REIMPS POLAR 2024 - QUELQUES FILMS DES SECTIONS PARALLÈLES
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HITCHER de Roger Harmon ***(*)
Second souffle
ETATS-UNIS (1986)
Avec : Rutger Hauer, Jennifer Jason Leigh, C. Thomas Howell
Sous une pluie battante sur une autoroute déserte en direction de la Californie, Jim Hasley prend un homme en auto-stop en assurant que sa maman l'empêche absolument de faire ce genre de choses. Pas très bavard et dans un sourire inquiétant le passager annonce à Jim que le type qui était au volant de la voiture à l'arrêt qu'ils viennent de dépasser n'ira plus très loin car "je lui ai coupé les deux jambes, et les deux bras, et la tête, et je vais te faire la même chose". Contre toute attente, voire toute logique, Jim réussit à éjecter John Ryder (c'est le nom du psychopathe) de la voiture. Mais Jim se réjouit trop vite car le tueur réussit à le prendre en chasse et une course poursuite palpitante s'engage entre les deux hommes. D'autant plus éprouvante que le pauvre Jim se trouve également suspecté par la police de tous les cadavres que John laisse sur son passage.
Etonnamment je n'avais jamais vu ce film et c'est l'un des plaisirs des festivals de pouvoir retrouver sur grand écran des classiques. Je suis enchantée de l'avoir vu dans une salle où nous n'étions qu'à peine une vingtaine de curieux ce qui n'a en rien gâché mon plaisir mais juste un peu surprise. Retrouver Rutger Hauer ce merveilleux acteur, est bien sûr le grand intérêt du film mais pas uniquement car le réalisateur (qui a peu oeuvré par ailleurs) tient magnifiquement son suspense et se sert admirablement des décors naturels admirables de la Californie. Il n'hésite pas non plus à aller au bout de l'horreur et de l'abjection de son personnage où d'autres réalisateurs auraient sans doute abusé du "just in time" pour sauver certain-e-s victimes. John Rider est sans pitié, sans morale et l'on comprend tardivement la raison pour laquelle il a gardé Jim en vie. C'est assez subtil.
Rutger Hauer est magnifique, inquiétant, fascinant et cruel. C. Thomas Howell et Jennifer Jason Leigh qui avait encore ses joues toutes rondes de l'enfance, sont très bien aussi.
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HESITATION WOUND de Selman Nacar ***
Compétition sang neuf
Turquie
avec : Tulin Özen, Ogulcan Arman Uslu
Canan avocate pénaliste court entre l’hôpital, à veiller sa mère mourante, et le tribunal. Ce jour-là elle défend un de ses clients qui lui donne du fil à retordre. Mais, pressée par sa soeur, elle doit également prendre une décision difficile concernant leur mère.
Du lever au coucher du soleil nous suivons une seule journée de la vie de Canan qui ne cesse de courir de l'hôpital au tribunal tout en cherchant à joindre un homme dont le témoignage serait essentiel au jeune homme accusé de meurtre qu'elle défend.
Ces différents arguments permettent au réalisateur de nous donner un aperçu de l'état de la Turquie. Entre logements insalubres, hôpital en décrépitude, salle d'audience du tribunal qui s'effondre en pleine audience... cela ne semble pas réjouissant. On découvre aussi une femme incroyablement forte et seule, qui a fait ses études à l'étranger (ce qui lui est fortement reproché par sa soeur) et n'a d'autre choix que de ne pas réagir aux sous-entendus dans le milieu misogyne où elle évolue professionnellement.
Les scènes de prétoire sont particulièrement réussies où les avocats des deux parties adverses argumentent. La différence de milieu social entre l'accusé et la victime ne joue pas en faveur de l'accusé. Hélas, le réalisateur nous laisse en plan sans réponse à plusieurs "dossiers" qu'il a ouverts. J'étais étonnée de voir la caméra s'éloigner de la ville sans apporter de solution mais le film n'est en aucun cas dénué d'intérêt.
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LA FEMME DU DIMANCHE de Luigi Comencini **(*)
Films noirs à l'italienne (1975)
avec : Marcello Mastroianni, Jean-Louis Trintignant, Jacqueline Bisset
L’architecte Garrone, de réputation peu flatteuse (comprenez obsédé sexuel), est retrouvé assassiné chez lui (à l'aide d'un gros phallus en pierre). Le commissaire Salvatore Santamaria enquête dans la haute société turinoise. Après avoir écarté des suspects trop évidents, il doit affiner ses investigations. La riche Anna Carla qui s'ennuie ferme dans son mariage est suspectée et ravie par cette enquête qui met un peu de piment dans sa vie. Et son ami Massimo, riche oisif est moins ravi car son alibi est qu'il a passé la nuit avec le jeune Lello, un petit fonctionnaire, et révéler son homosexualité n'est pas envisageable.
