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LE DÉSERTEUR

de Dani Rosenberg ****

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avec Ido Tako, Mika Reiss, Efrat-Ben Tzur

Shlomi n'a que dix-huit ans mais il est soldat là où l'enfer s'est arrêté sur la terre : la bande de Gaza.

Evidemment le film a été conçu et tourné bien avant le 7 octobre dernier jour de l'attaque d'Israël par le Hamas, mais la guerre entre les deux ne date pas d'octobre 2023. Le film n'en est que plus troublant et impressionnant mais il vaut vraiment le déplacement indépendamment de son contexte et de l'actualité qui le rend parfois proche du documentaire. C'est pourtant un film de cinéma qui tient en haleine de la première à la dernière image et vous emporte par son énergie, sa puissance et son efficacité.

Je tiens absolument à vous en dire quelques mots avant qu'il ne disparaisse des écrans. Nous n'étions qu'une petite dizaine dans la salle où je l'ai vu. Quel dommage !

Il faut attendre au moins un quart avant que ne soit prononcé le premier mot. Lors d'une opération à Gaza, Shlomi laisse s'éloigner son unité et décide de rejoindre Tel Aviv. Il a à la fois conscience de son acte et semble en être totalement détaché. Son objectif est de rejoindre Shiri, la jeune fille dont il est amoureux. Il rentre chez lui où ses parents se sont absentés et découvrent que des militaires le recherchent. Dès lors sa fuite pour échapper à l'armée se fera à pieds, à vélo, en bus, parfois pieds nus mais toujours en courant. Plus une minute de répit pour Shlomi qui va quand même retrouver Shiri (qui m'a semblé moins empressée que lui), sa grand-mère, ses parents. A chaque fois, il est à nouveau obligé de fuir et contre toute attente, toute logique il apprend par les infos à la télé que l'interprétation de sa disparition par l'armée n'est pas du tout celle attendue. Comme si on nous disait qu'un soldat israélien est incapable de déserter. Dès lors l'acte du garçon a des conséquences catastrophiques et épouvantables sur la région et l'histoire de Shlomi fait résonner celle du soldat Gilad Schalit jeune soldat capturé par un commando palestinien en 2006.

En dehors de la course effrénée et du suspense très cinématographique qui tient en haleine pendant toute la durée du film, la fuite de Shlomi nous permet d'observer et de nous interroger à mille occasions sur ce qui se passe "là-bas". Tel Aviv est une ville animée où la vie continue vaille que vaille mais la première chose qu'on vous indique lorsque vous entrez dans un restaurant pour la première fois est l'endroit où se trouve l'abri en cas d'alerte. Les alertes font partie du quotidien et les habitants de la ville savent exactement comment se comporter lorsqu'elles retentissent. C'est terrifiant et cette peur semble être devenue d'une banalité presqu'inquiétante. Pourtant lors d'une attaque dont vous sortez indemne vous pouvez faire une crise cardiaque. S'habituer à la peur, continuer d'aller à la plage, oui, mais comment supporter ce ciel qui constamment se barre de tirs de roquettes ? Le film en fait la démonstration sans lourdeur. Il constate et nous montre.

Mille questions assaillent. Comment un pays en arrive à sacrifier ses enfants, génération après génération en les envoyant se faire tuer ? Comment les parents peuvent-ils réagir en fonction de l'honneur ou du qu'en dira t'on plutôt que par rapport à la survie de leurs enfants ? D'où vient cette fierté face à ceux qui portent les armes ?

Les mots grâce et radieux ont dû être inventés pour ce jeune acteur, Ido Tako dont le regard et le sourire d'enfant illuminent l'écran et le film. Le réalisateur affirme qu'il a tourné les scènes dans l'ordre et qu'il a littéralement épuisé son acteur qui n'a pratiquement cessé de courir pendant un mois. Je vous invite à le suivre dans sa course folle. Rarement il est donné de voir une prestation aussi physique de la part d'un acteur. Le film et l'acteur sont époustouflants. Voir cette jeunesse sacrifiée qui refuse la guerre est selon moi profondément bouleversant. Et le réalisateur réussit son final tout à fait surprenant qui vous laisse imaginer ce qu'il advient de Shlomi...

Commentaires

  • Je vais essayer d'y aller ; c'est tellement loin de ce que l'on voit habituellement sur le sujet.

  • Oh oui, c'est un film comme je n'en ai jamais vu.

  • Plutôt une déception pour moi.

    Pourtant, le début est vraiment chouette, presque sans dialogue. (On entend juste vaguement s'exprimer des personnages annexes.) Mais, dès que le soldat débarque dans la maison vide de ses parents, les invraisemblances s'accumulent. Par exemple, il y a la douche qu'il laisse continuer de couler alors qu'elle peut indiquer aux personnes se trouvant à l'extérieur de la maison qu'il y a quelqu'un de présent. De même, quelques minutes plus tard, quand il s'éclipse à vélo, il n'est pas possible qu'on ne le remarque pas partir (pareil plus tard quand ce sont les journalistes qui font le siège de la maison).

    Quant aux vignettes tournées à Tel Aviv, elles sont d'un intérêt inégal. J'ai aimé les scènes avec la mère (celle-ci bien interprétée, je trouve)... mais que dire que l'intervention des touristes français, maladroite au possible (et un peu puante, sur le fond) ? La scène de bar est du même tonneau. Elle est (je pense) censée nous donner un aperçu des "Israéliens moyens"... à travers leurs propos de comptoir. Je crois pouvoir affirmer que, quel que soit le pays où ce genre de scène soit tourné, cela donnerait lieu à une expression de bêtise. Introduire ce genre de scène dans une fiction n'est pas d'une grande intelligence.

    La dernière partie est meilleure, avec le retour d'un certain suspens. Mais, finalement, bof.

  • ah moi j'ai ADORé.
    Je ne pense pas qu'on entende une douche couler de l'extérieur. J'ai remarqué que lorsqu'il revient en fin de journée, la douche coule toujours. Bonjour la conso, mais au moins, c'est cohérent.
    On voit clairement qu'il s'échappe lorsque les autres ont le dos tourné. J'ai trouvé cela très bien fait.
    La scène avec la mère est formidable. Super dialogue.
    Les français sont bien ridicules nous sommes d'accord.
    La scène de bar prouve qu'il y a des beaufs partout.
    J'ai trouvé le suspense haletant de bout en bout et la fin est vraiment réussie.

  • J'ai bien envie de le voir mais j'ai fait passer d'autres films avant. Je reste curieuse de le voir, si j'ai le temps, d'autant que ce coin du monde est en effet très spécial. Lorsque j'y suis allée, c'était "relativement en paix", mais les gens sont quand même toujours sur leurs gardes.

  • C'est incroyable de voir comme la violence et la peur font partie du quotidien.
    J'aurais tant aimé y aller. Un de mes rêves... Vois ce film !

  • Ah super ! Ce film entre direct dans mon top 2024. Quelle histoire ! Quel acteur !

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