CIVIL WAR
d'Alex Garland **
Avec Kirsten Dunst, Wagner Moura, Cailee Spaeny, Stephen McKinley Henderson, Jesse Plemons
Et voilà, il fallait que cela arrive, la guerre de Sécession sévit de nouveau aux Etats-Unis.
La bannière étoilée ne comporte plus désormais que deux étoiles représentant les Etats les plus représentatifs : La Californie et le Texas. En gros les "vrais" (auto-proclamés) américains ou encore Forces de l'Ouest chargés d'éliminer tout ce qui s'éloigne de l'idéal (redneck) et en particulier le Président des (bientôt ex) Etat-Unis. Autant dire que l'Amérique est devenue un vaste terrain de guerre. Un journaliste, Joe (Wagner Moura, bof) une photographe de guerre Lee (Kirsten Dunst, TRES bien) se sont donné pour mission de réaliser la dernière interview dudit Président qui n'a pas pointé le bout de son nez terrifié depuis quatorze mois. Pour cela ils doivent se rendre à Washington D.C. et parcourir près de 1 500 kms en zone(s) de guerre. En chemin ils embarquent Jessie (Cailee Spaeny, Priscilla chez Sofia Coppola) une toute jeune apprentie photographe, fan de Lee, et Sammy un vieux briscard revenu de tout, vaguement impotent mais toujours prompt à prodiguer ses conseils et autres intuitions (même s'il sera aussi très efficace lors d'une scène délicate, ne lui jetons pas la pierre, Pierre).
Alex Garland ne s'embarrasse pas de politique et on ne saura jamais pourquoi et comment (même si on peut s'en faire une petite idée) les Etats-Unis en sont arrivés une nouvelle fois à s'entre-tuer. Et comme on ne peut distinguer aucun signe caractéristique des deux camps (tunique bleue des yankees contre casaque grise des confédérés par exemple) on ne saura jamais non plus qui tire sur qui, indépendamment de ne jamais savoir pourquoi. Lors de l'une des meilleures scènes et des plus flippantes (celle avec Jesse Plemons), on pourra aisément comprendre que le racisme n'est pas étranger à cette nouvelle lutte fratricide.
Au final, le film ressemble davantage à un road trip proche du blockbuster avec gros son percutant (ma préférence va à cette chanson), quelques scènes d'action très efficaces (celle de la station-service, celle du charnier et celle de l'attaque de la Maison Blanche) mais l'absence d'incarnation et de contextualisation m'ont empêchée d'y voir une oeuvre réaliste dans laquelle on pourrait s'immerger avec angoisse (ce que je crois elle se targue d'être, réaliste).
Le film est plus naturaliste lorsqu'il s'agit d'évoquer le métier de reporters de guerre et c'est son véritable thème je pense. Ces hommes et ces femmes plongent littéralement et quasi inconsciemment (dopés à l'adrénaline, à la weed ou à la vodka) au milieu des scènes de combat à l'affût de LA photo, faiblement protégés par une veste en kevlar, un casque et une carte de presse. Mais pour l'hommage à ce métier incroyable on se tournera plutôt vers Michael Winterbottom et Welcome to Sarajevo, l'incontournable (et indépassable) La déchirure de Roland Joffé ou plus récemment Sympathie pour le diable de Guillaume de Fontenay.
A propos de réalisme, j'imagine que si Washington et la White House étaient attaqués par des chars, une armée déchaînée et des hélicos, le Président se planquerait dans un bunker blindé et pas dans le bureau ovale. Mais je dis ça, je dis rien, je ne connais pas le protocole tazunien en cas de super crise. Bref, le savoir faire est là indéniablement mais en sortant on se dit : tout ça pour ça. Le grand mérite du film : nous permettre de revoir Kirsten Dunst (qui aurait par ailleurs imposé son mari Jesse Plemons au casting, elle a bien fait).
Pardon pour les parenthèses ouvertes. J'espère les avoir toutes refermées.
Commentaires
Un film à mettre entre parenthèses si j'ai bien compris l'humeur de ton propos.
Il y a des éléments qui me plaisent néanmoins. Je pourrais peut-être y trouver mon compte...
Pas impossible en effet que tu sois plus séduit que moi.
Cela se veut réaliste et je n'y ai pas cru.
C'est pas que j'y ai cru complètement, mais quand même, ça secoue et ça fait peur. En tout cas, ça m'a fait peur. L'histoire des journalistes ne m'a pas trop intéressé (un peu marre de Kirsten qui tire la gueule, pas reconnu la petite Spaeny qui a l'air d'avoir douze ans dans ce film, mais j'ai bien aimé Wagner Moura), mais le portrait de l'Amérique est chargé à souhait. Un film en forme d'électrochoc, certes éprouvant, mais qui me semble plutôt pertinent voire salutaire dans un contexte électoral qui n'a pas fini de monter en tension.