Sous couvert d'un petit polar le réalisateur fait évoluer ses personnages dans des milieux faussement chics peu reluisants et pas sympathiques. La victime est tellement peu intéressante qu'on se fiche un peu de savoir qui l'a assassinée. L'intérêt est ailleurs et surtout dans les interactions entre les différents personnages qui cachent tous quelque chose.
Mais il faut bien reconnaître que l'aspect vieillot et très daté du film ne passe pas formidablement le cap de son presque demi siècle. Par contre, et c'est le casting qui m'a donné envie de découvrir ce film sur grand écran, Marcello Mastroianni est éblouissant, élégant, drôle et son jeu particulièrement "moderne" tranche énormément avec celui des autres acteurs (italiens) qui semblent en être restés au temps du muet. Jacqueline Bisset se contente d'être TRES belle et de changer de tenue à chaque scène, et Jean-Louis Trintignant (doublé en italien) sans sa voix, n'est pas vraiment Jean-Louis Trintignant.
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SONS de Gustav Möller °°
Compétition sang neuf
Danemark
avec : Sidse Babett Knudsen, Sebastian Bull
Synopsis : Eva, gardienne de prison exemplaire, fait face à un véritable dilemme lorsqu’un jeune homme de son passé est transféré dans l’établissement pénitentiaire où elle travaille. Sans dévoiler son secret, Eva sollicite sa mutation dans l’unité du jeune homme, réputée comme la plus violente de la prison.
Mais qu'est-ce que c'est que ce film ? De la première à la dernière scène, rien ne tient, rien ne va. Tout est incohérent, improbable et irréaliste. Pourtant l'histoire se situe dans un milieu sur lequel on sent que le réalisateur a dû se documenter. L'héroïne Eva à la personnalité opaque dont on comprendra petit à petit les motivations enchaîne les situations improbables. Elle se fait muter dans le quartier le plus violent de la prison, se retrouve régulièrement seule en présence de l'un des détenus les plus violents et imprévisibles qui soit, lui organise sa vie sans la moindre difficulté au mépris de la logique et de sa hiérarchie, jusqu'à une escapade en forêt (seul moment où l'on peut respirer hors de la prison) qui touche le fond de l'invraisemblance.
Je n'ai à aucun moment hésité à aller voir ce film, au contraire je l'ai programmé avec gourmandise en souvenir du renversant The guilty du même réalisateur. Celui-ci est à éviter absolument.
A suivre, dès que je peux, les films de la compétition que j'ai vus.
Commentaires
Moi aussi Sons me donnait envie! Bonne suite de festival et hâte de lire la suite de tes chroniques sur les films en compétition.
Franchement c'est raté de raté !
Je vais essayer quelques mots sur chaque film que j'ai vu.
Jacqueline Bizet ? Tu ne confonds pas avec Georges ?
AH AH AH trop drôle, je vais corriger :-)
Bon, une première correction a dû être faite, mais il en manque encore une (liste des acteurs)... ;-)
J'étais très cohérente dans mon erreur :-)
On s'est bien fait coffrer sur le coup du film danois. Pas la peine de me reproposer du gâteau à l'avenir, "Sons" ce sera sans moi. Rien à voir avec le formidable "The Guilty" (article déjà prêt pour une publication sous peu).
Tu m'as donné envie de revoir "Hitcher" (ça tombe bien j'ai le DVD)
Ça me fait penser que Hauer et Jennifer, c'était aussi "la Chair et le Sang" de ce cher Paulo.
Le gros piège !!! Je n'ai rien contre la tarte meringue citron (au contraire) mais je me laisserais plus tenter par la tarte à la rhubarbe (en restant sur mes gardes).
Entre The guilty et Sons qu'est-il arrivé au réalisateur ???
Je pense qu'effectivement Hitcher quand on a vu, c'est de l'espère à voir et à revoir (tu verras comme le jeune a des airs de Mel Gibson).
La chair et le sang (sur ton conseil), je n'ai pas aimé !
On a dû rater un truc, une histoire de seconde chance... Je viens de lire un article aussi élogieux qu'incompréhensible sur ce "Sons" :
https://thespectators.fr/2024/04/15/sons-nouvelle-pepite-danoise/comment-page-1/#respond
Nous étions quand même trois à être soulagé que cette ineptie cesse (sans nous être concertés).
Nous avons omis de mentionner l'attitude maternante de la matonne (elle dit bonjour le matin en ouvrant la porte... tout juste si elle n'embrasse pas les détenus et ne va pas les border le soir).
Je vais aller lire l'éloge. Mais je n'entends que cela, y compris dans la file d'attente....
J'attends l'article sur "Steppenwolf"!
Manque de sommeil...
J'espère que tu auras l'occasion de voir cette splendeur épouvantable !