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À SON IMAGE

de Thierry de Peretti **

A son image, Thierry de Peretti, cinéma, Clara Maria Laredo, Marc Antonu Mozziconacci, Louis Starace

avec Clara Maria Laredo, Marc Antonu Mozziconacci, Louis Starace

Au début des années 80 Antonia a 18 ans et tombe follement amoureuse de Pascal un gars à la mine renfrognée qu'elle trouve irrésistible.

Mais Pascal est un membre actif du FLNC et même si le mouvement semble (au début du film) plutôt consister en quelques affrontements avec la police et des fêtes alcoolisées au son de slogans anti-français scandés par les polyphonies corses (ces chants, comme toute la bande son du film, sont très beaux, musicalement parlant). Pour rassurer ses parents qui s'inquiètent, Antonia leur assure que son beau (hum, chacun ses goûts) chéri ne lui parle jamais de ses activités militantes et ne la mêle en aucun cas à ce qu'il fait. Mais Pascal est arrêté et Antonia devient la femme d'un prisonnier. Elle l'attend. Sa passion pour la photographie la mène à être recrutée en tant que photographe de presse pour Corse Matin. Une dizaine d'années plus tard, elle devient reporter de guerre pour "couvrir" le conflit en ex-Yougoslavie.

A travers le tragique parcours d'Antonia (on découvre son destin dès la première scène du film), le film évoque une vingtaine d'années de l'histoire de la Corse malmenée par les actions violentes qui la secouent régulièrement. Il s'agirait de la fresque d'une génération.

Je n'ai pas détesté ce film comme j'avais détesté le précédent film du même réalisateur évoquant la Corse, Une vie violente mais je n'en ai toujours pas compris l'intérêt. Faut-il être corse pour apprécier (et comprendre) cette histoire ? Sans doute pas puisque la presse est unanimement dithyrambique. Je ne sais où se situe exactement le hiatus. Dans le fait qu'il est difficile de s'identifier à qui que ce soit, de comprendre les motivations des uns et des autres, de trouver le moindre personnage sympathique ou attirant ? J'ai vraiment du mal à identifier la neutralité voire le peu de curiosité que j'éprouve face aux personnages et à ce qui leur arrive ici,

La réalisation peut être séduisante. Jamais de gros plans insistants, au contraire plutôt des plans larges fixes qui durent et devraient donner de la consistance. Mais s'il réussit certains d'entre eux (les scènes de famille, celle en ex-Yougoslavie autour d'une table), cela devient pénible avec celle (interminable et sans intérêt) où Antonia photographie son mec au téléphone de dos torse nu, ou celle qui commençait bien où six amis donnent leur point de vue sur un événement dramatique, cruel et avouons-le complètement crétin qui vient d'avoir lieu. Les personnages finissent par disparaître un à un du cadre. Ce qui est certes une façon de conclure une scène dont on ne sait plus que faire... L'événement crétin (mais là on atteint un haut niveau de crétinerie) est que les instances du FLNC ont ordonné d'abattre un des leurs qui n'était plus d'accord intégralement avec le parti. La justification est : légitime défense anticipée. Je n'ai pu m'empêcher de pouffer.

Je crois que ce qui coince avec les films de Thierry de Peretti qui (si j'ai bien compris) n'a jamais milité est qu'on ne comprend jamais les motivations de ce groupe armé jusqu'aux dents qui semble surtout consister à mettre des cagoules pour faire peur (et ne pas être reconnus...) (ils en mettent même sur des figurants pas vraiment voire pas du tout engagés dans... la lutte juste pour qu'il y ait du monde sur la photo) et brusquement tirer sur des gens ou plastiquer des maisons de français non insulaires qui ont l'audace de squatter l'île de beauté. Même lorsque des lycéens viennent demander des explications sur l'origine et les motivations du FLNC à leur prof d'histoire (c'eût été le moment idéal pour éclairer des béotiens de mon espèce), la scène s'étire... sans que rien n'en sorte. Le réalisateur se montre beaucoup plus convaincant lorsqu'il s'agit de se montrer critique vis-à-vis du mouvement (groupe ? parti ?). Et ce sont d'ailleurs de mon point de vue les meilleures scènes, et de loin, du film. Celles où interviennent le père d'Antonia ou son parrain le curé du village (très bien interprété par le réalisateur lui-même). Là et seulement là on touche à une interrogation et des arguments.

Une voix off solennelle, mélodramatique, l'interprétation approximative voire amateure, même de celle qui est au centre du film (très jolie mais inexpressive) finissent par faire à mes yeux de ce film un objet largement surestimé.

Commentaires

  • J'avoue que la BA ne m'a pas trop donné envie de le voir. Je n'ai rien contre la cors,e j'ai adoré Borgo, mais c'est un conflit, voire une guerre, larvée, assez peu "cinématographique" finalement, et je ne sais pas si je suis très intéressée au final.

  • Borgo avait un côté romanesque bien que tiré d'une histoire vraie et était passionnant.
    Je crois que les motivations et actions corses ne m'intéressent guère non plus. Et j'ai l'impression que les films de Peretti sont destinés aux corses qu'ils soient ou non activistes.

  • Ce film qui semble avoir ravi pas mal de monde ne t'a donc pas tapé dans l'oeil. Les photographes semblent pourtant avoir la côte au ciné en ce moment (le récent Civil War, un film avec Roshdy Zem dont j'ai oublié le titre...) mais pas chez toi.
    Donc, la photo c'est non, le sport pas plus, le champ des possibles se réduit drastiquement...

  • Tu dois parler de Vivants concernant Roschdy.
    Et erreur, j'adore la photo. J'ai toujours mon appareil pas loin (tombé en panne à Reims et je l'ai fait réparer pour la modique somme de ... biiiip !), je fais des milliers de photos et j'en regarde énormément. Cela me fascine au contraire, mais les films dont tu parles (sauf Vivants qui ne parlait pas vraiment de photos mais de reporters de guerre dans mon souvenir) et celui-ci ne me tapent effectivement pas dans l'oeil. Et ici la photo n'est qu'un prétexte. Certes le personnage principal a toujours son appareil autour du cou et prend la pose pour prendre des photos mais il est surtout question de comment trouver sa place dans cette corsitude quand on n'est pas activiste. Bientôt Lee Miller (photos certes mais surtout Kate Winslet)...
    Quant au sport, erreur d'interprétation encore (ou je m'exprime mal), j'en pratique même deux mais ce que je déteste c'est la compétition et les célébrations qui vont avec.
    Quant au champ de mes possibles, il me semble que la variété des films que je vois prouve mon insatiable curiosité.
    Un autre sport que je déteste : la justification. Mais là je crois que c'était utile cette mise au point. Non mais...

  • Tu vois, quand tu renvoies la balle, tu marques des points. ;-)
    Le sport sans enjeu m'ennuie profondément (genre course à pied le dimanche, longueurs à la piscine, ...).

  • Cela ne me viendrait pas à l'idée de courir ou de nager juste pour faire des longueurs sur terre ou dans l'eau.
    :-)

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