............................

SANS UN BRUIT : jour 1 de Michael Sarnoski ***

Avec Lupita Nyong'o, Joseph Quinn, Alex Woff

Il y a six ans (déjà) John Krasinski, acteur et réalisateur, nous plongeait sans préambule dans le cauchemar d'une famille condamnée à survivre en silence à l'invasion de créatures hideuses à l'ouïe fine mais heureusement aveugles. La surprise était de taille et le film une belle réussite pleine de suspense, de rebondissements, de sursauts, de sentiments et des personnages infiniment attachants. Dans un second épisode laborieux, le réalisateur avait cru bon d'ajouter à la menace extra-terrestre une surcharge de péripéties qui détournaient complètement le film de son propos initial. Aujourd'hui un nouveau réalisateur nous invite à découvrir comment notre monde est devenu silencieux, comment par une belle journée ensoleillée le ciel a déversé sur New York des monstres aveugles dont la seule préoccupation semble être d'éradiquer l'espèce humaine pour s'installer sur place sans même proposer de cohabitation.

Après l'invasion brutale et inattendue des immondes bestioles et un carnage impressionnant, l'humain ne tarde pas à comprendre que le silence est sa seule ressource pour échapper à une mort certaine.

La bonne idée est de raconter l'histoire du point de vue d'une jeune femme en phase terminale de cancer qui lui laisse quelque répit dès lors qu'elle peut s'administrer des anti-douleurs. Consciente rapidement du caractère inéluctable de la situation, elle décide de marcher à contre-courant des préconisations qui sont de rejoindre la mer (les bestioles ne savent pas nager) et partir à la recherche de la pizzeria où elle dégustait de délicieuses pizzas en écoutant son père jouer du piano. Léger comme argument ? Sans doute, mais la traversée de New York en silence et terrorisée par des monstres qui ne laissent aucune place à la réflexion ou à la discussion est périlleuse et enrichie de quelques rencontres. Notamment celle d'Eric un jeune étudiant anglais qui a eu la mauvaise idée de venir parfaire son droit dans la grosse Pomme. A deux on est plus forts et la rencontre va réserver de doux, durs et dingues moments jusqu'à l'épilogue très émouvant.

On quitte donc le huis clos familial pour se coller au destin d'une fille qui a quitté son centre de soins palliatifs pour une sortie "en ville" et sait qu'elle ne rentrera pas. Et le cheminement avec le jeune homme terrifié offre de jolis moments comme celui où il effectue en silence un tour de cartes. On est donc loin des scènes spectaculaires (même si celle à l'intérieur du cinéma est très réussie) et finalement le film nous murmure à l'oreille que si l'on sait ce qu'il nous reste de temps à vivre, autant se contenter voire rechercher des joies simples.

............................

DEADPOOL ET WOLVERINE de Shawn Levy ***

Avec Ryan Reynolds, Hugh Jackman, Emma Corrin, 

Pardon pour ceux qui ne le savaient pas, mais Wolverine est mort et enterré. Mais par la grâce du multivers, de Marvel, Disney, des Avengers et tout le bazar, il renaît de ses cendres toutes griffes dehors. Même si au début elles bandent un peu mou et qu'il va falloir beaucoup de force de persuasion de la part de ce mariole de Deadpool pour le sortir de sa soulographie.

Pour le synopsis, je m'en remets à l'officiel car je suis bien incapable de vous résumer ce dont il est question ici : "Après avoir échoué à rejoindre l’équipe des Avengers, Wade Wilson passe d’un petit boulot à un autre sans vraiment trouver sa voie. Jusqu’au jour où un haut gradé du Tribunal des Variations Anachroniques lui propose une mission digne de lui… à condition de voir son monde et tous ceux qu’il aime être anéantis. Refusant catégoriquement, Wade endosse de nouveau le costume de Deadpool et tente de convaincre Wolverine de l’aider à sauver son univers"…

J'ai essayé de trouver mieux, mais cela ne m'a pas davantage aidée : "Deadpool est retrouvé dans son univers par le Tribunal des Variations Anachroniques (TVA), une organisation dont la mission est de surveiller les différentes réalités du multivers et tenter de maintenir les interférences temporelles. L'agent M. Paradox lui propose l'opportunité de devenir un véritable héros parmi ceux du MCU. Dans son périple, il croise la route de l'indomptable mutant Wolverine"…

Avouez qu'on n'a pas l'impression qu'il s'agit de la même histoire. Partant de là, je n'ai à peu près rien compris de ce que j'a vu à l'écran mais j'ai ri pendant pratiquement deux heures. Même si je suis loin d'être une spécialiste des marveleries et avengers en tous genres, j'ai vu quelques "épisodes" et celui-ci est sans doute celui qui m'a le plus amusée.

