumet de bonne grâce aux demandes de selfies jusque sur la table de massage et même si son sourire forcé est un peu crispé.

Mathieu est là pour tenter de soigner un mal être professionnel (il vient d'abandonner sans explication les répétitions d'une pièce qui aurait été sa première incursion au théâtre) mais aussi un spleen existentiel général à l'approche de la cinquantaine. Dans la première partie, nous suivons Mathieu dans sa déambulation solitaire au coeur de cet établissement immaculé qui fiche le bourdon. Tout semble être réuni pour assurer un environnement luxueux, aseptisé et apaisant mais tout ce blanc, cette impression de se noyer dans du beige, croiser des gens silencieux en peignoirs blancs donnent plutôt envie de se jeter sous un train ou dans l'océan. Entre bains à bulles, massages, masques aux algues et crises de larmes insurmontables, Mathieu flâne sur la plage, rencontre un coach en bien-être et essaie de lire les scenarii qui lui ont été remis. Sa femme, une journaliste star du 20 h (Marie Drucker l'interprète sans paraître à l'écran, elle est aussi la co-scénariste du film) a peu de temps à consacrer à son mari mais énergique et autoritaire, elle l'exhorte à se reposer mais surtout à réagir à tourner un polar et un film social pour se remettre en selle. C'est peu de dire que l'énergie de l'une face à la neurasthénie de l'autre ne matchent pas. Malgré leurs "mon amour", on sent qu'ils ne sont plus sur la même longueur d'ondes.

Hors-saison : Photo

Le ton vaguement burlesque du début qui met Mathieu aux prises avec une cafetière récalcitrante cède la place à une seconde partie beaucoup plus mélancolique et encore plus incertaine. Sa tristesse se heurte à la perfection de l'hôtel et à cette impression durable que la vie aura désormais les tons pastels gris bleutés de ce hors saison en demi teinte.

Mais incidemment, Mathieu retrouve Alice qui vit dans la cité balnéaire où elle est mariée, mère d'une ado et professeur de piano. Ils se sont aimés quinze ans plus tôt. Aux retrouvailles joyeuses et émues succèdent des moments de complicité et les anciens amants se retrouvent dans la ville endormie pour vivre des instants éphémères de connivence où sont évoqués les souvenirs, le présent et les regrets aussi. De rendez-vous en rendez-vous Mathieu et Alice semblent retrouver un éclat dans leurs regards surpris, les élans joyeux et les battements de coeur assortis. On n'est pas loin des chabadabada d'Un homme et une femme. L'impression est sans doute provoquée par cette plage désertée où un couple rasséréné se promène sans arrière-pensée.

J'ai regretté que le réalisateur n'en reste pas à cette relation platonique et qu'Alice qui a sans doute le plus souffert lors de la séparation joue le rôle de celle qui reproche mais je me suis laissé bercer par la douce musique de cette parenthèse où deux êtres aux coeurs ébréchés se reposent l'un sur l'autre.

Hors-saison : Photo

Et puis, alors que le ronron aurait pu devenir pesant dans un film qui jusque là brillait par sa légèreté et sa délicatesse, surgit une scène venue de nulle part dont on se demande ce qu'elle vient faire là... Pourtant, elle relance le film et provoque une belle émotion jusqu'à une scène de mariage homosexuel, très belle entre deux vieilles dames où alors les mots sont devenus inutiles et où les silences sont bien plus éloquents. Et l'intervention des chanteurs d'oiseaux, Johnny Rasse et Jean Boucault (si ces deux artistes passent près de chez vous : foncez les écouter !) ajoute la dernière touche de douceur et de fragilité.

Hors-saison : Photo Alba Rohrwacher, Guillaume Canet

Quant aux deux acteurs qui forment le couple, ils sont en harmonie totale. Guillaume est formidablement convaincant dans ce rôle où il joue le rôle d'un acteur connu. Son autodérision fait plaisir à voir. Sa tristesse et son découragement, ses excuses sincères de ne peut-être pas s'être bien comporté jadis le rendent infiniment touchant. Alba Rochwacher, sa beauté étrange, son accent délicieux, ses regards éperdus est comme toujours merveilleuse. J'ai adoré son explication sur le fait que ces retrouvailles ne soient pas le fruit du hasard...

