LOVE LIES BLEEDING - THE BIKERIDERS
LOVE LIES BLEEDING de Rose Glass ***
Avec Kristen Stewart, Katy O'brien, Jena Malone, Ed Harris, Dave Franco
Lou est gérante d'une salle de sport qui pue la crasse et divers fluides corporels.
Sa vie change radicalement lorsqu'elle croise le regard de Jackie qui s'entraîne dur pour participer et remporter un championnat de culturisme à Las Vegas. Lou lui fournit des stéroïdes anabolisants pour l'aider à développer son impressionnante musculature. Les deux jeunes femmes sympathisent et tombent éperdument amoureuses l'une de l'autre. Leur parcours personnel très délicat les rapproche encore. Lou héberge Jackie. Elle lui présente sa soeur battue comme plâtre par son mari. Jackie règle cette violence conjugale de façon radicale. Et je n'en dis pas plus sur les rebondissements qui vont s'enchaîner à un rythme métronimique pour finir dans une sorte d'apothéose fantastique réjouissante dont la réalisatrice avait parcimonieusement semé quelques présages.
Un film féminin dopé aux stéroïdes dans une Amérique des rednecks masculinistes, c'est plutôt inédit. La gent masculine en prend pour son grade et tous les hommes sans exception sont ici de belles crevures. Même pas belles en fait. Et Ed Harris en papa diabolique, avec son crâne en forme d'oeuf et sa longue chevelure filasse en est le mètre étalon. Les autres se prendront des coups de boule ou se feront déglinguer la mâchoire. Rien n'arrête la réalisatrice qui entend bien faire triompher les filles dans ce monde de brutos. Bien que très violent, rageur, parfois franchement gore avec une petite incursion dans le fantastique le film est aussi une grande histoire d'amour romantique lesbien parfois contrarié mais solide. Elle n'y va pas de main morte avec les violences conjugales, les parents démissionnaires ou franchement abominables dans une ambiance mortifère magnifiquement éclairée.
C'est une curiosité qui attirera donc les curieux et les amoureux de Kristen Stewart, marcel crado et coupe mulet, comme toujours étonnante accompagnée de la très surprenante Katy O'Brien (on n'a jamais vu un tel corps de femme au cinéma je crois) qui ressemble incroyablement à Maria Schneider. Ces deux badass follement sentimentales forment un exaltant couple très cinégénique.
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THE BIKERIDERS de Jeff Nichols **
Avec Austin Butler, Jodie Comer, Tom Hardy, Michael Shannon, Mike Faist, Norman Reedus
Kathy raconte à un journaliste comment elle a rencontré Benny dans un bar mal famé, QG de la bande de motards dont il fait partie, les Vandals de Chicago. La bande de crasseux, blousons de cuir, tatouages et chaînes mastoc est menée par leur leader Johnny qui semble fatigué et revenu de tout. Après les formidables Mud, Midnight special, Take shelter puis le sublime Loving, Jeff Nichols rate ce portrait de groupe rebelle sans cause, rejeté par le bourgeois, effrayant pour le citoyen. Ce club de marginaux motards désoeuvrés va progressivement se transformer en un gang de truands violents et assassins. Le sang va finir par couler.
The bikeriders s'inspire d'un livre de photos en noir et blanc publié en 1967 par Danny Lyon incarné ici par la star discrètement montante Mike Faist, le chef des Jets de West side story, l'un des amoureux de Zendaya dans Challengers. Jeff Nichols reproduit et colorise les images qui étaient en noir en blanc et dénuées de texte laissant libre court à l'imagination du réalisateur pour construire une histoire cohérente à ces losers. Et j'ai trouvé cela plutôt raté. Ces riders sont davantage cloués au sol du bar qui les accueillent ou lors de pique-niques nocturnes où la principale activité est de se bourrer la gueule ou de se taper furieusement dessus entre gangs ennemis qui ne portent pas le même blouson. Le flocage du blouson est capital pour en être ou être sauvagement pris à partie. Les échanges à propos de la guerre du Vietnam, entre objecteurs de conscience et désirs d'engagement ne volent pas plus haut que l'actuel "on n'a jamais essayé". On est donc bien loin de l'épopée lyrique en choppers de Peter Fonda, Jack Nicholson et Dennis Hopper, de leurs rencontres hippies et du succès triomphal d'Easy Rider. Ici les motos pétaradent peu et ont presque un rôle secondaire.