Dès la scène d'ouverture, très longue et complètement délirante, vulgaire et sanglante au cours de laquelle Deadpool se trouve seul au prise avec toute une armée de furieux (dont il vient à bout) j'ai pensé que ce rythme et cette drôlerie (souvent axée vers l'anus il faut bien le reconnaître) ne pourraient pas  être maintenus longtemps. J'avais tort. Le rythme et surtout le comique ne faiblissent pas et je me suis amusée comme une fofolle. Je voulais juste ce jour là voir un film bourrin pour me vider le cerveau. J'ai été servie au-delà de mes espérances. Un défilé de super héros, que je ne connais pas tous, vient prêter main forte à nos deux compères qui auront droit à une scène dans une voiture absolument démentielle qui, c'est évident, mime l'acte sexuel entre les deux garçons.

Les sous-entendus pleuvent pour régler leur compte à Marvel et Disney et parfois Deadpool s'adresse aux spectateurs face caméra ou directement à Wolverine ressuscité contre son gré pour les besoins du scenario : "la Fox t'a viré, Disney t'a racheté et va t'exploiter jusqu'à tes 90 ans", trop drôle. Je ne peux citer tous les moments qui m'ont vraiment fait beaucoup rire. Mais parmi eux il y a Deadpool qui se penche pour admirer le torse (admirable) de Wolverine, c'est trop drôle. Les effets spéciaux sont sans doute les meilleurs que j'ai vus depuis longtemps. Notamment lorsque la vilaine utilise ses doigts pour faire de vilaines choses, le masque de Deadpool très expressif alors qu'il lui cache complètement le visage. Les répliques de Channing Tatum (alors que je ne connais pas son personnage) m'ont bien faire rire lorsqu'il menace : "Parle ou je balance les cartes"...

L'apparition de Captain America qui est en fait Johnny Storm, la torche humaine devenu très impoli, l'emphase de Blade, la mauvaise humeur permanente de Wolverine... tout est là pour vider la tête dans un grand moment de joie.

Et pour une fois la scène post générique est super chouette (elles sont souvent très décevantes). Rien à jeter.

............................

CITY OF DARKNESS de Soi Cheang ***

avec Louis Koo, Sammo Kam-Bo Hung, Raymond Lam

Synopsis : Dans les années 80, le seul endroit de Hong Kong où la Loi Britannique ne s’appliquait pas était la redoutable Citadelle de Kowloon, une enclave livrée aux gangs et trafics en tous genres. Fuyant le puissant boss des Triades Mr. Big, le migrant clandestin Chan Lok-kwun se réfugie à Kowloon où il est pris sous la protection de Cyclone, chef de la Citadelle. Avec les autres proscrits de son clan, ils devront faire face à l'invasion du gang de Mr. Big et protéger le refuge qu'est devenue pour eux la cité fortifiée.

L'histoire de cette citadelle qui a réellement existé (et je vous invite à lire son incroyable histoire en cliquant ici) et a été démolie en 1993 mériterait un film à elle seule. Mais le réalisateur a choisi de nous immerger dans le climat de terreur et de violence qu'elle abritait. La lumière pénétrait à peine dans ce lieu et les triades (syndicats du crime organisé) y ont exercé leur pouvoir alors que les habitants essayaient d'y vivre paisiblement. A se demander comment ils parvenaient à vivre dans cet endroit. Voici à quoi ressemblait cette aberration architecturale dans les années 1970

Le réalisateur reconstitue à merveille cette ville conçue progressivement comme un monolithe où les bâtiments s'enchevêtrent les uns dans les autres créant un labyrinthe de ruelles sombres où s'emmêlent toutes sortes de câbles et de tuyaux. On reconnaît parfaitement l'univers de son précédent film déjà très malaisant (Limbo) où les personnages se débattaient aussi aux portes du purgatoire. Une fois encore l'environnement, le décor est un personnage mais cette fois il a mis la couleur sur ses images et c'est à nouveau de toute beauté;

On assiste en apnée à une guerre des gangs d'une complexité sans nom où les rebondissements et les trahisons m'ont totalement perdue. Mais j'ai été littéralement hypnotisée par (la beauté des acteurs) la maîtrise des scènes de combats chorégraphiés d'une grande violence certes mais surtout d'une folle originalité. C'est violent, spectaculaire, hallucinant. Prétendre qu'il y a un fond politique dans l'entreprise me paraît aussi fumeux que trouver de l'humour dans le dernier Shyamalan mais il paraît que... Pour moi, ce film magnifique mais nébuleux est un pur film de baston (je pense qu'il ne s'écoule jamais deux minutes sans qu'il y ait un combat) où chaque personnage, même les plus âgés sont des maîtres du kung-fu et le héros se relève toujours miraculeusement de toutes ses différentes chutes et blessures.