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TEHACHAPI

de JR ***

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Après la merveille de documentaire qu'il avait réalisé en 2017 avec Agnès Varda, Visages, villages, j'avais très envie de retrouver JR dans un nouveau dispositif aboutissant à un collage géant de photographies.

Souvent taxé de démago par ses détracteurs, je penche moi du côté de ceux qui trouvent le travail de JR particulièrement beau voire remarquable et sa démarche souvent altruiste et humaniste. Evidemment il est toujours omniprésent et lorsqu'il affirme qu'il porte des lunettes noires et un chapeau pour préserver son anonymat, cela prête à sourire car sa silhouette est désormais aussi connue que celle de Walter White. Il n'en reste pas moins un artiste atypique que je trouve authentique et aux idées surprenantes.

Cette fois il a réussi à obtenir une autorisation unique et exceptionnelle pour un projet de fresque dans une des prisons de haute sécurité les plus violentes de Californie : Tehachapi. Les hommes qui participent au projet ont pour point commun d'être incarcérés depuis plus de dix ans, pour la plupart avant même d'être majeurs. Les crimes qu'ils ont commis leur ont valu des peines à perpétuité. L'un d'eux est condamné à... 105 ans, certains à perpétuité et d'autres avec une période de sûreté.

Le film retrace le processus de création. Dans un premier temps, en octobre 2019, JR rencontre 28 prisonniers consentants pour le projet. Lors de la première rencontre, il leur serre la main à tous, un par un et j'ai trouvé ce moment très fort. Ensuite il les photographie individuellement en les mettant en scène, le regard tourné vers le haut. On comprend plus tard la raison de cette mise en scène. Je trouve le résultat magnifique. Quelques semaines plus tard, JR revient avec une équipe et 338 bandes de papier qui représentent les photos en morceaux. Les prisonniers sont chargés de procéder au collage dans la cour de la prison le plus rapidement possible. La création est délicate et éphémère. Elle disparaîtra en quelques jours, chacun vient ensuite récupérer un morceau de son visage, souvent les yeux.

Parallèlement, les détenus ont pu raconter leur histoire comme ils l'entendent et ont été filmés. Grâce à une application, il suffit à qui le souhaite de cliquer sur le visage du détenu et d'écouter son histoire. Evidemment un éclairage est donné à certains d'entre eux et ce qu'ils ont fait qui méritent une telle peine laisse supposer que ce ne sont pas des anges. Nous n'apprendrons rien de leurs crimes ce qui n'est pas plus mal. Kevin est particulièrement mis en lumière. Il arbore une croix gammée sur la joue gauche et après plus de dix ans passés enfermé il affirme avoir changé et n'avoir qu'une idée : se faire ôter ce tatouage, témoin de son passé violent. A l'écran nous verrons également les familles de quelques détenus que J.R. a rencontrées plus tard, ainsi que d'anciens détenus, des membres du personnel et le père d'une victime qui a pardonné... C'est passionnant.

J'ai noté que contrairement aux idées reçues (là-bas comme ici) la prison n'est pas exclusivement peuplée de membres de gangs afros et latinos américains. Il y a énormément de blancs. Et tous sont classés selon quatre niveaux de dangerosité de 1 à 4. Certains ont passé des années dans des cages à l'isolement. Tous ceux du film sont au niveau 4 et on apprend à la fin que certains sont passés au niveau 3, que d'autres sont sortis sans avoir replongé.

On peut taxer le film d'angélisme car le discours de ces hommes en demande de rédemption est positif et chargé de regrets. Je l'ai trouvé poignant, humaniste et plein d'espoir.

Voici le résultat de ce collage photographique dans l'une des cours de la prison :

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Commentaires

  • Cet étonnant documentaire mérite le détour, pour la forme (l'originalité du projet) et le fond (la croyance en la possibilité d'amélioration de l'être humain, fût-il criminel).

    Je fais partie de ceux qui trouvent le propos parfois un peu angélique, mais le film est quand même assez saisissant.

  • Moi aussi je trouve qu'il y a un angélisme et le casting très photogénique... Les détenus ne peuvent pas être tous aussi beaux mais j'ai cru à leur sincérité. Et l'endroit où ils (sur)vivent est une catastrophe humanitaire.

  • J'avais des réserves, la bande annonce m'avait faite tiquer. Forcément les gars avec des croix nazies sur la tronche, ça donne pas trop envie de les écouter. Et pourtant, je suis sortie tellement regonflée. Ca donne tellement d'espoir. Et je trouve pas ça si angélique, mais c'est beau de voir comme leur faire faire un taff d'équipe, ça les soude au delà de leur divergences racistes ... Si on mélange les gens, on leur donne un but commun. Vraiment, j'avais adoré visages villages, et j'ai adoré ce docu.

  • On en vient même à se reprocher de les trouver sympathiques parce qu'ils ne sont pas là par hasard... Et c'est pas possible, il doit y avoir un casting pour qu'ils soient tous plus charismatiques les uns que les autres.
    Mais au bout du compte et de la projection, en effet, l'espoir est là.

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