Malgré une image et une réalisation superbes, je me suis ennuyée ferme au contact de cette bande d'inadaptés de laquelle n'émerge ni émotion ni empathie. Tom Hardy dans une espèce de surjeu minimaliste (oui il peut le faire) se ridiculise en singeant Marlon Brando jusque dans son phrasé mâchouillé et sa mine constamment renfrognée. Evidemment se prénommer Johnny et incarner un personnage qui fait corps avec sa machine fait automatiquement penser à L'équipée sauvage. Mais il faut un peu plus que marmonner des répliques et porter un blouson de cuir devant une grosse cylindrée pour être Brando, même si on s'attend à plusieurs moments à ce qu'il nous fasse une proposition qu'on ne pourra refuser. On a par ailleurs beaucoup de mal à croire au couple Benny/Kathy qui ne fonctionne absolument pas. On se demande comment ils peuvent se plaire, non pas à cause de leurs différences évidentes mais du manque de cohérence et de complicité à l'écran du couple. La faute aussi à l'absence de charisme, de présence de Jodie Comer (mes excuses aux fans) qui tranche avec ceux (présence et charisme) d'Austin Butler qui est la seule véritable attraction du film. La scène où il patiente une nuit durant devant chez sa belle dans l'espoir de faire fuir un concurrent est de celle qui impose une présence et un acteur à l'écran.
Si des beuveries et des bagarres dans un bel écrin soigné mais sans passion vous attirent, ce film est pour vous. Pour moi : déception à tous les étages.
Commentaires
Je vais laisser passer les deux. Mais j'hallucine ! Toi, tu confonds Kristen Stewart avec Kirsten Dunst ? J'en suis tout bouleversifié.
Mais qu'est-ce que tu racontes ?
Oh la vilaine tricheuse !
:-)))) et tu n'avais pas vu mais sous l'affiche j'avais mis KRISten Stewart. Ce prénom me pose problème on dirait.
Mais c'est KRi pour Stewart... et KIR pour Dunst. Bon, perso, je vérifie presque à chaque fois...
Mais je ne les confonds pas ! :-))))
Quoi, je me suis encore trompée ?
Je ne les confonds jamais non plus mais avec ces prénoms qui s'éternuent... j'ai du mal.
J'aime les beuveries et des bagarres dans un bel écrin soigné, oui c'est ma came, c'est mon Amérique, c'est mon Born to be wild !
Et pourtant, je ne l'ai pas trouvé si passionnant que ça... La faute, à cette voix presque off de Jodie, qui raconte de façon si détachée les évènements de ce club de bikers que je ne rentrais pas vraiment dedans. Comme coupé dans mon élan à chaque fois que je voulais pénétrer l'intimité de ces blousons.
Par contre, Austin Butler, avec sa blondeur façon Charlie Hunnam dans Sons of Anarchy, est grandiose... Tout en sobriété, en regard et en silence.
J'ai l'impression que nous sommes d'accord.
Tout y est et ça ne fonctionne pas. La fadeur et la voix off de Jodie, le surjeu de Tom...
Et puis pour des bikers, je trouve que ça manque un peu de mouvements. On se demande à quoi leur servent leurs bécanes à part s'appuyer dessus et rouler des biscottos. J'aurais bien fait un bout de route dans la poussière avec eux.
Austin quant à lui est impeccable jusqu'à la dernière image ou l'on voit bien apparaître (il me semble) tous les regrets liés à sa "reconversion".
Tu devais aller voir les 2 badass filles.
