de Wes Ball *

avec Owen Teague, Freya Allan, Peter Macon

Déjà 13 ans que nous avons fait la connaissance de César, bébé singe élevé par des humains devenu par la suite et à cause d'une intelligence génétiquement modifiée, chef des singes chargé de défendre sa communauté contre les humains survivants (pour faire très très vite).

Trois cents ans plus tard César est adulé par des générations de singes qui pour la plupart n'ont pas la moindre idée de qui il est mais se servent de son aura iconique pour manipuler ou stimuler la masse grouillante de la plèbe, suivant le sens du vent. La religion même laïque est toujours bien utile et bien pratique.

Au début de ce qui sera une nouvelle trilogie, nous découvrons trois adolescents (singes) occupés à voler des oeufs dans le nid de rapaces dans le but de passer une sorte de rite initiatique les menant vers l'âge adulte. Il faut toujours laisser un oeuf dans le nid car on est des voleurs certes mais pas des barbares. Noa est celui qui va désormais jouer un rôle déterminant ; ses acolytes Soona (une fille) et Anaya (un garçon) sont ses meilleurs amis et lui servent de faire valoir. Cette première scène suit celle des obsèques de César, bien des générations avant donc. Elle est très belle, mouvementée, périlleuse dans un décor sylvestre de toute beauté. C'est parti pour une nouvelle grande aventure. Tu parles Charles !

La suite n'est qu'une succession de déceptions. On découvre que les singes vivent en clans distincts (chimpanzés, bonobos, gorilles), bien séparés. On enseigne aux plus jeunes l'intolérance et qu'il y a des frontières maudites à ne pas franchir. Nos amis du début, même s'ils vivent dans les arbres, au somment de constructions en bois qui tiennent miraculeusement, sont pacifistes alors que les voisins sont affreux, très vilains et utilisent des tasers pour se faire comprendre. Tout le monde parle. Raka vieux singe solitaire va devenir le compagnon provisoire du trio. C'est une sorte de sage qui possède des livres écrits avec des symboles (des lettres et des mots) mais il est apparemment le seul à savoir encore lire. Les vilains singes attaquent les gentils singes, détruisent leur beau village et vont les maintenir en esclavage dans un endroit crasseux, rouillé mais en bord de mer. Noa, ses potes qui ont réussi à s'échapper et Raka partent à la recherche de leur tribu. En chemin, ils croisent une humaine muette. Après quelques réticences ils acceptent qu'elle les accompagne, ils la baptisent Nova.

La déception ne vient certes pas de certains décors (quoiqu'il ne reste pratiquement pas de vestiges de l'ère humaine ce qui est frustrant) et de quelques rares scènes qui réveillent un peu les sens et accumulent les prouesses en effets spéciaux (invisibles) mais du scenario qui franchement ne casse pas des briques. L'histoire semble incomplète, confuse et surtout pas bien originale. Certains singes sont devenus comme les humains, belliqueux, cherchant à dominer l'autre qu'il trouve inférieur. Ils sont par ailleurs, malgré leur maîtrise de la parole, particulièrement limités dans leur évolution. En bref, je dirais qu'ils sont comme les humains mais en encore plus cons.

Les épisodes des sagas successives semblent se limiter désormais au fait qu'alternativement les hommes puis les singes prennent l'ascendant, voire le pouvoir. A quand une véritable originalité ? Pourquoi pas l'union d'un singe et d'un humain ? Oui, je sais la zoophilie c'est mal et pour les singes, les humains puent, mais il est difficile de considérer ces singes comme des bêtes. Franchement, au bout d'un moment, on oublie que ces poilus très beaux, expressifs et qui montent à cheval sont des animaux. En tout cas, pas de doute, ils ont assimilé avec une facilité déconcertante tous les travers et défauts des hommes en encore plus cons. Ah oui, ça je l'ai déjà dit.

La seule qui réserve une petite surprise c'est Nova l'humaine qui s'appelle en fait Mae et parle couramment (tant pis je spoile). Tout en joliesse, coiffé/décoiffé crado, tenue moulante cousue sur elle, quelques saletés et une micro blessure sur le visage pour faire authentique, elle est peut-être plus futée et fourbe qu'elle ne le laisse entendre.

Mais tout cela a bien du mal à tenir debout. L'apparition de William H. Macy qui tente de jouer les vieux sages ou les rebelles (je n'ai pas bien saisi) et vit dans un appartement très chic digne de la Vème avenue new yorkaise est à mourir de rire. Tout comme l'utilisation des tasers qui fonctionnent on se demande comment, sans parler de l'électricité qui surgit juste grâce à un interrupteur qu'il suffisait de basculer en mode "on" pour que la lumière soit, alors que tout est à l'abandon depuis... oulala, longtemps. Les carcasses de navires rouillées et branlantes sont les seuls vestiges de l'humanité. On ne peut pas dire que cela soit bouleversant. La fin est aussi énigmatique que mal fagotée et est un appel à voir la suite. Espérons qu'ils vont ou se sont gratté le ciboulot et creusé les méninges pour nous pondre un truc qui va nous clouer sur place parce que là franchement y'a de l'abus. Et comme disait ma grand-mère : quand y'a d'l'abus, y'a d'l'excès.

Jamais une image ne parviendra à être aussi marquante, traumatisante et inoubliable que celle-ci :