La belle et simple musique de Vincent Delerm accompagne cette variation mélancolique mais je dois dire que la magnifique chanson de Francis Cabrel colle parfaitement au film.

Commentaires

  • Les chanteurs d'oiseaux sont passés chez moi et j'ai foncé .... Rien que leur présence me ferait aller voir le film, mais de toute façon cette histoire me tente. J'ai un peu trainé dans des lieux comme celui-là et c'est vrai que l'ambiance est un peu étrange, en tout cas pas chaleureuse.

  • Leur tournée 2024 ne passe pas du tout par chez mou, jsuis dég.
    Je ne vois pas comment avoir le moral qui remonte dans ce genre d'endroit blanc. On dirait un hôpital psy.

  • Ce WE, j'ai voulu commenté ton billet sur Facebook, et FB a supprimé mon comm par 2 fois, en menaçant de me punir plus si je continuais à dire : "je vais le voir lundi".
    Donc je suis allée le voir hier...
    Et j'avoue j'ai trouvé beaucoup trop de longueur, de lenteur, de silence. malgré des aspects positifs je n'ai pas vraiment adhéré au film qui "ne m'a rien apporté" en fait.
    Et puis ce temps perpétuellement gris, ça m'a plombé...
    J'aurais aimé que les petites scènes d'humour du début se poursuivent, pour alléger un peu l'atmosphère. Bref, un film trop intellectualisé pour moi ;)

  • Trop drôle ton début de commentaire. C'est vrai que tu y es allée un peu fort avec ton : "je vais le voir lundi". :-)
    Dommage que tu ne te sois pas laissé gagner par l'atmosphère hors saison contrairement à moi.
    Je ne le trouve pas intellectuel du tout ce film mais plutôt basé sur les émotions et les sentiments.

  • Il me tentait bien celui-ci pour fêter le printemps, mais les caprices de la grille horaire en ont voulu autrement. En même temps, moi et Delerm, ça ne colle pas des masses...

  • Delerm n'est qu'un élément très discret du film, il ne chante pas. Je suppose que c'est sa voix qui coince. En concert, tu serais surpris c'est un showman.
    Et pour le film, c'est dommage, ce hors saison cadre magnifiques avec l'humeur mélancolique (mais pas du tout avec le printemps).

  • Delerm ne chante pas il est vrai (et c'est heureux), mais sa musique est omniprésente. Et c'est tant mieux parce qu'elle ajoute une note mélancolique bienvenue à ces retrouvailles aux yeux mouillants comme le ciel de Bretagne. Ils sont mignons tous les deux dans leur maison de retraite respective.
    Je note l'adresse pour une thalasso un jour.

  • Je note l'adresse aussi pour ne jamais y mettre les pieds. Tu y entres dépressif, tu en sors suicidaire.
    Les yeux mouillants... c'est beau comme du Brel et les teintes pastels du film qui s'accordent avec le piano de Vincent et l'humeur des tourtereaux contrariés.

  • ça c'est parce que tu n'as pas testé le "sport mystique" :))))

  • C'est vrai que cela fait rêver.
    Mais je médite en pleine conscience.

  • Très fan de Stephane Brizé (depuis "Quelques Heures de Printemps", et dont j'avais pu avoir un entretien à l'époque) c'ets pour moi une déception, ma première. Ennyeux et ennuyant j'ai failli m'endormir. Si j'ai aimé l'autodérision de Guillaume Canet il m'a manque par contre une osmose plus probante avec sa partenaire, sans étincelle. Quiberon ça me va, c'est par chez moi ;)

  • J'ai revu Un autre monde hier. C'était tout autre chose et vraiment admirable.
    Moi ce film m'a conquise et j'ai compris la mélancolie.
    Face à l'océan : la chance !

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