"Love Lies Bleeding"... intéressant, bien joué, scénario plutôt solide et j'ai adoré l'atmosphère jusqu'à ce "twist" surréaliste qui m'a gâché le final... Mais ça reste un bon film à conseiller ne serait-ce que pour l'audace
"The Bikeriders"... Beaucoup aimé, plus que toi assurément et notamment sur le couple Comer/Butler que je trouve parfait au contraire loin du cliché de la belle ado séduit par le rebelle, là c'est une femme avec son vécu qui n'est jamais naïve.
Pour les filles, je trouve que la réaction génial de Kristen justifie cet étonnant twist. Elle est incroyable.
Pour les bikers, je trouve qu'aucun courant ne passe entre Benny et Kathy. Cela m'a beaucoup gênée. Et vu le gars avec qui elle était, je pense qu'elle n'a jamais fréquenté des prix nobel en effet mais leur "coup de foudre" est vraiment trop fade pour moi.
Coucou Pascale ! J'ai vraiment bien aimé le premier.
Le second est prévu pour demain, mais j'ai aussi entendu d'autres cinéphiles dire qu'ils se sont ennuyés.
Bonjour Aurore,
Je comprends l'ennui. Ce fut mon cas. Pas bien vu l'intérêt de ce film.
Pas du tout d'accord avec sur Jodie Comer (je suis fan). Elle est largement au niveau de Butler (très bien aussi). Et si Hardy fait du sous-Brando, je pense que c'était l'intention de Nichols qui tient à montrer le côté pathétique voire grotesque de ce chef de meute. Son truc à Nichols, c'est moins les hippeis chevelus que les rednecks et les fanatiques armés de fusil à pompe.
Par contre, là où je te rejoins, c'est dans la frustration de voir se développer un scénario qui ne tient pas toutes ses promesses, qui ne fait pas grand choses de tous ces personnages, qui peinent à donner corps aux liens qui unissent cette famille.
Hélas je maintiens pour Jodie que je trouve fadouille et je renouvelle mes excuses auprès des fans. Et le couple ne provoque aucune étincelle. Elle a l'air d'être sa grande soeur.
Je ne connais pas les intentions de Jeff, mais Tom en fait des caisses jusqu'à toucher le fond du ridicule. Purée, c'est une vraie cascade d'avoir le front plissé ainsi pendant tout le tournage.
Mais par contre (et j'ai oublié de le dire chez toi), il sait filmer le gars Nichols. Je lui garde donc toute mon attention et attends le suivant. J'espère ne pas attendre huit ans.
Jodie Comer, Rebecca Ferguson, toutes les actrices que j'aime tu ne les portes pas dans ton coeur. J'espère que tu ne vas pas me sortir pique pendre sur Cate Blanchett ou Charlize Theron tant qu'on y est ?
Nichols sait filmer, là-dessus on s'accorde.
Cate (sauf quand elle fait sa cheffe d'orchestre) et Charlize ont une sacrée présence. Elles sont dans mon top des meilleures avec Meryl, l'autre Kate, Angie... et j'en oublie.
Jodie et Rebecca c'est marrant d'ailleurs, je les trouverais presque interchangeables tant elles n'impriment pas la pellicule. C'est toi qui insistes...
Je viens de voir Kinds of kindness et là les acteurs m'ont semblé embarrassés, aussi dérangés que leur réalisateur. Faut qu'il se repose Yorgos, ou qu'il arrête la viande...
Je n'ai vu que "Love Lies Bleeding" et j'ai bien aimé (sauf la fin). On sent en effet la rage de la réalisatrice contre les auteurs de "violences domestiques". Certains plans sont certes un peu gores, mais si cela peut venger, dans une certaine mesure, les victimes de féminicides, cela me va.
Tous les comédiens sont bons : aussi bien les deux mecs dégueulasses (ah, Ed Harris, quelle présence !) et que les quatre femmes aux profils contrastés (à Kristen et Kate, il faut ajouter Jena Malone et Anna Baryshnikov).
Avec sa scénariste Weronika Tofilska, Rose Glass forme un duo qui pourrait être qualifié de "soeurs Coen".