Je suis visionnaire n'est-ce pas ? Je me doutais un peu que tu apprécierais.
Ce film fait peur oui mais ne m'a provoqué aucune interrogation. Déjà Le Texas allié à la Californie on sait qu'on ne fera pas dans le vraisemblable quel que soit ce que le pays nous réserve en novembre.
Les rednekcs et autres bas du bulbe, on les a déjà vus ailleurs.
Kirsten qui fait la gueule, oui j'en avais marre aussi. Mais je n'ai pas trouvé Moura, la caution cool du machin (qui pète un plomb à un moment, tellement prévisible) transcendant,.
Du divertissement, that's all.
Divertissement, divertissement, comme tu y vas...
Je trouve au contraire le choix de cette alliance ahurissante (et purement théorique dans le film) plutôt intéressant, évitant le piège des bons démocrates et des méchants républicains. La guerre transforme tout le monde en bêtes fauves (et les journalistes en vautours), quel que soit le camp. Tu me diras que ce n'est pas nouveau, mais c'est tout de même une des rares fois où on le voit sur le sol américain (films sur la guerre de Sécession mis à part).
Oui d'accord l'alliance est surprenante mais plus du domaine du gag, de la provoc que de l'analyse.
En fait, leur guerre civile ils l'ont déjà eue c'est peut-être pourquoi je ne suis pas tombée de ma chaise. J'ai sans doute mal saisi le message.
Divertissant dans le sens blockbuster sitôt vu sitôt oublié malgré quelques scènes fortes qui font office de caution sérieuse mais le président caché sous le bureau du bureau ovale, je m'en remets pas.
C'est vrai que cet assaut final, même s'il est très spectaculaire, me semble un peu too much. Disons que c'était pour le cliché.
Visiblement tu ne l'as pas tant oublié que cela.
Je sais que je l'ai vu que certaines scènes m'ont plu et fait peur (Jesse, les rednecks) et que j'ai souri en voyant le Président dans le bureau (il ne lui manquait que l'écriteau Je suis làààà) mais pour les détails... ils se sont évaporés.
Décidément, il t'a marqué ce président...
La bombe du début, le sniper (j'adore cette scène avec ce type couché aux cheveux teints et ongles peints) et cet échange très drôle :
- On est des journalistes
- Ah, c'est donc pour ça que c'est écrit en gros sur votre voiture ;-)
C'est tellement drôle (je trouve) de le voir planqué dans son bureau.
Oui cette réplique m'a fait sourire aussi.
Et il y a aussi ce passage "hors du temps" où les gens se fichent totalement de ce qui se passe dans le pays (encore que, quand on regarde en l'air...)
Ah oui la fille qui dit qu'elle n'est pas concernée ? Ouais, bof. Jusqu'à ce qu'un missile lui tombe sur les bottes. Scène ussi improbable que le président sous son bureau.
Film brouillon et décevant, sur un super-sujet.
On sent bien le talent, de temps à autre, mais l'assemblage de l'arrière-plan politique, du documentaire sur les reporters de guerre et de la pseudo-histoire familiale est bancal.
Oui le talent est là sur le plan formel.
Mais alors qu'il aurait dû tabasser sur le plan politique et l'étude du métier de reporter, il survole, élude, évite et finit par sombrer dans le mélo au ralenti.
Perso, j'ai beaucoup aimé.
Je l'ai trouvé, prenant, haletant, intéressant.
Et le fait qu'on ne sache rien du contexte politique ne m'a pas dérangé plus que ça, puisque le sujet est LA photo, celle d'appuyer sur le clic au bon endroit au bon moment...
Mais c'est aussi que j'apprécie beaucoup les road-trip, que ça soit au cinéma ou en littérature...
La balade a d'excellents moments et quelques grandes scènes en effet mais c'est parfois franchement relou et téléphoné dans les rapports.
J'ai passé un très bon moment de divertissement ! Mais clairement, c'est pas réaliste. A quelqu'un qui m'a fait cette objection, j'ai d'ailleurs moi aussi recommandé de voir Sympathy for the devil. Il m'a marquée.
Oui c'est cela, du divertissement. C'est raté pour la profondeur.
Je ne trouve rien sur le net concernant les images d'archives (si tant est qu'elles en soient), quand Lee se les remémore, hantée par ce qu'elle a vu sur ses conflits couverts.
Et la confusion politique n'en est que plus déroutante, car ces images ONT (auraient ?) un contexte, et pas le film... Des pistes ?
Aucune piste. Je n'ai effectué aucune recherche tant ce film m'a déçue.
La forme est très bien, le fond hyper léger !