ROSALIE
de Stéphanie Di Giusto *
Avec Nadia Terezkiewicz, Benoît Magimel, Guillaume Gouix, Benjamin Biolay, Gustave Kervern, Anna Biolay et OMFG Juliette Armanet (smiley qui se tape la tête d'horripilation voire smiley vert)
Dans la France ruralo industrielle de 1870 le père de Rosalie qui rêve d'avoir des enfants, lui a trouvé un mari d'abord très intéressé par la dot qui lui est remise.
Abel est couvert de dettes et l'argent qu'il encaisse à l'occasion des noces lui permet d'en rembourser une partie. Il tient un café dont l'industriel local empêche l'accès pour éviter que ses ouvriers ne s'encanaillent et s'alcoolisent. Abel est plutôt satisfait de découvrir que son épouse est une très jeune (évidemment 25 ans d'écart c'est la norme) jolie, blonde et douce jeune femme aux beaux yeux émerveillés. Mais lors de la nuit de noces, il découvre avec horreur qu'elle est atteinte d'hirsutisme et couverte de poils de la tête aux pieds. Il la rejette. Mais la timide Rosalie décide de laisser pousser les poils de son visage que jusque là elle rasait chaque jour, de faire payer les clients du café qui la regardent pour aider son mari à renflouer la caisse. Elle veut aussi par ce geste se faire accepter telle qu'elle est, être une femme épanouie qui ne se cache plus et non un monstre de foire. Tellement charmante elle lie quelques amitiés avec des femmes, certains hommes lui sont hostiles, d'autres succombent à son charme car la barbe de la dame ne l'empêche en aucun cas d'être d'une féminité irradiante.
Son mari va-t-il à son tour succomber ? Accepter cette différence ? Evoluer ?
J'aime les films d'époque, en costumes et après La danseuse de la même réalisatrice (que je n'avais pas plus apprécié), la réalisatrice s'est comme pour son premier film très appliquée à la reconstitution. Tout est soigné, parfait dans la réalisation des décors intérieurs et extérieurs, des costumes jusque dans le moindre petit détail de coiffure, de lacets de bottines. Que ce soient les tenues bourgeoises ou celles des ouvriers, tout respire l'époque. Rien ne manque et tout semble avoir acquis la patine du temps qui passe tout en gardant une grande élégance.
L'interprétation est elle aussi irréprochable. Nadia Terezkiewicz ne déploie pas que son charme, elle est solide dans ce personnage assez écrasant qu'elle porte avec fierté, grâce et une certaine impertinence. Ne craignant jamais le ridicule (ce qu'elle n'est absolument pas) elle parvient à nous faire oublier cette pilosité qui couvre entre autre son beau visage. Tous les hommes à sa suite, à ses pieds ou pas, l'entourent avec un talent très convaincant. On sent, on voit que chacun a aimé se glisser dans les frusques du XIXème siècle.
Et bien, malgré cette profusion de joliesse et de talent, le monstre implacable, rédhibitoire et impardonnable fait rapidement son apparition : l'ennui. Ce qui ne va pas, après un premier quart d'heure de mise en bouche appétissante c'est la façon dont l'histoire est racontée. J'ai eu du mal à croire que cette fille qui regardait ses chaussures, était d'une timidité quasi maladive, priait sainte chépakoi (un personnage en croix avec des seins et une barbe) qu'on l'aime, devienne en un claquement de doigt et par le pouvoir magique de la bague au doigt, une femme provocante, sûre d'elle, presqu'éxubérante, qui invite à toucher sa barbe, roucoule et papillonne entre les hommes, sous le regard de son mari qui ronge son frein en essuyant les verres au fond du café. La valse hésitation entre les époux, je t'embrasse, je te veux, je te repousse, prends-moi, et puis non pas maintenant... finit par être lassante. Tout est péniblement répétitif, écrasé par une musique emphatique assommante. Et le scenario ne fait rien de certains éléments : l'énorme blessure de guerre d'Abel qui le force à porter un corset, la tentative d'adoption, les tentatives de suicide, la jalousie. Qui sont les monstres de l'histoire ? Tout est survolé et pourtant c'est LONG. Et à la fin, on nous l'affirme, ces gens-là s'aiment, l'amour triomphe (enfin, il paraît que la fin est ouverte... moi j'ai choisi mon camp).
P.S. : une merveilleuse surprise à la fin. Une scène au Théâtre du Peuple de Bussang que j'aime d'amour.
Commentaires
Avec toutes les qualités que tu cites, je ne comprends ta mono-étoile.
Serais-tu revenue de Reims fatiguée ? Je peux comprendre que ce film n'ait pas le rythme d'un polar.
Moi, j'avoue : je l'ai trouvé très beau. Et très pertinent, aussi.
Je l'ai trouvé beau aussi mais cela ne m'a pas suffi. Je me suis terriblement ennuyée ce que je supporte mal au cinéma. Je n'ai pas compris le brusque changement de personnalité de Rosalie, ce n'est pas cohérent. Elle supplie son père de rester près d'elle et la scène suivante (ou presque) elle impose ses volontés et pose demi nue pour un photographe.
Ma fatigue post polar blues n'a rien à voir car j'ai vu ce film en octobre au Festival de Mâcon.
Oui, si l'ennui a dominé pour toi, je comprends. Et OK pour Mâcon.
Pour ce changement de caractère rapide dont tu fais part, je suis d'accord avec toi, mais il me semble avoir vu un indice pour suggérer qu'il s'était passé un peu de temps... sans qu'on nous le montre à l'image... entre le départ du père et le début d'affirmation de soi de Rosalie.
PS: le passage au Théâtre de Bussang m'a plu, à moi aussi. Il est assez terrible !
Oui évidemment ce n'est pas la scène suivante mais cela prouve encore que la réalisation est faible. On devrait avoir la sensation que le temps a passé et que cette métamorphose est progressive. Être aussi maladivement timide et tenir tête instantanément à toute cette hostilité en grande partie masculine, ça ne tient pas.
Je souhaiterais à tout le monde de faire un tour à Bussang.
J'ai failli le mettre au programme de demain car Benoit Magimel, mais j'ai changé d'avis, il y a d'autres films qui vont lui ravir la priorité.
Je n'en peux plus de Benoît, de son élocution, de son épaisseur (j'ai toujours l'impression qu'il porte des vêtements trop petits pour lui). Je n'ai même pas vu Didon Bouffant.